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La mort de l’ex-président Morsi, un « assassinat arbitraire », selon l’ONU

EGYPTE

La mort de l’ex-président Morsi, un « assassinat arbitraire », selon l’ONU

Les experts estiment que les 6 années passées en prison dans des conditions lamentables ont dégradé la santé de l’ancien président, jusqu’à sa mort.

L’ancien président égyptien Mohamed Morsi, premier civil élu démocratiquement, s’était écroulé durant son procès au Caire en juin dernier. Des experts indépendants de l’ONU ont estimé dans un rapport vendredi que sa mort pouvait s’apparenter à un « assassinat arbitraire sanctionné par l’État ». « Morsi était détenu dans des conditions qui ne peuvent être décrites que comme étant brutales, notamment pendant sa détention durant cinq ans dans le centre pénitentiaire de Tora », ont écrit les experts dans un communiqué. Sa mort « après avoir subi ces conditions pourrait s’apparenter à un assassinat arbitraire sanctionné par l’État », a estimé l’équipe des experts, dirigée par la rapporteuse spéciale Agnès Callamard et le groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires.

Il était emprisonné depuis sa destitution en juillet 2013 par Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée à l’époque et actuellement président d’Égypte. L’ancien président, issu de la confrérie des Frères musulmans, a passé près de six ans en prison à l’isolement et été privé de soins « pour son diabète et son hypertension », selon les experts. Pourtant, ont-ils souligné, « les autorités étaient prévenues d’une manière répétée » de la détérioration de son état de santé, une dégradation qui a fini par « le tuer ». « Il n’y a pas de preuves qu’ils (les autorités) aient agi pour répondre à ces préoccupations, même si les conséquences étaient prévisibles », selon leur communiqué.

Des conditions de détention préoccupantes

Après avoir accédé au pouvoir en 2014, le gouvernement du président Sissi a mené une répression de grande ampleur, faisant emprisonner des milliers d’islamistes, de militants laïcs. L’équipe d’experts a mis en garde contre les risques encourus par des milliers de détenus en raison de la négligence des autorités dans le domaine médical. Citant des rapports documentés, les experts ont dénoncé la surpopulation carcérale, la mauvaise nourriture, une aération insuffisante, l’absence d’accès à la lumière naturelle, le refus de visites familiales et de donner accès à des soins médicaux.

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Qualifiant le décès de Morsi d’« illégal », ils ont recommandé la publication d’une enquête impartiale sur tous les prisonniers morts dans des prisons en Égypte depuis 2012. Amr Darrag, ancien ministre de la Coopération internationale sous Morsi et responsable des Frères musulmans, a salué les conclusions des experts. « Cette enquête est un pas significatif pour que de tels régimes soient rendus responsables de leurs actes », a-t-il estimé. Morsi avait été jugé dans plusieurs affaires, dont un dossier d’espionnage au profit de l’Iran, du Qatar et de groupes comme le Hamas à Gaza. Il avait été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires.

 

Auteur
AFP

 




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