Mercredi 27 décembre 2017
La mafia appelle à un 5ème mandat pour Bouteflika
Le député FLN Baha Eddine Tliba a expliqué, mardi, dans un message qu’il a publié sur sa page «Facebook », pourquoi il a appelé le Chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à briguer un cinquième mandat. « Je pense que des segments très importants du peuple algérien voudraient, suite à ce long parcours de l’homme, le voir continuer à diriger en reconnaissance à ce qu’il fait pour éviter au pays des catastrophes ». Traduction : j’appelle le Chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à briguer un cinquième mandat comme le souhaitent des pans entiers de nouveaux riches qui ont prospéré dans l’import et le marché informel, dans cette Algérie qui favorise l’économie douteuse au détriment de la production nationale, celle-là qui prospère grâce à l’accumulation des capitaux non déclarés, la spéculation, l’absence de transparence, la corruption, à l’ombre de Bouteflika et qui, aujourd’hui, avec l’argent du négoce, sont devenus décideurs politiques, solidement installés dans les rouages du pouvoir, forts de cette soudaine capacité à promulguer des lois et à en bloquer d’autres. Le dinar, celui du trabendo surtout, sert à ça, acheter des voix qui en feront les édiles de la nation, le droit de siéger dans les plus hautes instances de l’État, dans les assemblées et probablement au sein même du Conseil des ministres. L’argent de l’informel sert à ça : corrompre et pervertir le choix populaire. Inutile pour le citoyen électeur de la désigner ses représentants au sein des instances de l’État. Les nouveaux riches le font à sa place. Pour eux, les élections ne sont qu’un souk où tout se monnaye, la place de député, de maire, de chef de parti ou de ministre. Les choses ont atteint un tel stade de gravité que même la Commission nationale de surveillance des élections locales (Cnisel) vient de reconnaître que les municipales du 29 novembre 2012 – tout comme les législatives de mai 2012 – ont été perverties par « l’argent sale » qui a « influencé lourdement sur le résultat du scrutin ». Mais qui s’en soucie ? Que Dieu prête longue vie à Bouteflika !
Le député connu pour avoir acheté sa place au FLN ainsi que son mandat de député, précise agir «par fidélité à la génération de Bouteflika, et ceux qui sont avec lui parmi les héros de la révolution», les Algériens « doivent le soutenir ». Et ce désir de voir Bouteflika rester au palais d’El Mouradia après 2019 est motivé par le fait que l’homme, qui a évité à l’Algérie beaucoup de catastrophes, dit-il, est capable de faire sortir le pays de la crise.
Traduction : » J’agis par reconnaissance à Bouteflika et ceux qui sont avec lui les fossoyeurs de l’Algérie, auteurs de catastrophes dont souffre l’Algérie, mais dont on s’en fout, l’essentiel est qu’il est capable de faire sortir les affairistes comme moi de l’anonymat et de les propulser dans le monde de la politique business. »
Le milliardaire Tliba Bahaeddine, surnommé « L’émir de Qatar d’Annaba » était, en effet, inconnu du monde politique. Aujourd’hui, il est l’un des hommes forts du FLN, vice-président du groupe parlementaire du parti au pouvoir. Parti du président Bouteflika.
«Je ne pense pas que mon appel à Son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika de continuer à diriger la nation et de renforcer l’état de droit est juste un désir personnel du à l’affection particulière que je porte envers cet homme, qui a préféré continuer d’assumer la responsabilité, mais ce sont de sincères appels émanant de pans entiers de la société, de l’intérieur et de l’extérieur, qui voit en Bouteflika la seule option capable de les sortir de la crise», a-t-il déclaré. Traduction :«Je ne pense pas que mon appel à Son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika de continuer à diriger la nation et de renforcer l’état privatisé soit juste un désir personnel dû à l’affection particulière que je porte envers cet homme qui a affaibli l’Etat et nus a permis de le noyauter, mais ce sont de sincères appels émanant de pans entiers de la pègre affairiste qui travaille à ce que rien ne change en Algérie. Surtout pas ce régime qui leur a aménagé des portes cochères pour grignoter leur part de l’excédent financier en multipliant par cinq le volume des importations, qui pompe outrageusement les hydrocarbures.
Le sieur Tliba a ajouté : « Je suis sûr que la majorité écrasante de notre nation, surtout les jeunes, me rejoint dans cette position, eux qui ont retrouvé avec Bouteflika leur fierté et leur dignité», a-t-il encore déclaré, avant de lancer : «Ceux-là, et d’autres catégories de la nation, veulent un cinquième mandat de Bouteflika».
On ignore si, par « les jeunes qui ont retrouvé avec Bouteflika leur fierté et leur dignité », le milliardaire Tliba désigne les milliers de jeunes qui quittent chaque semaine le pays sur un bateau clandestin et dont le nombre aurait été multiplié par 13 sous le règne de Bouteflika, où s’il parle de ces milliers de jeunes Algériens qu’on a vu, il y a quelques semaines, faire la queue devant le centre culturel français pour passer un test de connaissance du français qui leur ouvrirait les portes de l’Europe.
Lors du précédent scrutin présidentiel, Tliba Bahaeddine s’était distingué en fin novembre 2012 en s’offrant une page publicitaire en couleur dans El-Khabar et dans laquelle il exhortait le président Abdelaziz Bouteflika à se présenter pour un quatrième mandat.
Il le fait aujourd’hui dans une page Facebook. C’est plus moderne. Mais le message reste le même : faire savoir que les honorables membres de la pègre affairiste ne resteraient pas passifs devant une mise à l’écart du président Bouteflika. Ils ont, entre autres, empêché l’adoption de l’impôt sur la fortune, décriminalisé la corruption, et stérilisé jusqu’aux lois de la République qui venaient d’être votées, comme l’obligation de régler par chèque toute transaction d’un montant supérieur à 50 000 dinars ou la loi de finances complémentaires (LFC) destinée à réduire les importations.
Ils dressent déjà les troupes qui aiguisent les couteaux pour la bataille. Ce n’est pas une image, je parle de vrais couteaux. Tliba Bahaeddine dispose d’hommes de main mafieux et de troupes de voyous prêts à punir les adversaires politiques. Selon une source proche du FLN, c’est ce « député » qui a fourni, lors de la réunion du CC le 15 juin 2012, les baltaguias, ces voyous qui ont empêché un bon déroulement de la réunion et permis le maintien de Belkhadem. Au besoin, Tliba Bahaeddine et ses amis savent manier le couteau. Le mouhafadh FLN de Annaba, Mohamed Salah Zitouni, adversaire de Belkhadem et un des chefs de file des redresseurs, et qui s’est retrouvé à l’hôpital pour traumatisme et blessures au visage après une agression à Hydra, en sait quelque chose. Zitouni accuse Tliba Bahaeddine d’être le commanditaire de cet acte de violence qu’il a fait commettre par des voyous d’Annaba.
Tous ces honorables affairistes ressemblent à ces oligarques russes soudainement enrichis dans l’après-Gorbatchev et qu’on a vus saisis de panique à l’idée de perdre leurs positions et, surtout, d’avoir à rendre des comptes, ils chercheraient à maintenir coûte que coûte Boris Eltsine au pouvoir. La peur d’avoir à rendre des comptes ! Voilà ce qui unit Chekib Khelil à Tliba et Amar Ghoul aux dirigeants de la Saipem !