Vendredi 25 janvier 2019
La présidentielle : est-ce que le peuple mérite de voir cette clownerie ?
La date des élections présidentielles en Algérie a donné lieu à la présentation d’un vrai spectacle de clownerie de cirque Amar présenté à ciel ouvert par les chaînes de télévision.
« Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps. »Abraham Lincoln
Commençons par énoncer les lois constitutionnelles d’éligibilité de Président de la République Algérienne.
Art. 86. — Le Président de la République exerce la magistrature suprême dans les limites fixées par la Constitution.
Art. 8732. — Pour être éligible à la Présidence de la République, le candidat doit :
– ne pas avoir acquis une nationalité étrangère ;
– jouir uniquement de la nationalité algérienne d’origine et attester de la nationalité algérienne d’origine du père et de la mère ;
– être de confession musulmane ;
– avoir quarante (40) ans révolus au jour de l’élection ;
– jouir de la plénitude de ses droits civils et politiques ;
– attester de la nationalité algérienne d’origine unique du conjoint ;
– justifier d’une résidence permanente exclusive en Algérie durant un minimum de dix (10) années précédant le dépôt de la candidature ;
– justifier de la participation à la Révolution du 1er novembre 1954 pour les candidats nés avant juillet 1942 ;
– justifier de la non implication des parents du candidat né après juillet 1942, dans des actes hostiles à la Révolution du 1er novembre 1954 ;
– produire la déclaration publique du patrimoine mobilier et immobilier, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Algérie. D’autres conditions sont prescrites par la loi organique.
Art. 88.33 — La durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans.
À la lecture de ces articles, 70 % d’Algériens ne peuvent accéder à ce poste car l’une des conditions nécessaires est d’avoir plus de 40 ans donc tous ceux qui ont moins de cet âge ne peuvent prétendre à devenir président de la République Algérienne (article discriminatoire pour les plus de 18 ans). (combien d’Algériens a plus de 40 ans ?), ajouter à cela ceux qui n’ont pas la nationalité d’origine, ceux qui ont des conjoints étrangers, ceux qui ont un des parents étrangers et ceux qui ont plusieurs nationalités. Et sans risque de se tromper, seule une petite minorité de citoyens peut satisfaire à ces conditions d’éligibilité au poste de président de la République.
Cela n’explique pas cet engouement de personnes inconnues la plupart du temps, venu de nulle-part, sans aucun passé politique ou syndicale ou intellectuel, inconnues même sur la scène nationale et souvent comique à la prétention de devenir président de la République Algérienne. C’est un véritable carnaval auquel on assiste en Algérie, pour la première. Notre pays continue à être la risée du monde devant cet engouement. Notre pays, terre d’un million et demi de martyrs, l’Algérie ne mérite pas cela. Des questions se posent :
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Qui sont ceux qui veulent insulter la mémoire de nos martyrs ?
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Qui sont ceux qui veulent rabaisser le niveau politique du pays ?
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Qui sont ceux qui veulent ridiculiser et banaliser notre plus haute magistrature ?
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Qui sont les Algériens qui sont derrière cette mascarade ?
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Qui sont ceux qui ont poussé le citoyen lambda au nom des critères de notre nation qui sont : république Algérienne Démocratique et Populaire à se présenter.
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Veut-on nous montrer que des élections libres et démocrates en Algérie sont incontrôlables et donnent ces profils de prétendants à la présidence ?
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Veut-on à travers ce folklore de prétendants à la présidence toucher au niveau de crédibilité de l’élection présidentielle ?
Ce cinéma est le pire scénario auquel les Algériens pouvaient s’attendre
Personne ne pourra croire que ces pitres prétendants à la présidence l’ont fait de leur propre gré.
