Lundi 1 janvier 2018
L’Algérie : bilan économique et perspectives 2018/2025
Quel est le bilan de l’économie algérienne afin de tracer les perspectives futures entre 2018/2020/2025 ? Sonatrach a engrangé, selon ses bilans entre 2000 et 2017 environ 800 milliards de dollars en devises, pour une dépense publique estimée, avec des données contradictoires, entre 900/1000 milliards de dollars, part en dinars et en devises. Cela a permis une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique. La rente des hydrocarbures a permis également d’éponger plus de 95% de la dette extérieure, d’importantes réserves de change, en voie de diminution entre 1994/2017.
Ainsi, après plus de 50 années d’indépendance, c’est la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Pour cela, l’Algérie doit élaborer une stratégie d’adaptation avec réalisme qui sera l’œuvre des acteurs économiques, politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l’ancienne vision bureaucratique centralisée Dans ce cadre, cette contribution qui constitue la synthèse de bon nombre de constatations et recommandations publiées dans la presse nationale et internationale se propose de dresser le bilan des indicateurs financiers 2016/2017 avant de proposer les perspectives 2018/2025.
A- Le bilan économique et financier de l’Algérie 2016/2017
1.- Pour les onze mois de 2017, toujours selon le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (CNIS) reprises par l’APS, le taux de couverture des importations par les exportations est passé à 74% contre 64% à la même période de l’année 2016. Les données sur le commerce extérieur font état d’un déficit commercial en baisse de 31.3%, comparativement à la même période de l’année 2016, se stabilisant à 10,7 milliards de dollars, grâce surtout à la hausse du prix des hydrocarbures, données exogènes qui échappent à la gouvernance interne. De ce fait les exportations ont connu les 11 premiers mois de 2017 une hausse de 14%, en s’établissant à 31,19 milliards de dollars (mds usd), contre 27,22 mds usd durant la même période de 2016 où les hydrocarbures représentent l’essentiel des exportations (94,5%) en s’établissant à 29,47 mds usd contre 25,64 mds usd sur la même période de 2016, soit une hausse de 3,8 mds usd, correspondant à une augmentation de près de 15%.
Les exportations hors hydrocarbures sont toujours marginales avec 1,72 mds usd, soit une hausse de 8,26% par rapport à la même période 2016 mais avec plus de 60% de dérivées d’hydrocarbures. Ainsi, les importations malgré toutes les mesures règle des 49/51%, licence d’importation, dérapage accéléré de l’euro, l’Europe représentant l’essentiel des importations de l’Algérie, ont faiblement baissé s’établissant à 41,895 mds usd contre 42,801 mds usd (-2,12%), en baisse de seulement 900 millions de dollars.
Concernant les partenaires commerciaux, les cinq premiers clients de l’Algérie, ont été l’Italie avec 5,07 mds usd (16,3% des exportations globales algériennes), suivie de la France avec 3,84 mds usd (12,32%), de l’Espagne avec 3,68 mds usd (11,8%). Quant aux principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine est encore venue en tête avec 7,8 mds usd (18,6% des importations globales algériennes), suivie de la France avec 3,8 mds usd (9,1%), de l’Italie avec 3,35 mds usd (8%), de l’Espagne avec 2,83 mds usd (6,7%). Aussi il y a peu de changement par rapport aux années précédentes. En 2016, en termes de couverture des importations par les exportations, nous avions un taux de 62% contre 67% enregistré en 2015. Les importations algériennes avaient diminué de 9,62% par rapport à l’année 2015, passant de 51,7 milliards de dollars US à 46,72 milliards de dollars US. Les exportations avaient totalisé en 2016 28,886 milliards de dollars dont les hydrocarbures avaient représenté l’essentiel des exportations, soit 27,102 milliards de dollars, avec une part de 93,84% du volume global des exportations, et une diminution de 17,12% par rapport à l’année 2015. Les exportations hors hydrocarbures, dont 60% de dérivées d’hydrocarbures, étaient restées marginales, 6,16% du volume global des exportations avec 1,78 milliard de dollars US avec une diminution de 9,55% par rapport à l’année 2015.
2.- Le déficit global de la balance commerciale a baissé mais cette baisse n’est pas due à une baisse importante des importations mais grâce à la hausse des prix du pétrole permettant un accroissement relatif des recettes de Sonatrach : échec donc de la règle des 49/51% instaurée en 2009 et des licences d’importation plus récemment, qui avaient pour objectif essentiel la réduction des importations et de dynamiser le tissu productif national.
