22 novembre 2024
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L’Arabie saoudite torpille les efforts de l’OPEP+ 

DECRYPTAGE

L’Arabie saoudite torpille les efforts de l’OPEP+ 

Une conférence de presse jugée à l’unanimité des analystes de trop s’est tenue le lundi 8 juin au siège du cartel pétrolier à vienne. Lors de cette rencontre organisée par le secrétariat général de l’OPEP à Vienne avec la presse internationale par visioconférence, en présence des présidents du groupe OPEP+, du président de la conférence lui-même et les ministres russe et saoudien de l’Energie.

Le sujet qui devait en principe tourner autour des mesures prises par les membres sur l’éventuelle reprise des activités de production dans les principaux gisements de pétrole libyens a été réorienté par le frère du prince Mohamed Ben Salmane, chargé de l’énergie du royaume. Ainsi, le ministre saoudien du Pétrole a fait savoir que les réductions volontaires, hors quota décidées par son pays, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Sultanat d’Oman ont contribué au redressement des prix, ajoutant que ces réductions se poursuivront jusqu’à fin juin puis s’arrêteront. Il n’a pas été très optimiste comme l’est le président de la conférence, ministre de l’énergie algérien sur les perspectives du marché.

Pour le jeune prince, il est prématuré d’évoquer la politique de production en août, au vu des incertitudes prévalant sur les économies mondiales, notamment avec la propagation de la pandémie Covid-19. 

Le marché a toute de suite réagi à la baisse car les courtiers ne s’attendaient pas que les quatre poids lourds du Golfe décident d’arrêter en juillet les coupes supplémentaires qu’ils s’étaient imposées en plus de celles décidées au sein de l’OPEP+.

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Dimanche soit un jour après la décision jugée historique de l’OPEP+ de reconduire leur réduction jusqu’au fin juillet, la Compagnie nationale de pétrole Libyenne (NOC) avait annoncé la reprise de la production sur l’un des plus importants champs pétroliers de Libye, bloquée depuis janvier par les forces alliées au maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est du pays. Même si d‘une manière fortement diplomatique, le ministre algérien devait souhaiter aux frères libyens « la bienvenue », cette reprise pourrait directement poser de sérieux soucis pour l’application de l’accord qui vise la stabilité du marché pétrolier. Le résultat ne s’est pas fait attendre. Les cours du pétrole ont terminé en baisse car les investisseurs digéraient mal cette tergiversation des principaux membres du cartel et le but qu’ils visent.

A Londres le baril du Brent de la mer du Nord référence européenne et proche du Sahara Blend a rompu son élan de la veille pour reculer de 1,50 dollars pour finir ce matin mardi à 40,24 dollars le baril. A New York, le baril américain le WTI a lâché plus de 1,36 dollars par baril pour s’établir à 37,42 dollars le baril.            

Finalement, la satisfaction de Trump et son équipe de producteurs de schiste n’a été que de courte durée  puisque cet ensemble américain avait salué la veille avec un fort soutien la décision de l’organisation  pétrolière d’œuvrer pour relever les prix. Pourquoi ? Cela leur permettra de revenir sur le marché. On a annoncé en grandes pompes pas loin qu’hier que la production de pétrole aux États-Unis devrait augmenter, les producteurs de schiste qui envisagent la décision de l’OPEP+ de soutenir les prix sont prêts à réactiver les puits quelques semaines seulement après leur fermeture. 

Les analystes avaient de suite prédit que  la production pourrait augmenter d’environ 2 millions de barils par jour, soit 20%, d’ici à la fin du mois d’août, alors que la majeure partie de l’offre fermée pendant la récente chute des prix est remise en service. Tout porte a croire  que le royaume wahhabite n’a pas changé de tactique, celle d’accroître la part du marché de leur Arabian Light fortement concurrencé par le schiste américain en Asie même s’il est vendu a prix plus élevé.

Les ventes de l’Arabian  Light, représentent plus de la moitié du total des exportations saoudiennes de pétrole. S’agit-il de l’éternelle contradiction de l’Arabie Saoudite de se tirer une balle dans le pied en voulant gagner des parts du marché ? 

En effet,  à 40 dollars le baril, seule la moitié du budget saoudien sera financée par son pétrole, en théorie, et cela ne suffira pas pour le Royaume. Le pays  tente de faire donc ce qui est logique : augmenter le prix de son côté, pour imposer une prime sur le reste du marché. D’autres raisons expliquent également le changement dans la stratégie saoudienne. L’une d’elles est la réunion de l’OPEP de samedi, dirigée par le royaume, qui a prolongé jusqu’en juillet l’engagement du groupe à réduire de 9,6 millions de barils par jour la production mondiale de pétrole.

De plus, pour la première fois depuis des années, la réunion s’est déroulée sans dissension contre les dirigeants saoudiens, bien que Riyad ait pointé du doigt les « tricheurs » des quotas de production au sein du groupe. Avec tout cela, Riyad pousse maintenant les prix à la hausse, essayant d’atteindre 50 dollars le baril, ou aussi près que possible des 80 dollars et plus nécessaires pour équilibrer le budget. Ils pourraient continuer à progresser avec le Brent, la référence mondiale en matière de brut.

Cependant, la mise en œuvre reste contre productive non seulement pour le royaume mais entraîne avec elle tous les producteurs de pétrole dans le monde y compris la Russie et les producteurs de schiste américains. La réaction de Trump est très attendue en perspective… 
 

Auteur
Rabah Reghis

 




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