Le rêve de devenir président est permis, mais oser se présenter sans programme, ni personnalité militante ni bagage politique et inconnu sur la scène nationale n’est pas un signe de démocratie pour le pays, mais plutôt d’insulte à celle-ci. On ne peut pas du jour au lendemain devenir président de la République. Il faut réunir quelques conditions indispensables dans le but de devenir le futur président de la République et de disposer d’un solide bagage intellectuel et d’un diplôme afin de se présenter aux élections présidentielles. Plusieurs études permettent d’accéder à la fonction suprême de chef de l’État.
Regardons le parcours de certains présidents français que tout le monde :
Le parcours de François Hollande
Son parcours ne le prédestinait pas à devenir le septième président de la République. Il est passé par les écoles les plus prestigieuses, bien avant d’obtenir le poste de premier secrétaire du Parti socialiste. En effet, il a obtenu son diplôme à l’école des Hautes Études Commerciales (HEC) Paris et à l’Institut d’Études Politiques de Paris. François Hollande est devenu le premier président issu d’une école de commerce. Ses aptitudes au management et à la finance lui ont permis de rejoindre la plus haute fonction de l’État. Rares sont les énarques à avoir suivi des études à HEC.
Le parcours de Valéry Giscard d’Estaing
Les études supérieures de Valéry Giscard d’Estaing débutent par son entrée dans une classe préparatoire au Lycée Louis-Le-Grand. Il participe à la Libération de Paris et préfère effectuer des études à Polytechnique avant d’intégrer un nouvel établissement appelé École Nationale d’Administration (ENA), sans passer de concours. Sorti sixième de l’ENA, promotion Europe, il entre à l’Inspection Générale des Finances et poursuit pendant un temps une carrière administrative.
Le parcours de Charles de Gaulle
Charles de Gaulle est le premier président de la Ve République a commencer ses études en se dirigeant vers une carrière militaire. Il rejoint l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, prestigieuse école qui forme l’élite des officiers de l’Armée de Terre. Charles de Gaulle opte pour l’infanterie et fait partie de la promotion Fez. Ses premières expériences militaires le conduisent à devenir un élève officier du 33e régiment d’infanterie d’Arras sous les ordres du colonel Pétain. Il abandonne progressivement les armes en s’intéressant aux affaires de l’État et aux liens qui unissent l’armée et la politique. Il est ensuite affecté au secrétariat général de la Défense Nationale.
Le parcours de Nicolas Sarkozy
L’ancien chef du gouvernement Nicolas Sarkozy a obtenu une maîtrise de droit privé à l’Université Paris X Nanterre. Titulaire de ce diplôme, il décroche son certificat d’aptitude à la profession d’avocat puis un diplôme d’études approfondies (DEA) dans son domaine de prédilection : les sciences politiques. Il décide de passer le CAPA (certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat). Son penchant pour la politique va couper court à sa carrière d’avocat qu’il exercera pendant une courte période. Nombreux sont ceux à s’être intéressés au domaine juridique et qui sont ensuite devenus président de la République.
J’ai pris comme exemple, certains présidents français, car c’est l’histoire nous a montré qu’on s’est toujours référé sur ce pays sauf en ce qui concerne le point le plus important celui de président de la République.
Aujourd’hui, il n’existe pas de prétendant à la présidence, moudjahid et diplômé ayant moins de 80 ans. (car avoir 20 ans en 1954, c’est être âgé en 2019 de 85 ans). Donc comme on peut le constater, en France pour accéder à la Présidence, il faut avoir un bagage intellectuel et d’un vrai diplôme.
Alors que dire chez nous, plus de 99 % des prétendants à la présidence en Algérie n’ont aucun bagage intellectuel, ni de grands diplômes de grandes universités ou de grandes écoles, ni de programme sur la base, ils peuvent être élus.
Aujourd’hui en 2019, 57 ans après notre indépendance n’a-t-on pas droit enfin à un Président issu d’une grande école internationale, militant, politicien né après 62, n’ayant pas mangé dans la grande soupe, capable de faire la rupture, présentant un vrai programme algérien sur l’économie, l’agriculture, les finances, la santé, l’éducation et la défense, n’ayant jamais fait un jour partie du système ni enfant de celui-ci, pouvant nous faire rêver générations avenir et faisant revenir les enfants de l’Algérie qui ont quitter leur pays.
