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jeudi, 6 novembre 2025
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« L’affaire Hamlaoui » et les aboiements du bouton rouge

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Ce qu’on appelle “l’affaire Ibtissem Hamlaoui” n’est pas une scène de jalousie dans une association. C’est la preuve en direct qu’en Algérie, certaines personnes peuvent transformer une simple contestation en opération répressive. 

Une responsable est critiquée ? Au lieu de répondre, elle bascule en mode régalien. On appuie sur le bouton : plainte éclair, convocation immédiate, meute numérique, indignations prêtes-à-poster… et des personnes en prison pour un commentaire. Sans le bouton, c’était une embrouille interne. Avec le bouton, c’est une exécution publique.

On peut dire qu’Ibtissem Hamlaoui a tendu le bâton : ton autoritaire, posture de cheffe, manière de parler comme si elle disposait d’un mandat supérieur au sien. Beaucoup ont dit “elle l’a cherché”. Soit. Mais ce n’est pas elle qui nous intéresse. Ce qui nous intéresse, c’est la question derrière : qui lui a fait croire qu’elle pouvait utiliser la police et la justice comme escorte personnelle ? Qui l’a laissée penser qu’en 2025 on pouvait encore faire coffrer des femmes de lettres parce qu’on n’a pas aimé un post ? Si elle a osé, c’est qu’elle sait qu’il existe une ligne directe entre certains bureaux et la force publique. C’est cette ligne qu’il faut regarder, pas l’humeur d’une présidente.

Parce qu’en haut, c’est la même méthode, simplement mieux habillée. On n’est pas devant des carrières brillantes, on est devant un clan qui tient quatre robinets à la fois : politique, argent public, sécuritaire, judiciaire. Le cercle du président Tebboune le montre assez : Belaribi, vissé au logement depuis 2021 comme si le parc immobilier national était une propriété privée ; Rezig qu’on sort puis qu’on remet comme on remet un cousin à table ; et cette double casquette Intérieur/Transports qui dit clairement : il y a des ministères qui ne sont pas à la République, ils sont au noyau. La “H7achia” présidentielle, ce n’est pas un fantasme de cafétéria : c’est le périmètre de ceux que les remaniements ne touchent pas.

Et comme toujours en Algérie, ce qui se fait en haut se copie en bas. Dans les wilayas, c’est la version low-cost : le P/APC qui joue au préfet, le procureur en shérif, le juge en signature automatique, la casquette sécurité qui trie “les nôtres / pas les nôtres”, le directeur des domaines ou de l’habitat qui légalise le passe-droit. Et au milieu, un wali transformé en pare-chocs, qui reçoit tout le monde, fait semblant d’arbitrer et envoie des rapports qui s’entassent. Voilà la vraie gouvernance : pas l’État de droit, l’État de clans coordonnés. Tu es dedans, ton dossier passe. Tu es dehors, tu regardes les autres passer.

Ce système ne devient visible que quand il se fâche. Tant que le partage est fluide – les gros marchés pour le noyau, le foncier pour les proches, les petites positions pour faire taire – personne ne dit rien. Le jour où l’une prend trop, où l’un se croit couvert plus haut qu’il ne l’est vraiment, on ouvre les placards : dossiers fiscaux, enregistrements, vie privée, archives oubliées. On lâche les pages Facebook de service, on appelle ça “mobilisation citoyenne”. Ce n’est pas le peuple qui parle, c’est un clan qui règle une facture. Les réseaux sociaux servent ici d’unité canine : on lâche, ça mord, on rappelle.

Le vrai problème n’est pas le conflit. Le vrai problème, c’est la loi privatisée. Une loi très rapide quand il faut protéger l’ego d’une responsable ou d’un élu, mais une loi très lente quand il faut récupérer un terrain de l’État détourné, un matériel saisi, un marché bidonné. Le peuple voit parfaitement que la vitesse n’est pas la même. Il comprend que la loi ne frappe pas la prédation, elle frappe la parole qui gêne le réseau. Alors il se tait. Il se met à l’écart. On croit que c’est de la stabilité, c’est juste du bâillon.

Il faut donc appeler les choses par leur nom : ce n’est pas du “tribalisme”, ce n’est pas le “caractère algérien”, c’est du clanisme d’État” : sécuritaire, judiciaire, administratif, médiatique et financier concentrés entre quelques mains qui se prennent pour l’État. Tant qu’on ne leur arrache pas ces leviers, on sacrifiera des Hamlaoui pour la vitrine, mais jamais ceux qui appuient sur le bouton rouge.  

Zaim Gharnati

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