Qu’en sera-t-il, sans objectifs précis et sans réformes structurelles, de cette nouvelle formule partenariat public-privé déjà d’ailleurs inscrite dans la loi de finances 2016 ? Or, le document permettant une appréciation objective n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de capitaux. Selon les documents du FMI, les sorties de devises des services ont été 10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6 milliards de dollars en 2017, données qui rejoignent celles du gouverneur de la banque d’Algérie qui avait établi lors de sa présentation à l’APN le dernier trimestre 2017, une sortie de devises de services qui approchait 5 milliards de dollars pour le premier semestre 2017. Le rapatriement légal des bénéfices selon les sources du FMI, a été de 8 milliards de dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une moyenne entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020.
Dans ce cas, au rythme des indicateurs financiers des dix premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à plus de 45 milliards de dollars de biens, moins d’un milliard de dollars de moins qu’en 2016, plus 10 milliards de dollars (services) soit 55 milliards de dollars et tendant vers 58 milliards de dollars avec les sorties légaux de capitaux. Ce montant de sorties de devises en 2017 correspond pour l’équilibre à un baril variant entre 75/80 dollars le baril ( le ministre des Finances avance 70 dollars), pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements, un effort ayant été réalisé puisque pour 2014/2015, l’équilibre selon le FMI variait entre 110/115 dollars. Le montant des réserves de change sont passées de près de 194 milliards de dollars au 1er janvier 2014 et clôtureront entre 94/96 milliards de dollars fin 2017 avec une dette extérieure inférieure à 6 milliard de dollars. Ces réserves incluent le prêt au FMI et les dotations de DTS de l’Algérie déposés au FMI, l’Algérie ayant augmenté sa quote-part de 705,2 millions de DTS (équivalent de plus d’un milliard de dollars) la portant de 1,25 milliard de DTS (environ 1,9 milliard de dollars) à 1,96 md de DTS , selon un décret présidentiel publié au journal officiel, cité par l’APS donnant un montant cumulé d’environ 8 milliards de dollars au niveau du FMI..
3.- Ces réserves tiennent actuellement la cotation du dinar officiel. On peut établir un coefficient de corrélation entre la cotation du dinar et l’évolution du cours des hydrocarbures pour un taux d’environ 70 %, 30% étant dues aux phénomènes spéculatifs et aux sections hors hydrocarbures bien que limitées, avec des réserves de change tendant vers 10 milliards de dollars, le risque étant une dévaluation du dinar officiellement coté à 200 dinars un euro et 250/300 dinars sur le marché parallèle. Les incidences seront internes : hausse du taux d’intérêt, des banques primaires si elles veulent éviter la faillite, faible taux de croissance, chômage, inflation, détérioration du pouvoir d’achat notamment des revenus fixes. Précisons que le dérapage du dinar de plus de 20%( plus de 135 dinars un euro) par rapport à 2016 combiné aux taxes sur les produits finis de 30 à 60% engendreront une élévation du prix final de plus de 100% et pour les produits contrôlés par la sphère informelle de plus de 120%( cours supérieur à 200 dinars un euro). Elles auront également des incidences externes étant en 2018/2020 et non plus en 1994, l’environnement international ayant connu de profonds bouleversements donc impacts géostratégiques dans le domaine diplomatiques, sécuritaire et militaire. Car il faut être réaliste : comment financer, sans un partenariat gagnant /gagnant, supposant de profondes réformes structurelles qui dépendent avant tout des algériens, si l’on veut attirer les capitaux étrangers, pour les seuls projets selon leurs programmes rendus publics entre 2017/2022, de Sonelgaz, 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années, (en déficit structurel) supposant la garantie de l’Etat et les 100 milliards de dollars de Sonatrach sur les cinq prochaines années (seule société présentant des garanties) , sans compter les autres secteurs. Or, les recettes de Sonatrach fluctueront entre 34/35 milliards de dollars/an en cas d’un cours supérieur 55 dollars, le prix du gaz traditionnel connaissant une baisse importante, devant ne pas confondre chiffre d’affaire avec le profit net , résultat de la déduction des couts, sans compter pour le partenariat le rapatriement des profits ?