Cet engouement de n’importe qui vers la présidence est un autre moyen de pousser les quelques nationalistes qui restent dans le pays, à le quitter, car le changement n’aura pas lieu. Tous les optimistes de l’élection de 2019 pour une Algérie nouvelle, ouverte, riche, démocratique, contre le régionalisme, de rupture avec les méthodes du passé sans l’oublier, forte économiquement et politiquement commence à en douter fortement.
Nous avons besoin d’un président capable de rassembler tout le monde idéologiquement ou régionalement. Nous n’avons pas besoin d’un Arabe contre l’Amazigh ou d’un Amazigh contre l’Arabe, nous avons besoin d’un président au service du peuple avec toutes ses couleurs régionales, religieuses, linguistiques, jeunes capables de faire rêver toutes les générations capable de faire la rupture avec la légitimité historique, car celui qui est né en 1962 a 57 ans aujourd’hui.
C’est cette légitimité historique, portée par les plus de 70 ans et utilisé par certains qui a barré la route à des centaines de milliers de compétents Algériens plus nationalistes que ceux qui prétendent être plus légitimes, de quitter leur pays et qui n’ont jamais changé leur nationalité. Alors messieurs, allez prenez tout l’argent que vous voulez, toutes les richesses, mais laissez-nous l’Algérie pour qu’on puisse la bâtir sur de vraies bases, mais non sur des mensonges, laissez-nous choisir, un président digne de plus de 42 millions d’habitants ou plus de 80 % sont né après 62.
Une minorité ne peut diriger une majorité, ne nous trainer pas dans la marre avec cette élection présidentielle, laissez-nous rêver et ne nous décevez pas encore une fois. La mer a avalé beaucoup de nos jeunes compatriotes et vous en êtes responsables. Ayez pitié de ces mères qui pleurent leurs enfants morts en mer, de ces jeunes algériens sans toi, ni soins, ni éducation.
L’histoire ne pardonne pas et notre destinée est tracée alors si vous ne pensez pas à nous, pensez à vos enfants, car tout l’or du monde que vous laisserez ne remplacera pas les écrits ou les racontars qu’ils liront ou entendront. Arrêter de banaliser et de ridiculiser le pays, à travers des personnages prétendants à la présidence sans aucun profil.
C’est un vrai spectacle de cirque Amar auquel ont eu droit les Algériens
Dès l’annonce, c’est une ruée de prétendants de tout profil. Chômeur, fonctionnaire, cadre, commerçant, ingénieur, président de partis sans adhérents, entrepreneur… Soit au total, plus de 60 prétendants à la candidature de président de la République se sont déclarés. Nous avons eu droit à un vrai spectacle de clowns avec tous mes respects à ces artistes est présenté aux Algériens, qui ne croyaient pas à leurs yeux
Comment peut-on tomber aussi bas ?
Est-ce que le peuple mérite de voir une telle clownerie ?
Conçue comme un rêve pour certains, une aspiration pour d’autres, la présidence de la République constitue la plus grande instance de pouvoir dans un Etat de droit. Mais, aujourd’hui, nous sommes en train d’assister une sinistre farce télévisée rassemblant des centaines prétendants qui n’ont :
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Aucun projet de nouveau modèle de société ou de gestion rigoureuse et pragmatique.
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Aucune qualification de base telle que : la maîtrise de tous les grands sujets politiques et économiques (la culture) ainsi qu’une expérience de l’exercice du pouvoir.
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Aucune expérience face à une situation grave et imprévue (troubles sociaux, terrorisme de masse), un dirigeant doit être capable de faire face.
Ces critères de choix ne sont certainement pas suffisants, mais ils permettent de faire un tri efficace.
