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dimanche 14 septembre 2025
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L’ancienneté sans bilan, ou la faillite de l’opposition officielle

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Tout au long de l’année, des partis se réclamant de l’opposition démocratique végètent dans la torpeur confortable de leur compromission avec le régime autoritaire. Ils ne doivent leur survie politique qu’à la générosité intéressée de ce même régime, qui leur concède, à titre de rente, le monopole du terrain de l’opposition officielle.

Ainsi transformés en opposants sous tutelle, ils jouissent d’avantages symboliques et matériels qui leur permettent d’entretenir une illusion d’existence politique, sans jamais franchir les lignes rouges fixées par le pouvoir.

En échange de quelques strapontins dans un parlement vidé de toute substance, ils se contentent d’un rôle de figurants et se complaisent dans la trahison des luttes démocratiques menées par des générations entières de militants. Loin de porter la voix du peuple, ils se limitent à gérer la rente dérisoire de leur représentativité sous perfusion. Leur discours, habillé de nationalisme et savamment calibré, se veut critique mais demeure soigneusement inoffensif, au service d’une stabilité qui n’est autre que la pérennisation du verrouillage autoritaire.

Cette posture clientéliste n’a pu prospérer qu’après la marginalisation méthodique des militants. Le centralisme dit « démocratique », les coups de force et l’imbroglio des Congrès extraordinaires ont ouvert la voie à toutes les dérives. Les structures de base, autrefois élues par les adhérents, ont été remplacées par des instances désignées, affublées de sigles creux tels que CAF. Ainsi, plus de structures de base, plus de souveraineté militante ! Que l’on ne vienne donc pas nous raconter que les militants restent souverains. La réalité est claire, leur voix a été confisquée.

Mais qu’une initiative politique authentiquement ancrée dans la souveraineté populaire voie le jour, et plus encore lorsqu’elle coïncide avec l’approche des élections, et les voilà saisis de panique. Figer la configuration du champs politique pour perpétuer leur monopole sur le terrain de l’opposition est leur préoccupation majeure. L’histoire récente l’a montré à plusieurs reprises. Ce fut le cas lors du mouvement du Printemps noir, comme après l’irruption du Hirak et la naissance du PAD, et c’est encore le cas aujourd’hui avec la dynamique ouverte par la Déclaration de la Soummam 2025.

À chaque fois qu’un élan collectif autonome, porté par une dynamique citoyenne et affranchi du contrôle du régime, a surgi dans l’espace public, ces partis se réclamant de l’opposition s’affolent et aussitôt révèlent leur véritable nature. L’existence même de ces mouvements agit comme un miroir impitoyable. Elle met à nu leur imposture, dévoile leur vacuité et confirme leur rôle de faux-démocratiques, plus soucieux de l’affirmation de soi et de préserver leur rente politique que de défendre la souveraineté populaire.

Incapables de tolérer que soit contesté le monopole factice qu’ils s’arrogent sur l’espace politique, ils endossent soudain le rôle d’opposants intransigeants, mais uniquement pour empêcher toute refondation et tout dépassement du système en place. En affichant une radicalité de façade vis-à-vis du régime, à travers une agitation vaine, ils neutralisent le cœur même des luttes démocratiques et remplissent ainsi la mission essentielle qui leur est implicitement assignée. Leur posture demeure strictement défensive. Leur virulence ne s’exerce pas contre le régime dont ils dépendent et qui les entretient politiquement, mais bien contre les véritables porteurs de l’initiative citoyenne. Ces derniers sont aussitôt délégitimés, disqualifiés comme « extrapolitiques », marginalisés par des accusations infamantes et voués à l’anathème.

Pis encore, ces faux opposants franchissent un pas supplémentaire dans la compromission en appelant directement les autorités à réprimer et à étouffer les initiatives qui les dérangent, les accusant, dans une confusion sciemment entretenue entre l’Etat et le pouvoir, de travailler à la déconstruction de l’Etat et assimilant ainsi leurs actions à des actes terroristes.

Ils confirment ainsi, par leurs propres gestes, qu’ils ne sont nullement des acteurs de la démocratisation, mais bel et bien des supplétifs volontaires au service de l’ordre établi. En jouant ce rôle de courroie de transmission, ils ne défendent pas l’intérêt général ni la souveraineté populaire, mais uniquement la rente dérisoire de leur représentativité sous tutelle.