B.- Les perspectives de l’Algérie 2018/2020/2025
1.– Qu’en est-il de la loi de finances 2018 ? La loi de finances 2018 est établie sur la base d’un baril à 50 dollars. Le budget de l’Etat 2018 totalise 8.628 milliards de dinars, avec un budget de fonctionnement de 4.584,46 milliards de dinars, et un budget d’équipement de 4.043,31 milliards de dinars. Les recettes budgétaires sont de 6.496,58 milliards de dinars contre 5.635,5 milliards de dinar pour l’année 2017, composées de 3.688,68 milliards de dinars de ressources ordinaires contre 3.435,4 milliards de dinars en 2017 et de 2.807,91 milliards de dinars de fiscalité pétrolière contre 2.200,1 milliards de dinars pour 2017. Quant au déficit global du Trésor prévu par la loi des finances 2018 il est annoncé à près de 9% du PIB, contre plus de 14% pour l’exercice 2016. Cette loi est amputé de son article 12, qui prévoyait l’introduction d’un impôt sur la fortune (ISF) qui selon le gouvernement aurait pu rapporter 50 millions de dinars (365 000 euros). Certainement pour des raisons politiques (prochaine élection présidentielle d’avril 2019), contrairement au modèle économique qui avait été adopté par le conseil des ministres par le passé sous le gouvernement Sellal, qui prévoyait une trajectoire budgétaire pour trois ans (2016-2019), plafonnant les dépenses publiques, la dépense publique est globalement maintenue pour l’actuel gouvernement, les réformes structurelles étant différées. Ainsi la loi de finances 2018 prévoit une hausse de 7,9 % des dépenses sociales et le niveau des transferts sociaux est estimé à 23 % du PIB, le système de subvention des produits alimentaires de base (sucre, lait, céréales, huiles alimentaires etc.) étant maintenu en l’état. Comme il est prévu la construction d’un lot de 1,6 million de logements sociaux, dont la livraison est programmée pour 2019. Mais nous avons de nouvelles taxe concernant notamment la taxe sur les produits pétroliers (TPP, à partir de janvier 2018, le prix du litre d’essence à la pompe devant connaitre une hausse de 5 dinars tandis , le prix du litre de gasoil de 2 dinars ainsi que la création d’une taxe de 1 % sur toutes les importations. Ces taxes devraient selon les prévisions améliorer les recettes qui devraient s’élever à 6 496 milliards de dinars en 2018 contre 5 635 en 2017, pour une enveloppe de dépenses calculée à 8 628 milliards de dinars. Une loi des finances n’étant qu’un document comptable annuel, retraçant en statique les dépenses et les recettes de l’Etat, ne pouvant se substituer à une vision stratégique, qu’en est-il des équilibres macro-financiers 2016/2018 en référence à la balance commerciale et de la balance des paiements ?
2.- Le niveau de l’investissement, de la croissance, de l’emploi et du pouvoir d’achat des Algériens est tributaire à plus de 70% de la rente des hydrocarbures brut et semi brut. Comme impact final de la baisse des recettes de Sonatrach, sur la sphère réelle, le FMI prévoit un taux de croissance inférieur à 1% pour 2018 avec un taux de chômage qui dépassera les 13%. Qu’ en sera-t-il de certaines mesures anti- sociales, bon nombre d’Algériens ayant été habitués à l’assistanat via la rente ? Avec le manque de confiance en l’avenir, la crise de confiance Etat –citoyens, tous les segments de la société veulent leur part de rente, et immédiatement, quitte à conduire le pays au suicide collectif. Une autre trajectoire économique s’impose. Les différentes dévaluations du dinar algérien tant par rapport à l’euro qu’au dollar ont permis de voiler artificiellement l’importance du déficit budgétaire tout e contribuant à l’inflation importée, et qui en principe constituent un dumping à l’exportation, n’ont pas permis de dynamiser les sections hors rente. Environ 83% du tissu économique est constitué de petits commerce/services et 95% du tissu industriel en déclin de petites PMI/PME non-initiés au management stratégique. Qu’en sera-t-il de l’impact de l’Accord d’Association avec l’Europe signé le 01 septembre 2005, où le dégrèvement tarifaire sera zéro a été reporté au lieu de 2017 à horizon 2020 ? Qu’en sera-t-il si l’Algérie est admise à l’organisation mondiale du commerce (OMC) qui représente plus de 95% du commerce mondial avec les dernières adhésions de la Russie et de l’Arabie Saoudite, et plus de 80% de la population mondiale ?
