Le poète sait regarder le temps qui passe, il a la capacité de trouver les mots pour dire la nostalgie, la mélancolie et surtout l’harmonie fugitive du monde. C’est ce que fait Brahim Saci dans son 16e livre de poésie, « L’Eclaircie fugitive ».
Préfacé par Frédéric Lemaître, ce nouveau recueil est un régal pour ceux qui adorent les errances du poète. « Ce monde n’est pas sérieux, si tu es pauvre et malheureux, tu deviens la risée des fous, se moquent de toi les loups », confie le poète.
Paris est cette ville omniprésente dans l’œuvre du poète même s’il a parfois froid quand celle qu’il aime n’est plus là. Mais la vie est ainsi faite : elle est jalonnée de hauts et de bas. La musique chaâbie est aussi une belle compagne du poète qui cite ses interprètes favoris ; il les écoute souvent, avant de créer à son tour, ses chansons.
Oui, en langue kabyle, Brahim Saci chante ses propres textes, souvent empreints de spiritualité. En langue française, il versifie, il se met à rêver, il se pose des questions. « La terre pourrait être un paradis, où s’épanouit la vie, sans les larmes, sans les armes », affirme Brahim Saci dans une magnifique envolée humaniste.
Mais les guerres ne s’arrêtent pas, la folie des hommes est sans limites. Restent les bistrots de la ville qui offrent un répit, qui apportent, dans une ivresse harmonieuse, du soleil même quand le brouillard sévit.
Demeurent les mots et leur musique ; c’est à partir de là que naît ce monde imaginaire tant colorié. « La plume est salvatrice, comme une oasis, du désert brûlant, qui sauve les errants », rappelle Brahim Saci. Avec ce 16e ouvrage, le poète continue son impressionnant voyage ; il a ainsi trouvé une source inépuisable. Rares sont les poètes qui ont publié tant de livres de poésie ; une vraie prouesse.
Et le fleuve poétique de Brahim Saci continue de couler, tranquillement. « Le vrai créateur, a les yeux pleins de bonheur, il donne sans compter, il brille, il est vrai », estime Brahim Saci en direction de ces jaloux, de ces gens de mauvaise foi.
Au fil des années, la poésie de Brahim Saci prend de l’assurance ; elle s’en va sur les chemins de l’essentiel pour raconter, pour témoigner, pour se questionner. Bonne continuation poète ! Au prochain livre !
Youcef Zirem
- L’Eclaircie fugitive de Brahim Saci, éditions du Net, 125 pages, 2024