20 avril 2024
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L’armée, le peuple et la danse du ventre

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L’armée, le peuple et la danse du ventre

« On dit d’un homme qu’il est raisonnable comme les putains disent d’un client qu’il est sérieux », Léon Bloy 

. « L’indépendance, est comme un pont, au départ personne n’en veut, à l’arrivée tout le monde l’emprunte ». La petite bourgeoisie prend le pouvoir à un moment où l’Etat naissant est fragile. Elle voit toutes ses possibilités d’ascension ouverte. La participation aux instances supérieures du pouvoir suppose comme condition préalable la participation à la guerre de libération nationale. C’est la « sacralisation des armes » Les pratiques de cooptation qui prévalaient durant la guerre de libération nationale ont survécu après l’indépendance.

Ces pratiques fonctionnent toujours à tous les niveaux de la pyramide politique et économique du pouvoir. Ce comportement s’explique par la volonté des responsables militaires de trouver chez les élites intellectuelles, la compétence technique ou économique qui leur manque pour la gestion des administrations et des entreprises publiques. Cependant, cette collaboration est astreinte à une seule condition : la soumission des intellectuels à la suprématie politique des dirigeants militaires issus de la guerre de libération nationale. Les intellectuels vont dépendre du pouvoir pour survivre. 

Au lieu de constituer l’âme de la société, ils vont dépendre des ponctions sur la rente. Leur réussite se mesure par leur capacité à bénéficier de privilèges grâce à leurs positions hiérarchiques. Ces positions leur permettant de renoncer à leur fonction critique. C’est l’allégeance et la vassalité. L’intelligence s’était mise au service de la ruse. 

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Autant la ruse paysanne était salutaire en temps de guerre, autant elle devient mortelle en temps de paix. En temps de guerre, il s’agit de combattre l’ennemi et de le vaincre ; en temps de paix, il s’agit de construire son pays et de faire le bonheur de son peuple. Avec la politique du ventre, «on ne réfléchit plus, on mange».

Comme dit un proverbe africain, « la chèvre broute là où elle est attachée ». On ne parle pas avec la bouche pleine. Le verbe « manger » se conjugue en politique à tous les temps à la première personne du singulier. D’où cette injonction populaire majeure et permanente : «Pourquoi ne fais-tu de la politique pour manger comme tout le monde ?».

C’est quoi cette politique du ventre ? C’est une politique dans laquelle le soin à apporter au tube digestif et à l’accumulation des fortunes est primordial. Elle éloigne ses pratiquants de toute conviction, il n’y a que le ventre qui compte. «On marche sur son ventre ». La plupart des Algériens n’aiment pas aller au paradis le ventre creux, ils préfèrent partir à l’enfer le ventre plein pour se nourrir du contenu de leurs entrailles.

Le ventre est l’épicentre de tous les courants politiques islamistes ou laïcs qu’ils agissent au nom de la religion, de l’Etat ou des droits de l’homme. Ils sont tous animés par la volonté de faire fortune ou de se remplir le ventre sans investir et sans produire. Cette politique ne s’accommode pas de la présence d’économistes, ceux sont des troubles fêtes, il faut s’en débarrasser ; on leur préfère de loin les « gargantuas ». L’appétit venant en mangeant et la réussite matérielle en rampant. C’est une politique dans laquelle on accepte toutes les compromissions, pourvu que le ventre soit plein. « Qui rentre fait ventre ». 

Qu’importe si plus tard on fera l’objet de chantage. Le chantage est une arme redoutable en politique. Personne ne peut y échapper. Le feu n’épargne que les ventres vides. Faut-il faire la grève du ventre pour s’en prémunir ? Qui en a le désir ? Ou plutôt qui a intérêt ? Evidemment personne : « C’est le ventre qui porte les pieds et non le contraire ». C’est la poche saharienne qui finance la politique du ventre. « Quand le ventre est plein, il demande à la tête de chanter ». 

De la danse du ventre au nu intégral, l’élite intellectuelle au pouvoir ou dans l’opposition ne séduit plus, elle se prostitue. Elle se donne au plus offrant, Le peuple est pauvre, le pouvoir est riche ; l’un est frais, il est puceau, tout a un début ; l’autre est âgé, il est usé ; le corps dépérit mais le désir ne s’éteint jamais. L’Occident et le monde arabe voient par le trouve de la serrure. Ils sont dans le voyeurisme. Les jeunes sont dans l’action, les vieux dans la contemplation. 

Auteur
Dr A. Boumegrag

 




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