L’Algérie souffre toujours du monopole, source inefficience, à tous les niveaux, et connait un dépérissement du tissu productif dont l’industrie représente à peine 6% du produit intérieur brut en 2016 selon l’ONS. Les politiques mis en place depuis l’indépendance, des industries industrialisantes de 1965/1978, ayant misé sur les infrastructures, moyen uniquement de développement pour les périodes 1980/1989 et de 2000/2016, trouvent ses limites. Ce modèle est assis essentiellement sur la bureaucratie étouffante et le secteur d’Etat qu’il s’agit ici de ne pas de diaboliser mais le rendre plus performant dans un cadre concurrentiel, car ayant à sa direction souvent de brillants managers, mais soumis aux directives bureaucratiques. Ces politiques ont marginalisé le secteur privé productif, voulant le soumettre à la logique bureaucratique et donc favorisé les rentes spéculatives. Or la liberté d’entreprendre, ne signifiant pas capitalisme sauvage grâce à l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, garant de la cohésion sociale, est la condition sine qua non de la richesse d’une Nation.
3.- Face cette situation qui prélude à d’importantes tensions budgétaires entre 2018/2020, ne devant plus se faire d’illusion d’un cours supérieur à 80 dollars, ( selon le FMI, un cours du baril de 56/57 dollars à prix constants -2018), sous réserve d’une discipline des accords OPEP/non OPEP, il y a pour l’Algérie, urgence de profondes réformes structurelles afin d’engager le pays vers une nouvelle orientation de la politique socio-économique permettant de dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Faute de quoi le retour au FMI, ce qu’aucun patriote ne souhaite, est inéluctable vers 2020 avec un épuisement progressif des réserves de change. Cette situation est intenable dans le temps quitte à aller vers une implosion différée. Comme j’ai eu à le souligner dans une interview à Radio France internationale RFI (Paris) et Radio Algérie Internationale (Alger), il faut bien considérer que l’économie algérienne est une économie léthargique et rentière. Que se passera-t-il lorsque la rente diminuera, ou s’éteindra quasiment, au rythme de la baisse prévisible des devises issues des hydrocarbures, du fait de leur épuisement d’où l’urgence de réfléchir à la transition énergétique afin de favoriser leur remplacement progressif par d’autres sources d’énergie ? Les équilibres macro financiers actuels sont éphémères sans de profondes réformes institutionnelles et microéconomiques. L’objectif est la mise en place d’un Etat de Droit passant par l’indépendance de la justice et d’institutions démocratiques, tenant compte de notre anthropologie culturelle. J’ai eu souvent à le souligner en direction des pouvoirs publics algériens, il s‘agit d’éviter de dépenser sans compter. En termes de rentabilité financière et tenant compte des exportations et de la forte consommation intérieure accélérée par la généralisation des subventions non ciblées source de gaspillage et d’injustice sociale et des coûts croissants, que horizon 2025/2030 pour le pétrole et pour le gaz conventionnel avec 50 millions d’habitants, l’Algérie sera sans hydrocarbures conventionnels devant éviter également l’euphorie du gaz/pétrole non conventionnel dont selon le Ministre de l’Energie son exploitation ne se fera pas avant 2025 ans en attendant les techniques non polluantes, réduction de l’injection de produits chimiques, et peu consommatrice d’eau ainsi que la concurrence des énergies renouvelables dont le cout a baissé selon l’AIE de plus de 50%. Y a-t-il une prise de conscience des défis nombreux qui attendent l’Algérie ? A-t-on tiré les leçons de la chute des hydrocarbures de 1986 avec les incidences désastreuses pour le pays, économiques, sociales et politiques?
