Lundi 4 mars 2019
L’Algérie est en danger
Le peuple est entré en dissidence contre le système Bouteflika
Selon un rapport de l’International crisis group (ICG), publié en mois de novembre 2018, la crainte d’un retour de violences sonne comme un refrain régional commun pour des pouvoirs politiques qui, même autoritaires, seraient l’unique rempart face aux conflits sociaux et à la désintégration du tissu étatique.
En conséquence, le slogan de la continuité est toujours justifié, aussi bien vis-à-vis des puissances occidentales effrayées à l’idée de flux migratoires massifs sur leur territoire que vis-à-vis du peuple qui craint l’insécurité, par l’impératif de la stabilité. En Algérie par exemple, vu que le traumatisme de la guerre civile est vif, le scénario du chaos est agité comme un chiffon rouge devant des masses de jeunes avides de changement.
Tout l’arsenal argumentaire de la nomenklatura tourne autour de ce stéréotype vide de sens alors que le fossé entre responsables politiques et citoyens, né d’une paralysie politique non soignée, se creuse chaque jour davantage. C’est un signe on ne peut plus éloquent d’un divorce irrévocable entre ceux d’en haut et ceux d’en bas. Les réformes placebo « esthétiques », et sans portée stratégique des exécutifs successifs, depuis au moins vingt ans, ont provoqué de la frustration et un sentiment de ras-le-bol général dans la rue algérienne.
Il est désolant de rappeler que, dans cette conjoncture-là, le pays n’est guère invulnérable ! Un scénario à la vénézuélienne est fort probable face à l’entêtement du pouvoir en place à s’accrocher au cinquième mandat de Bouteflika. Cela est d’autant plus inquiétant que les prix du pétrole sont en baisse continuelle.
D’ailleurs, si l’on en croit les prévisions du professeur Chitour, le bas de laine du trésor public pourrait descendre à moins de 30 milliards de dollars d’ici 2022. Si, en plus, nous ne maîtrisons pas les dépenses publiques, nous aurons des taux d’inflation incroyables à deux, voire à trois ou quatre chiffres. Ce qui nous exposera aux pressions étrangères de toutes sortes. La sonnette d’alarme devrait être tirée car, à l’urgence de notre situation économique, s’ajoute celle du blocage politique tous azimuts avec cette candidature ubuesque de Abdelazziz Bouteflika, laquelle cristallise toutes les colères et pourrait mener à l’explosion, sur fond de dissidence citoyenne.
Notre jeunesse a plus que jamais besoin d’un nouveau souffle de liberté. La mentalité du rentier juché sur ses barils de pétrodollar et s’enrichissant aux dépens de la communauté par la corruption a atteint ses limites au jour d’aujourd’hui. Par sa forte mobilisation citoyenne durant ces dernières semaines, le peuple a exprimé son rejet de ce logiciel périmé de la rapine dont ont abusé ses élites gouvernantes.
Préparer un futur pour notre jeunesse en panne d’espérance, devrait présider au choix de ceux qui préfèrent le statu quo et la stagnation aux remises en question et au progrès. Bref, le cinquième mandat est une option suicidaire, non seulement pour ce système grabataire et moribond, mais aussi pour toute cette Algérie qui aspire à autre chose qu’à un fauteuil roulant en guise de symbole !