26 avril 2024
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La rue a fait bouger les choses…

REGARD

La rue a fait bouger les choses…

Par son envergure, sa durée, sa détermination et son caractère pacifique, le Hirak a fait craquer les structures du Système et déstabilisé les gènes de sa morphologie interne, en affaiblissant considérablement ses relais à l’intérieur et à l’extérieur de la société.

Pris dans son piège, celui-ci multiplie, en vain, les manœuvres pour rallonger son  » espérance de vie ».

Mais,  la jeunesse, la seule vraie rente du pays, ayant retrouvé l’espoir après tant d’illusions perdues, se montre de plus en plus offensive. Elle a compris que la crise qu’il faut bien résoudre au plus vite,  ne peut se faire que dans le cadre d’un compromis historique où toutes les sensibilités se doivent de s’exprimer librement. Trêve sanitaire pour cause de Corona, tentative de récupération des uns et des autres dans ce qui reste des reliques de l’ancien système, ou fuite en avant, rien ne l’empêche, je parle de cette jeunesse-là bien entendu, de reprendre le chemin de la rue, l’unique lieu, voire l’Agora où elle se sent à l’aise pour dire ce qui lui fait tant mal.

Le constat va de soi : les Algériens sont en colère, et cette colère n’est qu’une longue accumulation de bien d’autres colères, enfouies au plus profond d’eux-mêmes, des décennies durant. Autrement dit, le cinquième mandat défendu à cor et à cri par les pontes du clan bouteflikien ne fut, à proprement parler, que le détonateur d’une bombe de frustrations, de privations et d’arbitraires de toutes sortes, subis dans le silence et la douleur.

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C’est pourquoi, ceux qui disent que le Hirak a perdu sa raison d’être parce que les choses se sont arrangées après le départ de Bouteflika se trompent de diagnostic. Le mal  dont souffrent les Algériens est endémique. Et ce n’est, sans doute,  pas des triturages « esthétiques » de la Constitution, ou des programmes parcellaires, ne prenant pas la réelle épaisseur de leurs problèmes, qui pourront  les convaincre, et leur servir d’un quelconque  certificat de réparation du préjudice subi.

En tout cas, le bras de fer est dans son sprint final où, d’un côté, le peuple revendique la chute de ceux qui semblent vouloir le condamner à la misère perpétuelle du déni démocratique, et de l’autre, de nouveaux visages dans la nomenklatura, juste installés sur leurs maroquins, tentent de se démarquer de ceux qui l’ont précédés, sans qu’ils ne donnent, pour autant, de garanties suffisantes que la rupture espérée serait définitive.

Bref, chez nous, on vit encore dans le brouillard, et ce brouillard s’épaissit de jour en jour, parce que les canaux de la communication entre le haut et le bas de la pyramide sont, à ce qu’il paraît, dans un état de parasitage permanent.

En plus, les gestionnaires des affaires de la Cité donnent l’impression aux masses populaires qu’ils se balancent d’une branche à l’autre, au gré des circonstances, un œil vers elles, un autre vers l’international, dans une tentative désespérée de fuir  ce présent qu’ils ne parviennent guère à saisir, d’où ce strabisme que plus personne ne comprend.

Auteur
Kamal Guerroua

 




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