28 mars 2024
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La ruse au « cachot », l’intelligence au « galop » ? 

Tebboune et Djerrad

L’expérience algérienne des cinquante dernières années montre clairement que la rente énergétique relayée par les capitaux empruntés engendrent une capacité réelle de dépenses improductives et laisse entier le problème d’une capacité propre de générer des ressources propres.

Si les changements fondamentaux n’interviennent pas dans nos habitudes de gestion, de production et de consommation, nous courons vers un effondrement spectaculaire de l’activité économique et une paupérisation des larges couches de la population y compris les couches moyennes à l’heure du Covid-19 qui bouleverse l’ordre économique mondial dominant de fond en comble dans lequel nous étions comme un poisson dans l’eau (mono-exportateur et multi-importateurs). Les premières victimes seront les pays rentiers producteurs de pétrole suivis tardivement des pays industrialisés et enfin des pays marginaux vivant dans l’autarcie éloignés du reste du monde. La famine sera un critère de sélection des peuples au droit à la survie. 

Les enjeux économiques sont si importants qu’ils occupent une place prépondérante dans le débat politique. Il n’y a pas d’équilibre de l’économie sans un minimum de paix sociale et pas de reprise économique sans adhésion de la population, et pas d’adhésion politique sans motivation à la production et à la gestion. Un lien étroit est à rechercher entre salaire/production et profit/investissement.

Les gens sont partout les mêmes, sécurisés, motivés, laissés libres de percevoir le fruit de leurs efforts, les Algériens travaillent, produisent et investissent. Fondamentalement l’équilibre de l’emploi fait partie de l’équilibre économique. 

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Malheureusement force nous est de constater que la rente pétrolière et gazière a tendance à financer des emplois improductifs de façade et à détruire les emplois fondamentalement productifs porteurs d’une stabilité sociale durable. Le secteur public économique sur lequel se fonde le système politique est le dernier rempart, assaini, revigoré, peut amorcer une reprise spectaculaire grâce à son aptitude à la synthèse entre les objectifs économiques et les contraintes sociales. 

Il incite à l’effort économique par des avantages sociaux et il permet la distribution de ceux-ci grâce à la croissance de la production pour peu que certaines décisions courageuses soient prises à temps. Car si la rente énergétique permet à la société de se reproduire sur la base de rapport de distribution, le travail par contre lui permet de se reproduire sur la base de rapport de production. 

C’est dire que le développement n’est pas une affaire de devises mais une question d’hommes. Des hommes porteurs d’idées et non de valises. La diaspora peut être d’un apport appréciable dans tous les domaines. Le covid-19 nous fournit l’occasion pour nous retrouver autour d’un bon couscous fait maison à partir des produits du terroir dans la joie et la bonne humeur. Nous avons à apprendre d’eux, ils ont à apprendre de nous.

En guise de conclusion, ne serait-il pas possible d’imaginer et de mettre en œuvre un projet national porteur d’un développement durable mobilisant les énergies d’une jeunesse désœuvrée à la force de l’âge, d’une intelligence à peine éclose, vite mise en rebut ou poussée vers l’exil à bord d’embarcations de fortune, des fortunes privées colossales en mal de légitimation pour faire des « trente milliards de dollars de réserves en devises un produit intérieur brut (PIB) de 300 milliards de dollars par la création de 100 000 entreprises publiques ou privées (qu’importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape la souris) animés par des gestionnaires sobres et austères au lieu de dilapider notre énergie vitale dans des querelles intestines de partage socialement improductives, financièrement ruineuses et politiquement explosives. 

Pour ce faire, que faut-il relancer : l’offre d’emploi ou la demande de biens importés ? L’investissement productif ou la consommation de luxe ? La dépense publique ou l’épargne privée ? Les infrastructures de base ou les réformes structurelles ? La multiplication des « pétro-dinars » ou la création de « labo-dinars » ?

Le tout-Etat des années 1970 ou le tout marché des années 80 ? La consommation des produits importés ou la production des biens et services locaux ? Vœux pieux pour les uns ; défis à relever pour les autres ? Qui sont les uns ; qui sont les autres ? 

Dr A. Boumezrag

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