La saison des prétentions de candidatures à l’élection présidentielle est ouverte. Pour l’instant, on n’a pas réussi à voir surgir les vraies raisons d’être de ces prétendues candidatures, sinon des ambitions personnelles, ou un soi-disant dévouement à la cause nationale. Mais ces personnes ne savent même pas que choisir un candidat, c’est choisir un programme et un profil psychologique.
Un président de la République incarne la nation, doit sans cesse penser à la trace de son action dans l’histoire de l’Algérie, passée et future, doit avoir un caractère solide, une grande capacité de travail, s’habiller de façon élégante, s’exprimer dans une langue nationale officielle sans faute, parler au moins parfaitement plusieurs langues étrangères, avoir une capacité à ne pas mentir à lui-même, à garder un secret, à travailler en équipes, mais à décider seul, sans le faire en fonction de ses intérêts propres ou de rancunes personnelles, doit être capable de ne pas se mêler des détails, s’en tenir à de grandes directives, et seulement corriger les ministres quand ils s’écartent de la ligne qu’il a tracée pour le pays, doit avoir aussi une grande connaissance des sujets les plus essentiels pour l’incarnation de la nation: les problèmes militaires, financiers, éducatifs, et sociaux, devra être capable de créer un consensus avec l’opposition sur les grands sujets de défense et de finances publiques, doit avoir une grille de lecture des événements qui nous attendent, et en particulier des conséquences de la crise financière, qui ne peut manquer de revenir, et qui exigera des décisions nécessairement impopulaires.
Un président, aujourd’hui qui ne saurait répondre lui-même à ses e-mails, envoyer un tweet ou naviguer sur Google serait aujourd’hui incapable de comprendre le monde. Pour avoir ses qualités, un candidat à la présidence de la République ne doit donc pas nécessairement avoir été ministre. Au contraire, même, cela pourrait fausser ses réactions, en le ramenant à des considérations de détail. Il doit être jeune pour être supporté par toutes les générations, pour suivre tous les développements technologiques et être à jour.
Alors peut-on donner les rênes d’une nation à n’importe qui ?
Nous avons l’impression que cette caricature de prétention de candidature à l’élection présidentielle n’est pas innocente, mais ne devrait pas nous surprendre, il suffit de voir le niveau des députés qui siègent dans nos assemblées populaires au niveau des communes ou des wilayas ou même dans l’APN ou au Sénat. Ce spectacle de cirque nous interpelle sur les droits de démocratie et de liberté des élections. L’espoir de jours meilleurs en Algérie, est-il fini en Algérie. La joie vécue par l’annonce de la date de l’élection présidentielle s’est transformée en tristesse. « Pauvre Algérie ». L’élection présidentielle est une occasion pour le peuple, car c’est le seul moyen de changement. Beaucoup, penser que le flambeau allé être remis par les moujahidines à la nouvelle génération, mais le scénario auquel nous avons assisté, est décevant.
Par respect au peuple, les chaînes de télévision pouvaient se passer de présenter ces personnes, au moins jusqu’au jour où ils auront réuni les 60 000 signatures.
Cette clownerie poussera encore plus le peuple à se désintéresser de cette élection et le retour de confiance du citoyen au politique est reporté aux calendres grecques. Le prix de cette clownerie coûtera cher car nous aurons surement plus de 100 prétendants qui utiliseront chacun au minimum 60 000 formulaire à raison de 5 DA l’un c’est-à-dire par une simple opération arithmétique cela représentera 60 000 x 100 x 5=30 000 000 DA au minimum avant le début des élections et d’ici le 03 mars 2019, ce chiffre est appelé à augmenter. Combien de prétendants à la présidence seront-ils d’ici le 03 mars 2019 ? 100, 200, 300, 1000… Telle sera la question, mais rien ne doit plus nous surprendre, car nous n’avons plus aucun repère aussi bien politique, social ou de citoyenneté. C’est l’anarchie à tous les niveaux en l’absence de tout principe.
Le poste de président de la république obéit partout dans le monde à certains critères qu’on ne peut ignorer.
« L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes- sont les véritables fondations de notre vie spirituelle. » Nelson Mandela
B. H.