Dans un geste qui ne surprend plus personne, Abdelmadjid Tebboune a limogé le Premier ministre Nadir Larbaoui. Nommé le 12 novembre 2023, Larbaoui est un technocrate terne propulsé dans une fonction déjà vidée de son sens.
Ce limogeage et l’inexplicable nomination de Ghrieb ne sont ni un coup de théâtre, ni une réforme — juste un nouvel épisode dans la longue série d’un pouvoir qui se regarde dans le miroir de son propre échec. Car en Algérie, ce ne sont pas les têtes de l’exécutif qui dirigent, mais une présidence qui s’est arrogé le monopole de la décision, sans vision, sans contre-pouvoirs et sans résultats tangibles.
Enième échec et coup d’épée dans l’eau de Tebboune qui vient de se payer la tête de Larbaoui, un fantôme à la tête d’un orchestre sans instruments ni génie. Un figurant dans une pièce écrite et jouée par Tebboune lui-même, où les ministres valsent au gré des humeurs présidentielles, dans un ballet de limogeages aussi théâtral qu’inefficace.
Ce n’était pas le premier ministre qui gouvernait — il exécutait les décisions verticale de son patron. C’est ainsi en Algérie. Reconnaissons donc à Nadir Larbaoui qu’il n’avait jamais pris aucune initiative. Il était inaudible dans un système verrouillé où toute idée de réforme réelle est tuée dans l’œuf, tant elle menacerait l’équilibre fragile de l’immobilisme.
Mais ce limogeage, comme ceux auparavant, pose une question plus cruciale et importante pour le présent et l’avenir de notre pays : jusqu’à quand va-t-on faire semblant que les problèmes de l’Algérie sont des problèmes d’hommes, et non de système ? La question était déjà au centre des revendications des manifestations du Hirak.
La crise est structurelle et Tebboune est sa clé de voûte. Le blocage économique n’est pas l’œuvre de Larbaoui , comme d’ailleurs l’accident de oued El Harrach, le blocage des importations … — il est le fruit direct d’une gouvernance sans vision, autoritaire, solitaire, hypercentralisée, où tout remonte à El Mouradia, et rien ne redescend vers la société.
Tebboune gouverne seul, entouré d’un cercle restreint, replié sur lui-même, hostile à toute initiative extérieure, obsédé par le contrôle. Le résultat ? Un État figé, une économie momifiée où les projets meurent dans les tiroirs, où l’économie informelle prospère faute d’alternatives, où les jeunes fuient au péril de leur vie, et où l’administration confond obéissance, corruption avec efficacité.
Le pays vit au rythme des décisions verticales, sans débat public, sans implication citoyenne, sans cap économique clair. Ni diversification, ni réformes fiscales, ni soutien réel aux entreprises — juste des annonces, des plans sans suite, des discours ronflants sur la « nouvelle Algérie » pendant que l’ancienne étouffe dans l’ombre.
Le gouvernement fait mine d’exécuter les décisions, le doigt sur la couture. Les parlementaires font semblant de débattre et se gavent pendant que le peuple souffre.
Ce régime ne réforme pas, il remplace. Il ne dirige pas, il verrouille. Et dans ce décor lugubre, le Premier ministre n’est qu’un nom de plus sur une liste de fusibles grillés, tandis que la vraie panne est ailleurs — à la source même du pouvoir.
Cinglante vérité : ce n’est pas Nadir Larbaoui qu’il fallait limoger, mais le modèle autoritaire, anachronique et creux d’un chef d’Etat qui confond gouvernance avec domination. En Algérie, le pouvoir vertical n’élève rien : il écrase tout.
Yacine K.
On avait de la flotte jusqu’au coup et le vieux con disait d’avancer…L’accident d’El Harrach illustre parfaitement notre situation. Nous sommes un pays conduit par quelqu’un qui n’a ni aptitudes ni compétences pour gouverner et qui nous conduit droit à l’oued où l’on mourra tous dans une misére noire et d’atroces souffrances.
Chengriha a une responsabilité immense.