Lundi 22 novembre 2021
L’Algérie vit-elle un éternel divorce élites-masses ?
Le Hirak est la meilleure expression du fossé entre les élites et le régime.
Lors d’une vaste enquête d’opinion menée en 2019 en Algérie, auprès de larges échantillons de la population, Arab Barometer, un organisme indépendant partenaire de l’Université de Princeton aux États-Unis, nous apprend que seulement 24 % des Algériens estiment que leur pays ressemble à une démocratie.
Et pas moins de 76 % d’entre ces derniers penchent plutôt pour le contraire, c’est-à-dire que leur pays est une dictature. Pour rappel, cet organisme enquêteur est piloté par des chercheurs affiliés au Centre d’études stratégiques de l’Université de Jordanie à Amman, le Centre palestinien de recherche à Ramallah, le Social and Economic Survey Research Institute à Doha et One to One for Research and Polling à Tunis. Quant aux avis des sondés, ils divergent selon leur lieu de résidence et les régions dont ils sont originaires.
A Alger et ses environs par exemple, ils sont pas moins de 39 % à estimer que leur pays fonctionne comme une démocratie. En revanche, dans les wilayas de l’Ouest, ils sont uniquement 26 % des sondés à penser pareil. A l’Est du pays, ce pourcentage est encore plus faible, dans la mesure où, à peine 13 % des sondés issus de cette région considèrent que l’Algérie est une démocratie.
Les experts internationaux de Arab Barometer, tablant sur l’avis de la majorité écrasante des jeunes interrogés, estiment qu’il y a un grand fossé, sinon un divorce entre gouvernants et gouvernés en Algérie.
D’ailleurs, seulement, 17 % des jeunes âgés entre 18 et 29 ans qualifient leur pays de démocratie, alors que plus de 73 % d’autres se rangent de l’avis contraire. En conséquence, la volonté de vivre dans une démocratie marquée par l’alternance au pouvoir, avec des institutions indépendantes et crédibles étant largement répandue au sein de la société.
De même, relève-t-on dans l’enquête, les revendications politiques autour du changement démocratique ne sont pas l’émanation d’entités politiques manipulées depuis l’étranger, comme on le répète régulièrement en haut lieu, mais l’expression d’une aspiration générale à un New Deal politique.
Arab Barometer qui interroge régulièrement, et ce depuis 2006, plus de 25.000 habitants dans sept pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, parmi lesquels le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Liban, la Jordanie et l’Irak, conclut que la majorité des Algériens veulent vivre dans une démocratie basée sur un Etat de droit respectueux des libertés individuelles, n’en déplaise à la propagande officielle qui affirme le contraire, à travers ses différentes chapelles.