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La réalité algérienne à travers le prisme de l’histoire

COMMENTAIRE

La réalité algérienne à travers le prisme de l’histoire

L’on sait que, traditionnellement, l’Algérie est un pays gouverné par les militaires. De l’antiquité jusqu’à pratiquement avril 2019 (date du départ forcé de Abdelaziz Bouteflika), il n’y a eu que Ferhat Abbas (1899-1985) et Benyoucef Benkhedda (1920-2003) qui étaient des civils à la tête de l’Etat algérien. Même Mohamed Boudiaf, l’éphémère chef du haut comité d’Etat en 1992, était un militaire (de formation), au même titre que Ahmed Ben Bella (1916-2010), le premier président de l’Algérie indépendante, porté à la tête de l’O.S (l’organisation spéciale), au lendemain de la crise dite berbériste de 1949. (1)

En rétrospective, l’on trouve que Massinissa (238-148 av.J.-C), par exemple, n’était qu’un « Aguellid », soit un roi militaire des « Massaesyles », lequel, grâce à ses alliances avec Rome, imposa une certaine suprématie sur le Maghreb central (l’Algérie actuelle). (2) Ce jeu d’alliances avec la puissance tutélaire (Rome) lui permit, de vaincre son frère-ennemi Syfax et ses alliés, les Carthaginois. Néanmoins, bien qu’ayant frappé monnaie, le roi numide n’utilisa jamais le Berbère comme langue officielle ni comme une langue diplomatique (le Punique, soit la langue du roi carthaginois, Hannibal Barca fut d’usage dans le protocole officiel).

Puis, Massinissa n’a jamais réussi, malgré ses tentatives répétées, à réunir sous la même bannière les différentes grandes tribus berbères de l’époque (Numides, Maures, Gétules, Garamantes). « Dans plusieurs contrées de son vaste empire, écrit l’historien Frédéric Lacroix, Massinissa s’attache à fixer les habitants au sol, à leur faire abandonner les habitudes de la vie errante, en leur enseignant à tirer parti de la fertilité de leur territoire et de se livrer à l’agriculture.

Mais pour lui, il ne changea rien aux coutumes de ses ancêtres, ni aux coutumes de l’éducation rude et forte qui avait été celle de son père. Micipsa et ses héritiers continueront le travail de leur aïeul. » (3) Terre nourricière par excellence, l’Afrique (comprendre par là la Numidie) joua, donc, le rôle d’appui économique majeur en Méditerranée pour les Romains. C’est pourquoi, Massinissa en profita pour raffermir son trône et maintenir les Romains en état de dépendance économique vis-à-vis de la Numidie.

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Fin stratège, il savait déjà que la carte économique est un véritable atout pour la puissance des Etats. Il établit sur ce principe-là de fortes relations commerciales avec Athènes, Rome, l’Espagne, Carthage. En même temps, pendant leurs guerres, les Romains eurent recours aux Numides qui les aidèrent avec des quantités considérables de froment et d’orge. Ils les aidèrent aussi pendant les quatre années que dure la guerre contre Persée (212-160 av. J.-C) , roi de Macédoine.

L’Aguellid Micipsa en fit de même pour alimenter les troupes du tribun Caius Gracchus en Sardaigne en 119 av. J.-C. Du temps de Cicéron, l’Afrique était déjà le grenier à blé de Rome. La fertilité du sol est attestée par l’historien romain Tite-Live. Arrivé en Afrique sans vivres, lors de sa conquête vers 40 av. J.-C, César mit à contribution les silos locaux.

Scipion l’Africain (236-183 av.J.-C) adopta la même méthode, longtemps avant la deuxième guerre punique (218-202 av.J.-C). Selon l’historien Strabon, l’Afrique fournit environ 3.2 millions d’hectolitres de blé par an. C’est dire combien le long règne de Massinissa qui eut le réflexe d’appeler sa capitale Cirta (tassirth) ( grand moulin à céréales), et de dire un jour que « l’Afrique n’appartient qu’aux Africains », principe à l’origine du principe du nationalisme moderne, ne fut qu’une petite parenthèse du génie dans l’histoire millénaire de l’Algérie.

