Le fléau de la silicose frappe encore la wilaya de Batna. Une nouvelle victime, portant le nombre total de décès liés à cette maladie pulmonaire à 226, rappelle avec brutalité que cette tragédie sanitaire n’a toujours pas trouvé de solution, malgré les alertes répétées des familles, des associations et des spécialistes.
Le défunt, âgé d’une quarantaine d’années, travaillait depuis des années dans le façonnage et le polissage de pierres, un métier traditionnel mais hautement exposé à la poussière de silice. Comme tant d’autres avant lui, il a été victime de ce qui pourrait être évité si des mesures élémentaires de protection et de prévention étaient réellement appliquées.
La silicose n’est pas une maladie nouvelle. Cette pathologie pulmonaire se développe à la suite de l’inhalation prolongée de poussières de silice, entraînant une fibrose irréversible des poumons, une insuffisance respiratoire progressive, et dans la majorité des cas, la mort. Elle touche particulièrement les artisans de certaines localités rurales de Batna, où le travail de la pierre reste un secteur vital, mais pratiqué dans des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables.
Depuis des années, les alertes se multiplient. Médecins, chercheurs et associations de défense des travailleurs dénoncent l’exposition continue des artisans à ce risque mortel. Ils réclament des campagnes de prévention, l’usage de protections individuelles et un suivi médical régulier. Mais la réalité sur le terrain est implacable : le nombre de victimes continue d’augmenter, et les familles pleurent encore leurs proches, comme si rien n’avait été fait pour briser le cycle.
Les autorités locales ont parfois promis des mesures, mais elles restent fragmentaires et insuffisantes. La silicose reste une maladie évitable, et pourtant, les décès se succèdent, illustrant l’écart criant entre les recommandations sanitaires et la réalité quotidienne des travailleurs. Le cas de cette 226e victime est un signal d’alarme que la société ne peut plus ignorer.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que la majorité des artisans touchés sont jeunes, en âge de travailler et de soutenir leur famille. Leur exposition chronique à la poussière de silice transforme des métiers traditionnels en sentences de mort lente, et révèle l’absence de politiques publiques cohérentes pour protéger ces travailleurs vulnérables.
Le silicose à Batna est devenu un drame social autant que sanitaire. Il illustre l’urgence de prendre des mesures concrètes : régulation stricte des conditions de travail, sensibilisation et équipement obligatoire des artisans, suivi médical systématique et interventions rapides des autorités de santé. Sans cela, les victimes continueront de s’accumuler, et la mémoire de cette 226e victime restera un symbole de l’échec collectif à protéger les plus exposés.
Tant que la poussière de silice continuera à remplir les ateliers et les routes de Batna, la silicose ne sera pas vaincu. Et tant que l’inaction persistera, d’autres noms s’ajouteront à la longue liste des victimes. Aujourd’hui, la wilaya de Batna sonne l’alarme : le silicose tue toujours, et le problème n’a jamais été résolu.
Mourad Benyahia