Ils devraient pourtant reconnaître une dette morale à l’égard de la Déclaration de la Soummam 2025 et du forcing qu’elle a exercé sur eux. Car c’est bien cette initiative, et non une soudaine prise de conscience, qui les a contraints à renouer, du moins pour la circonstance et par le discours, avec la ligne originelle du parti historique dont ils se réclament. Inspirés malgré eux, ils viennent alors de produire pour la rentrée sociale l’un de leurs textes les plus remarquables de ces dernières années, démontrant qu’ils ne sont pas dénués de ressources intellectuelles mais qu’il leur manque la conviction et la volonté politique de les traduire en actes.

Cependant, leurs efforts restent prisonniers d’un calcul rhétorique visant moins à éclairer qu’à tromper l’opinion. Le choix des mots trahit l’intention : parler d’« unilatéralisme » plutôt que d’« autoritarisme », c’est un euphémisme de la réalité. Or, il y a plus à gagner à nommer les choses par leur nom. L’Algérie ne souffre pas d’un simple défaut de concertation, mais d’un système verrouillé qui confisque la souveraineté populaire. Feindre de confondre les deux notions, c’est semer la confusion dans les esprits et tenter de sauver les apparences.

Il convient de rappeler avec force qu’un pluralisme fondé sur une représentation illégitime n’est nullement synonyme de progrès démocratique. L’existence d’une mosaïque de partis tolérés ne suffit pas à faire la démocratie lorsque ces formations se bornent à jouer un rôle convenu dans le théâtre politique que met en scène le régime. Ce « pluralisme » de façade n’est qu’un décor trompeur destiné à donner l’illusion de la diversité, alors qu’il ne sert qu’à masquer la permanence autoritaire et à légitimer un pouvoir qui refuse toute véritable alternance. 

Le pluralisme réel ne se mesure ni au nombre de partis enregistrés ni aux sièges concédés dans une assemblée vidée de sa substance. Il ne prend sens que lorsqu’il traduit fidèlement la volonté des citoyens, garantit l’expression des divergences et ouvre effectivement la voie à l’alternance politique. Tout le reste relève de la supercherie : une mise en scène où des acteurs dociles occupent l’espace public pour mieux neutraliser les voix authentiquement démocratiques.

Dans ce cadre, l’ancienneté du parti, qu’ils brandissent comme fierté et dont ils s’honorent en étant « le plus vieux parti de l’opposition », ne saurait être un titre de gloire. Elle n’est, en réalité, que la preuve d’une incapacité à peser sur l’histoire, la marque d’un bilan peu reluisant et l’aveu d’une longue complaisance dans le statu quo. Se glorifier d’une telle longévité, c’est confondre persistance dans l’impuissance et fidélité à une cause. Or l’opposition véritable ne se juge pas à la durée de vie d’un sigle, mais à la force d’un engagement, à l’aptitude à l’écoute, à la capacité de se remettre en cause et de rompre avec les démarches en solitaire, à la constance des luttes et à la capacité d’arracher des conquêtes démocratiques.

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

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2 Commentaires

  1. Monsieur Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition , merci pour votre contribution mais vous ne dîtes pas comment on peut changer les choses. Beaucoup disent, ce que je partage mon aussi, qu’il est temps de faire pression pacifiquement sur le pouvoir pour le convaincre d’accepter une transition démocratique inclusive avec un objectif et un calendrier clair pour mettre en œuvre une nouvelle gouvernance plus démocratique, pour parvenir progressivement à un Etat de Droit , en élaborant une sorte de pacte national pour «refonder l’État» , un nouveau contrat social et politique par un dialogue national inclusif , transparent et sincère.

    Pendant la période de transition, il est question bien sûr de désigner un gouvernement de transition , un gouvernement de transition constitué de personnalités compétentes, intègres, patriotes pour gérer entre temps la continuité de l’Etat et de ses institutions. Ces personnalités ne devront pas prétendre à occuper de hauts postes politiques à la fin de leur mission pour rester crédibles. Voilà une piste de réflexion que les démocrates devraient creuser pour déboucher sur quelque chose qui tient la route, une feuille de route politique claire ce qu’on n’a pas réussi à faire lors de la révolution citoyenne Irakienne. Mes respects.

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