4.-Il était prévu selon les déclarations officielles de certains responsables, reprises par l’APS qui vivaient dans l’utopie, 30 milliards de dollars d’importation de biens pour 2017, montant à nouveau prévu à 30 milliards de dollars en 2018, mais concernant uniquement que les biens et non inclus les services . Or, selon l’ONS le tissu économique global est constitué à plus de 80% de petits commerce-services et que le secteur industriel en 2016 représente 6% du produit intérieur brut(PIB) et que sur ces 6%, 95/97% sont des PMI-PME peu innovantes incapables d’exporter. Le Ministre du commerce prévoit par ailleurs pour plusieurs centaines de produits la fin des importations misant sur une économie d’environ 1,5 milliards de dollars. Mais ce montant est gonflé, devant établir la balance devises, puisque la production nationale dépend pour plus de 75% de produits intermédiaires importées, la baisse de la valeur des produits finis étant contrebalancée par la hausse de la valeur des importations des inputs. Le cas le plus concret étant le montage des voitures où les inputs malgré la limitation à cinq constructeurs risquent de connaitre une hausse en valeur, sans pouvoir exporter si elles ne s’adaptent pas au nouveau marché mondial : voitures hybrides ou solaire, la Chine ayant décidé de réduire de plus de 50% en 2020 les voitures fonctionnant à l’essence et au diesel Avec la suspension à partir de janvier 2018 de l’importation de 1000 produits, de 45 familles n’y a-t-il pas de tensions dans l’approvisionnement, d’accroitre la sphère informelle ( développement de petits porteurs de valises) et par là les tensions inflationniste en cas de rigidité de l’offre locale ? Ces tensions inflationnistes sont déjà perceptibles puisque le taux d’inflation officiel avoisine 6% pour 2017. Qu’en sera-t-il avec le financement non conventionnel, applicable à une économie productive où existent des entrepreneurs dynamiques, des capacités de production sous utilisées afin de relance rla demande, et ce pour un montant de 1800 milliards de dinars ( 180.000 milliards de centimes) uniquement pour 2018 ( planche à billets) en cas de non contreparties productives, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, n’ayant pas de spécificité à l’algérienne?5.-Quelle conclusion pour l’avenir de l’Algérie en 2018? L’Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise, sous réserve une condition fondamentale avoir une vision stratégique qui fait cruellement défaut assistant à des mesures incohérences fonction des rapports de force. L’Algérie est à la croisée des chemins. Il faut éviter toute autosatisfaction, contraire au vécu quotidien de l’immense majorité des Algériens, source de névrose collective, mais également éviter toute sinistrose : tout ce qui a été réalisé entre 1963-2017 n’est pas totalement négatif mais il reste beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. Arrêtons ces discours démagogiques ignorant les mutations mondiales, prisonnier d’une culture « mécanique », des années 1970, «:l’Algérie sera le plus grand pôle industriel en Afrique grâce au ciment, le fer et le montage des voitures », et ce sans vision stratégique au sein des filières internationalisées en perpétuelle mutation grâce à l’innovation permanente, cette destruction créatrice pour reprendre le grand économiste Joseph Schumpeter. Pourtant, bien que les résultats ne soient pas proportionnels aux dépenses monétaires, ils sont loin, très loin des potentialités que recèlent le pays du fait d’une gouvernance centrale et locale mitigée, et elles sont nombreuses. Pour cela, la lutte contre la corruption, les transferts illicites de capitaux, qui existent depuis l’indépendance politique, mais qui ont pris des proportions alarmantes récemment du fait que l’on a injecté des sommes colossales sans prévoir de mécanismes de contrôle devient une urgence de l’heure. L’on devra améliorer le climat des affaires, lutter contre la bureaucratie, revoir le fonctionnement du marché du travail, du système financier, socio-éducatif et l’ épineux problème du foncier et prévoir des mécanismes institutionnels et démocratiques de suivi, loin des injonctions bureaucratiques étouffant les énergies créatrices.. L’on ne saurait ignorer les effets de la mondialisation à la fois positifs mais pervers sans régulation, devant insérer les projets futurs dans le cadre de la nouvelle économie de l’intégration du grand Maghreb pont entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, pour la stabilité et une prospérité partagée de la région. Le défi des nations en ce XXIe siècle est la maîtrise du temps, tout pays qui n’avance pas recule forcément. Le développement durable tenant compte du défi écologique, en ce XXIe siècle, se fonde essentiellement sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir si l’on veut dynamiser les sections hors rente dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux Il y a maintenant unanimité nationale et internationale. Si l’Algérie rate le cap du développement entre 2017/2020/2025, elle sera éternellement un pays sous-développé avec d’importants remous sociaux. C’est sa dernière chance : réussir les réformes (pas du replâtrage) et avancer en ce monde turbulent et instable ou maintenir le statu quo, le temps en économie ne se rattrapant jamais et donc régresser, avec des incidences géostratégiques sur toute la région. Pour terminer, je tiens à saluer la décision du président de la République de consacrer Yennayer journée chômée et payée, ainsi que d’accélérer la création d’une académie algérienne de la langue amazigh, inscrite dans la nouvelle constitution, décision qui rentre dans le cadre du renforcement de l’unité nationale et du recouvrement de l’identité nationale, je crois fermement, face à la nouvelle révolution économique qui s’annonce, irréversible 2020/2030, que le peuple algérien a d’énormes ressources en lui-même et sera capable de réagir à l’instar d’autres peuples qui ont su conjuguer la modernité et leur authenticité. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Pour cela, l’Algérie doit élaborer une stratégie d’adaptation avec réalisme qui sera l’œuvre des acteurs économiques, politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l’ancienne vision bureaucratique centralisée. Encore bonne année Algérie 2018.
A. M.