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La Tunisie, 10 ans après la révolution du jasmin   

DECRYPTAGE

La Tunisie, 10 ans après la révolution du jasmin   

Le monde politique occidental et la forte offensive médiatique ont largement applaudi, le 17 janvier 2011, la révolution tunisienne et la chute du dictateur Ben Ali.

Sont-ils allés vite en besogne pour confiner ce processus à un simple sursaut démocratique semblable à la grille de ce qu’ils ont appelé « le réveil arabe » ou « le printemps arabe » comme l’a été celui de « Prague » ou la chute du mur de Berlin ?

Ont-ils aussi emprunté une approche anthropologique qui considère cette petite nation fortement tournée vers le tourisme ? A plus de chance que l’Algérie, l’Egypte la Syrie ou la Libye et les autres pays limitrophes ont connu aussi ce type de révolution car les Tunisiens subissent à travers des siècles l’influence d’un milieu culturel, des formes acquises d’un comportement sur leur formation individuelle qui s’est généralisé à toute la société. Si tel était le cas, la commémoration d’une telle victoire pour la liberté et la démocratie se fête dans le calme qui montrerait au monde entier la réussite d’un tel processus.

On l’a vu, lors de la commémoration en novembre 2019, du 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin qui tout au long de son histoire a coupé une nation homogène en deux : Berlin Est (RDA) et Berlin Ouest (RFA). Résultat : aujourd’hui l’Allemagne unie est la première puissance « économique » de l’Europe. Ce qui s’est passé la nuit du 17 janvier 2020 dans plusieurs villes et villages de la Tunisie n’augure pas une commémoration d’une révolution réussie mais d’une déception  qui va «parfois » jusqu’à «maudire » Mohamed Bouazizi, ce déclencheur du ras-le-bol par s’immoler en plein rue dans sa ville natale, aujourd’hui devenue symbole de ce soulèvement : Sidi Bouzid.

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Les mauvaises langues sont allées jusqu’à dire que « toute sa famille a déménagé au Canada » sous entendu par-là que son sacrifice et sa popularité ont été plus bénéfiques à ses proches qu’aux Tunisiens qui continuent cette révolution dans les mêmes formes : la violence et le pillage, faire entendre que cette révolution n’a rien ramené de concret. (01)

Pour les analystes aguerris cette thèse sur la « tunisialité » qui prône l’apport par les Tunisiens, comparés bien entendu aux autres nations limitrophes, des valeurs de la modération, de la négociation et surtout du compromis pour qualifier leur mouvement de « jasmin », semble dépassés. Ces analystes rappellent les mêmes propos du « coup d’Etat médical » de Ben Ali en novembre 1987. Ces explications ont-elles une part de vérité ? Seul l’avenir le dira.

Le 17 janvier 2020, l’expression du second ras-le-bol         

Ce qui est sûr et certain même : la petite ouverture de la liberté citoyenne que prône la dernière constitution, aucun Tunisien n’en parle aujourd’hui notamment en cette occasion qui lui a permis de vider de lourd  dans son cœur ces dix dernières années, eu égard à la marginalisation et la précarité économique dans lesquelles il s’y trouve. Pourtant, la dernière élection présidentielle en a déjà annoncé les prémices d’un recyclage nostalgique de l’ancien système.

Rappelons pour mémoire que  depuis la mort de Beji Caïd Essebsi le 25 juillet 2019 dont l’événement devait avancer au 15 septembre une présidentielle  anticipée, de nombreux candidats se bousculaient à l’ouverture des inscriptions à l’élection présidentielle le 02 août d’après.  98 candidats à la candidature ont été enregistrés. Ce chiffre a pu être interprété, dirait la journaliste  Khaoula Souf « comme être un bon signe d’une démocratie naissante en bonne santé, mais le topo réel derrière les écrans, était bien différent. ».  

La journée du 17 janvier 2020 a confirmé ces craintes que de nombreux analystes n’ont pas manqué d’alerter les tenants du pouvoir pour les ramener à la maîtrise de ce volet et de cesser de tout mettre sur le dos de la démocratie. Ainsi, le décrit un jeune journaliste de l’économiste Maghrébin(02), il ne faudrait pas se confondre dans les déductions et les subterfuges habituels  derrière lesquels on maquille la vérité comme dit l’adage marocain « on ne peut cacher le soleil par un tamis ».

En effet, Les zones concernées par les manifestations d’hier  sont bien ceux de la pauvreté et de la marginalisation des jeunes qui représente 30% de la population. Il cite les localités de «Mellassine, Ezzahrouni, El Intilaka, Daouar Hicher Gafsa, Sidi Bouzid et Béjà. Même dira t-il si peu admettent que pauvreté et marginalisation sont les moteurs de la violence. Pour eux ils peuvent servir de prétexte pour justifier le pillage, malheureusement pour les tenants de cette approche, de nombreuses grandes ville de Tunisie comme Sousse et Bizerte ont aussi connu des « scènes similaires.»

C’est la preuve par 9 qu’il est inutile de se cacher comme toujours derrière les zones d’ombre comme on a l’habitude d’entendre ce discours qui n’a rien donné en Algérie et en Egypte.

Le scénario est le même : « Des jeunes qui lancent des pierres contre les forces de l’ordre. Ces dernières répondent à coup de lacrymogène ». Ce qui veut dire que la violence engendre la violence mais le silence du pouvoir en place montre bien qu’il est à court d’offres.

La rue tunisienne s’enflamme et le 17 janvier n’est qu’un détonateur comme il y aura bien d’autres mais comme le résume aujourd’hui Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre de Tunisie  au quotidien Le Soir d’Algérie (03) les partis au pouvoir sont occupés à des pactes électoraux et des intérêts calculés sans pour autant tirer de leçons appropriées à ce genre de soulèvement citoyen.

Rabah Reghis

 Renvoi

(01)-https://www.theguardian.com/global-development/2020/dec/16/he-ruined-us-10-years-on-tunisians-curse-man-who-sparked-arab-spring?fbclid=IwAR2Im3yoZUAcdWXH4puU3iASBBVC6Ml_6n78AS6IwHyNzgWOWjYIhgRicLE    

(02)-https://www.leconomistemaghrebin.com/2021/01/17/perturbation-nocturne-retour-soiree-mouvementee/ 

(03)-https://www.lesoirdalgerie.com/entretien/pour-des-raisons-electorales-ou-interets-calcules-les-democrates-ont-pactise-avec-les-islamistes-54797

Auteur
Rabah Reghis

 




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