Il est vrai que, si cette double tradition militaire et commerciale fut une réussite, il n’en reste pas moins « perturbante », voire destructrice au fil des siècles. En effet, le penseur Mohamed Lakhdar Maougal aurait parlé dans un ouvrage collectif « les élites algériennes, histoire et conscience de caste » des inconvénients de cette bipolarité militaro-commerciale de l’élite numide des époques anciennes.

Les Carthaginois, connus pour leur culture maritime et les Romains acquis aux vertus des armes ont façonné, par des voies intermédiaires, le profil de la Numidie, et partant de l’Algérie actuelle. En conséquence, personne ne peut nier que l’absence de la vie politique en tant qu’activité revalorisante en Algérie de nos jours a été plus ou moins causée par la mainmise des élites, à la fois militarisées et reliées au business florissant de « l’import-import » (la stratégie de l’économie du Compradore).

Ce fut pratiquement le même schéma depuis le temps du roi Massinissa, soutenu par les Romains ( le système des Généreux bureaucrates et militaires) contre son voisin et concurrent « Syphax », appuyé par la ploutocratie (commerciale et négociante) des Carthaginois.

D’où le constat que le divorce consommé entre les élites « orientalophiles-arabophones pour la plupart » (adeptes de la culture punique à l’époque) et les élites « occidentalisées-francophones en majorité » (partisanes de la bureaucratie romaine à l’époque), date de cette période-là. D’ailleurs, lors de l’arrêt du processus électoral en janvier 1992, que l’ex-président déchu « Bouteflika » lui-même, aurait qualifié de « première violence », l’apparition de deux tendances conflictuelles, d’un côté, « les éradicateurs » ( francophones, légalistes et proches de la grande muette) et de l’autre, « les réconciliateurs » ( en gros arabophones, en quête de compromis politique, plus attachés à l’idéal pana-islamique et ayant pris leurs distances d’avec l’institution militaire) est le parfait « décalque » de cet électrochoc (Orient/Occident, Carthage/ Rome, Négoce/Bureaucratie, paix/force).

Cette dichotomie est d’autant plus problématique qu’en termes historico-anthropologiques, ce qui forme la nation (la volonté du vivre-ensemble) n’a jamais suscité autant d’enthousiasme chez les Berbères, du moins en apparence, avant le règne de Massinissa. Facteur aggravant, le jeu d’alliances de ce dernier avec les Romains s’était, ironie du sort, retourné contre ses héritiers au trône, dont son petit-fils Jugurtha (160- 104 av. J.-C.). Celui-ci fut, pour rappel, trahi, emprisonné à Rome, enchaîné et humilié par les Romains, soit les alliés de son ascendant. Par ailleurs, l’invasion romaine a fait en sorte que les Berbères des villes, des plaines et des vallées voisines des centres de colonisation furent rapidement absorbés par les conquérants. Repoussés vers les montagnes, ils ne furent jamais atteints par l’influence romaine. Ce qui justifie, peut-être, la sauvegarde de la langue et de la culture amazighe, malgré les sept siècles de domination romaine et les occupations successives de l’Algérie, entre Vandales, Byzantins, Arabes, Espagnoles et Français.

Cela dit, en Numidie (l’Algérie actuelle), exceptée la période du règne de Massinissa où l’alliance numide-romaine était scellée contre l’ennemi carthaginois soutenu par Syphax, et, bien plus tard, au cours du XV e siècle où les Ottomans Aroudj (1474-1518) et Kheireddine Barberousse (1478-1546) étaient appelés à rescousse par les notables algérois contre l’envahisseur espagnol aux portes de la Régence, toutes les rencontres avec les ennemis extérieurs avaient eu lieu dans le sang.

