L’Allemagne a formellement imputé à la Russie une attaque informatique visant son système de contrôle du trafic aérien ainsi qu’une campagne de désinformation lors des dernières élections législatives. L’ambassadeur russe à Berlin a été convoqué pour répondre à ces accusations, marquant une nouvelle étape dans la montée des tensions entre les deux pays.
Selon les autorités allemandes, ces actions s’inscrivent dans une stratégie de « guerre hybride » menée par Moscou en Europe depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Ce type de guerre combine moyens non conventionnels, sabotage, cyberattaques, espionnage et campagnes de manipulation de l’opinion publique, avec pour objectif de fragiliser les démocraties et semer le doute au sein des sociétés.
Le cyberincident visant le système de contrôle aérien, survenu en août 2024, aurait été orchestré par le groupe de hackers APT28, également connu sous le nom de Fancy Bear, réputé pour opérer sous les ordres du renseignement militaire russe (GRU). Cette attaque soulève des inquiétudes sur la sécurité des infrastructures critiques, notamment celles assurant le contrôle et la régulation du trafic aérien civil.
Parallèlement, la campagne de désinformation, baptisée Storm‑1516, aurait cherché à influencer les dernières élections fédérales allemandes. Elle a utilisé des contenus truqués, des deepfakes et des sites pseudo‑journalistiques pour manipuler l’opinion publique et semer la confusion autour des candidats et des partis politiques.
Berlin assure détenir des preuves « absolument solides » de l’implication directe de Moscou dans ces deux affaires, mais refuse d’en détailler le contenu pour protéger le travail de ses services de renseignement. De son côté, Moscou rejette catégoriquement ces accusations, qualifiant les allégations d’« infondées » et de « absurdes ».
Face à cette situation, l’Allemagne prévoit une série de mesures de rétorsion, en coordination avec ses partenaires européens. Ces mesures pourraient inclure des sanctions ciblées contre des acteurs impliqués, un renforcement de la surveillance des diplomates russes et une vigilance accrue sur les activités numériques susceptibles d’influencer l’opinion publique.
Cette affaire illustre l’intensification des tensions entre Berlin et Moscou et souligne la vulnérabilité des démocraties face aux stratégies hybrides, mêlant cyberattaques et manipulation de l’information. Depuis 2022, les pays européens multiplient les alertes et renforcent leurs dispositifs de cybersécurité pour contrer les tentatives d’ingérence et protéger leurs institutions.
Mourad Benyahia

