Il va de soi que, grâce à l’embellie des prix des hydrocarbures, l’Algérie a amélioré son rendement en devises. Mais, contrairement à ce qui a été promis par Abdelmadjid Tebboune, les importations n’ont pas baissé.
Au mois de septembre dernier, elles ont frôlé le cap de 33 milliards de dollars. D’ici la fin de ce mois de décembre, la facture dépasserait, peut-être, les 35 milliards de dollars. Malgré toutes les restrictions imposées dans de très nombreux secteurs, la tendance n’est malheureusement pas inversée.
La Banque d’Algérie confirme d’ailleurs, dans sa dernière note de conjoncture, que ces importations en devises ont continué d’augmenter. Ce qui jure pratiquement avec le discours officiel ambiant qui va dans le sens d’une victoire contre la dépendance de l’Algérie vis-à-vis de l’étranger.
Au total, écrit-on dans la note de la B.A, les exportations de biens et des services ont atteint 28,702 Mds $ au cours des neuf premiers mois de 2021 contre 18,513 Mds $ à la même période de 2020, soit une forte hausse de 10,189 Mds $ (+55,04 %).
En gros, l’unique performance dont peut se targuer l’Algérie jusque-là, c’est la réduction du déficit de sa balance commerciale.
Celle-ci étant passée de 10,504 Mds $ fin septembre 2020 à 1,571 Mds $ fin septembre 2021. Selon la Banque d’Algérie, ce recul assez significatif du déficit est lié, en grande partie, à la forte hausse des exportations de biens : 16,240 Mds $ fin septembre 2020 à 26,402 Mds $ à fin septembre 2021, soit une augmentation de 62,3 %.
Concernant les importations de biens et de services, elles ont connu une très légère hausse de 1,85 %, passant de 32,388 Mds $ en 2020 à 32,988 Mds $, au cours de cette année. Au chapitre des exportations, comme il était prévu par l’ Algérie, elles devraient se situer autour des 32 Mds $.
La rente pétrolière reste l’élément pivotal qui rééquilibre les comptes financiers du pays. Rien n’a changé par rapport à l’époque Bouteflika, concernant la diversification économique.
L’Algérie ne produit presque rien, se contentant de réduire légèrement sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, en s’appuyant sur le pétrole et le gaz.
Et pourtant, nombre de mesures ont été prises afin de réduire la facture des importations. En décembre 2020, par exemple, le paiement des opérations d’importation de produits destinés à la revente en l’état a été soumis à un délai de 45 jours, à compter de la date de l’expédition des marchandises, et payable à terme (Loi de finances 2021).
En juillet dernier, l’importation de carburants a été interdite et en octobre, l’importation de matières premières et de produits destinés à la revente en l’état a été soumise à une autre demande d’inscription au registre du commerce (mars 2021).
De même, la domiciliation bancaire a été suspendue pour les entreprises n’ayant pas modifié leur inscription au registre du commerce. Bref, en dépit de toutes ces mesures restrictives, la facture des importations continue sa hausse. Autrement dit, seule l’augmentation des prix mondiaux des hydrocarbures a permis d’embellir un tant soit peu les finances du pays.
Kamal Guerroua