Notons, aussi, à cet égard, que les Berbères étaient frappés d’une sorte de mauvais atavisme séculaire (l’absence d’unité fraternelle contre les envahisseurs). Ce qui explique probablement, en partie, nos tourments actuels en Algérie. « Ma thoufidh amazigh itserou, ghas inas dha gmas ithiouthen ! » (si tu trouves un Amazigh en train de pleurer, tu peux être sûr que c’est son frère qui l’a frappé), ce dicton attribué à Jugurtha, forme avec celui de « aki b’khous rebbi ! » (Que Dieu te maudisse !), lequel rappelle la fameuse trahison du roi de la Maurétanie Bocchus qui vécut vers 100 av. J.-C , l’un des plus grands dictons « berbères » ayant traversé des siècles, pour la postérité. Et ce fut suite à cet exploit romain, par traitrise, contre Jugurtha, que l’empereur César élargit ses possessions vers l’ouest de la Numidie et Bocchus reçut pour services rendus une nouvelle partie de la Numidie, jusqu’à l’est d’Alger. Cette désunion des frères n’était pas circonscrite aux premiers aguellids.

On peut aussi parler du roi berbère Ptolémé assassiné par l’empereur Caligula, son parent. Aussi du roi Firmus et ses circoncellions qui, quelques siècles plus tard, s’allia aux Donatisme (le nom d’une doctrine d’Eglise catholique créée dans l’Afrique romaine en IV e siècle suite au schisme de Saint Donat), dans une tentative désespérée de récupérer le mouvement et faire front contre les Romains.

Mais trahi par son propre frère Gildon, et un autre chef berbère du nom de Igmazen dans sa bataille contre le général romain Théodose, il se suicida. Même s’il était l’un des personnages les plus influents du pays des Quinquégentiens (le territoire kabyle regroupant une grande confédération de tribus)(4), Firmus n’échappa jamais au « syndrome de la trahison des frères ». Même sort pour Gildon qui, trahi à son tour par son autre frère Mascizel, fut battu par le général romain Honorius en 395.

Cela nous autorise à dire, que depuis la mort de Massinissa en 148 av.-JC, la Numidie (l’Algérie actuelle) n’était, à vrai dire, qu’une grande étendue géographique, sans structure étatique fiable. Même l’émir Abdelkader (1808-1883), considéré par « la vulgate officielle » comme le fondateur de l’Etat algérien, n’a pu unifier que sa « smala » (sorte de campement militaire itinérant) dans l’Oranie, et n’a jamais foulé le territoire de l’Est du pays ni celui des Aurès ou du Sud. Fortement tribalisée, l’Algérie comptait en 1850, environ 516 grandes tribus sur un ensemble de population ne dépassant pas les 3 millions d’habitants. (5)

Ce qui poussa le leader Ferhat Abbas à déduire dans son ouvrage « Autopsie d’une guerre, 1980 », qu’historiquement l’Algérie a été constamment gouvernée par les étrangers, parce que le peuple a une tendance profonde à rester au stade de la tribu. Ce vide « étatique » s’est doublé d’un vide culturel, linguistique, civilisationnel, social jusqu’à pratiquement le 5 juillet 1962, la date du recouvrement d’une semi-souveraineté politique sur « cette étendue géographique sans structure étatique fiable » (ce mot étant répété deux fois pour bien appuyer l’argumentation).

Mais le travestissement de l’histoire a fait en sorte (encore une fois) que cette logique de « substitution identitaire, étatique, culturelle, linguistique » (l’arabo-baâthisme contre l’Amazighité) aurait joué malheureusement contre les Algériens, les dépossédant de leur algérianité propre, en faveur d’alliances contre-nature avec l’Orient et l’Occident. Le message du héros révolutionnaire Abane Ramdane (1920-1957) pour la conquête d’une Algérianté authentique, laquelle ne serait inféodée ni à Moscou, ni au Caire, ni à Londres ni à Paris, n’est-il pas, à ce titre, d’actualité, voire le seul antidote à nos malheurs séculaires en Algérie ? En termes plus clairs, « l’Etat algérien souverain » avant cette date (1962), est presque un mythe ! Car, même lorsque De Bourmont fut dépêché par Charles X à Alger en 1830, il n’a trouvé en face de lui que les Turcs, lesquels n’étaient au même titre des Français, que des colonisateurs.

Les trois siècles de domination ottomane (1516-1830), furent une colonisation aussi, comme celle des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Espagnols, des Français. (6) Le régime d’Odjak et l’armée des janissaires étaient des étrangers à la société « algérienne ». Donc, il y a eu, à mon sens, en 1830, un transfert-passation de pouvoirs entre deux puissances colonisatrices (l’Empire ottoman et la France) sur le dos d’un Etat qui n’a jamais existé, ou qui a, si l’on ose dire, très timidement existé !

Cette tare qui s’est reproduite et se reproduit encore, comme par malédiction, jusque même les ères modernes, ne peut voiler le fait qu’historiquement, les Berbères comme peuple divers, libre et tolérant, présentent des caractéristiques et des croyances formidables dénotant d’une pensée mystique, mais le plus souvent excessive. Ils sont connus, par exemple, pour leur tendance à la spiritualité. Cela dit, la primauté chez eux est à la vie spirituelle, au détriment de la vie matérielle.

Ils sont, somme toute, des « Hommes Libres » comme on dit, en quête éternelle d’idéaux (la liberté, l’amour, l’hospitalité, la fraternité, etc). Ce qui explique, d’une certaine façon, que chaque fois qu’ils se donnent à une religion, qu’elle soit le judaïsme, le christianisme ou enfin l’islam, ils le font avec excès et sans retour en arrière. Un simple exemple : le Donatisme n’a pu avoir une grande expansion en Numidie que parce que, les Berbères traditionnellement spirituels, furent des rebelles, toujours à l’avant-garde des luttes sociales, engagés dans les circoncellions (bataillons rebelles), et opposés à l’autre Eglise officielle chapeautée par un autre berbère, l’évêque Saint Augustin.

Il semble que le christianisme fut perçu, au départ, par les Berbères comme une revendication de justice sociale (ce qui était compatible avec leur idéal de liberté), et non pas comme un dogme religieux proprement dit. Et voilà que le grand évêque de Rome se rangea du côté des puissants, l’Empire romain, pour vaincre ses compatriotes berbères, accusés d’hérésie et d’atteinte à l’ordre et à l’église officielle. N’est-ce pas là aussi le « syndrome de désunion », qui revient comme par malédiction, pour saboter « la grande fraternité berbère » ?

Plus tard, c’était presque le même schéma d’action qui a guidé les Berbères. Sous la dynastie fatimide (VIII e siècle), les Berbères Koutama (Iketamen) ont accepté le roi fatimide Obéid Allah el Mehdi ( venu d’Orient), dont les successeurs au pouvoir les ont pourtant éloignés (c’est-à-dire les Berbères) des postes de responsabilité. Ils étaient si accueillants de l’étranger au point de ne plus élire ni de choisir un chef d’entre eux. Ironie du sort, lorsque les dernières troupes fatimides étaient parties au Caire vers le IXe siècle sous la pression des rebelles berbères nomades Zénètes (izenayen), les Koutamas les ont accompagnés vers l’Egypte, où ils ont construit la grande mosquée d’Al-Azhar. Et pour rappel, les Fatimides n’ont pu sauver leur dynastie au Maghreb que grâce au Berbère Bologhine Ibn Ziri ( mort en 984) qui les aida dans l’écrasement de la révolte de ses frères zénètes berbères.

De même, sous les Turcs, le pseudo-Etat créé par l’occupation ottomane n’a pas su ou voulu construire des institutions pérennes qui reposent sur une intelligentsia locale « algérienne », mais dirigé directement par les Turcs eux-mêmes. Les pauvres Algériens relégués aux emplois subalternes, au sous-sol de l’intelligence turque, que certains se permettent, avec ignorance, de qualifier aujourd’hui de « protectorat », ont accepté cet état de fait pendant trois siècles. C’est-à-dire jusqu’à ce que les Français sont venus en 1830, pour changer la donne (à leur faveur bien sûr).

Ainsi, il ne serait pas exagéré de dire que la présence ottomane en Algérie a généré (et cela reste valable, de mon point de vue, même à l’heure présente) l’indifférence des Algériens pour tout ce qui est public. D’ailleurs, l’expression « Beylic », est passée dans le vocabulaire courant comme quelque chose sans aucune importance dans la vie. « Abrid n’ beylic » (la route publique) « agla n’beylic » (le domaine public), « hada machi n’tâa babak, mais n’tâa beylic » (ça c’est pas la propriété de ton père, mais c’est public !).

Cela dit, le Public, avec majuscule, est « dévalorisé » dans l’inconscient algérien, c’est une chose à laquelle il ne faut pas porter trop d’intérêt, une chose à saccager, à piller, à voler, à détruire. Ce qui a participé aussi, de cette tendance nuisible à se tribaliser, à rester au niveau du village, du douar, de la région et ne jamais chercher à aller au-delà, à s’universaliser. Et qui dit tribu dit non seulement fermeture, ghetto et enfermement, mais aussi, dans notre cas, refus du vivre-ensemble et de l’altérité, même si, traditionnellement et historiquement, l’Algérie a été toujours généreuse, en ce sens, gouvernée par les étrangers (sept conquérants en tout).

Force est de constater, en guise de conclusion, que l’histoire de l’Algérie a commencé par des « tribus » bien avant l’époque des Romains, dont certaines ont servi, durant le règne de ces derniers, de fortification locale contre les résistances autochtones (les célèbres milites limitanei). Cela est presque devenu la règle pendant des siècles (l’organisation tribale), et continue encore, malheureusement, aujourd’hui d’influer sur la structuration moderne d’un Etat presque défaillant, à travers ses métastases : le clanisme, le régionalisme, le dechourisme (repli sur le village), si l’on ose ce néologisme ici. À côté de cette tare rédhibitoire à diverses conséquences, la dualité stérile entre Orient et Occident n’est toujours pas réglée dans la tête de nos élites incapables de construire leur propre modèle, et de surcroît coupées des préoccupations du petit-peuple.

Kamal Guerroua.

Notes de renvoi :

1- La crise berbériste qui a débuté pratiquement en 1949 et a traversé la révolution, a vu la liquidation physique des militants nationalistes, accusés du berbérisme tels que Ouali Bennaï, Amar Ould Hamouda, M’barek Ait Menguelet, pour le seul tort d’avoir revendiqué l’amazighité (langue et culture) de l’Algérie, contre l’arabo-islamisme promu par Messali Hadj. Cette crise aurait provoqué l’éviction de Hocine Aït-Ahmed de la direction de l’organisation spéciale, en faveur de Ahmed Ben Bella (responsable de l’Oranie). Une année plus tard, soit en 1950, cette organisation paramilitaire fut découverte par les forces coloniales et ses éléments furent traqués. cf, Ali Yahia Abdenour, La crise berbère de 1949 : portrait de deux militants, Ouali Bennaï et Amar Ould-Hamouda : quelle identité pour l’Algérie ? éditions Barzakh, Alger, 2013.

2- Le territoire de « Massaesyles », commence selon l’historien Strabon, du fleuve Molochath (Moulouya) au Maroc et se termine au cap Trêton (Bouharoun) en Algérie. Soit, les deux tiers de l’Algérie et le Maroc oriental.

3-Frédéric Lacroix, Colonisation et administration romaine dans l’Afrique septentrionale, Revue Africaine, Vol 7, 1863.

4-La région de la Kabylie est connue dans l’histoire comme « tamourth lekvayel », ce qui donne en traduction littérale « le pays kabyle ». Autrement dit, les caractéristiques de ce territoire, comme le sous entend d’ailleurs en latin le mot « Quinquégentiens » (les gens de cinq tribus) qui lui est attribué au III e siècle, dénotent on ne peut plus d’une organisation tribalo-politique à la fois singulière et semi-moderne (tadjmâat, tiwizi, timecheret, etc).

5-Voir Pierre Montagnon, Guerre d’Algérie, genèse et engrenage d’une tragédie, Éditions Pygmalion, Paris, 1984.

6-Il ne s’agit nullement ici de reprendre les thèses de l’académicien et idéologue Louis Bertrand (1866-1941), qui croit pouvoir renouer avec l’Afrique latine en enjambant l’arabo-berbérité façonnée par l’islam, dans une tentative de reniement des origines réelles de l’Algérie. En revanche, mon analyse tend à expliquer comment, « la tribalité » de la société algérienne depuis des millénaires a retardé l’éclosion de la naissance de l’Etat souverain au sens moderne du terme.

Auteur
Kamal Guerroua

 




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