Jeudi 14 octobre 2021
L’ascension de Zemmour et le déclin de la gauche !
Alors même qu’il n’est pas encore candidat, la gauche, toutes tendances confondues, de la plus molle qui se couche allégrement au moindre grondement de la droite, à la plus dure qui espère la résurrection de Staline, se jure de faire barrage à Zemmour, si toutefois il passerait le cap du premier tour des prochaines présidentielles, face à Emmanuel Macron.
Voilà ce que la gauche trouve comme réponse quand elle est acculée au mur. Devant la Zemmourisation de la société française, arrêtez Zemmour devient l’ascèse par laquelle la gauche compte sauver la république. Bravo! C’est ça que j’appelle frapper un mur.
Mais la gauche n’est pas à sa première saillie historique. L’islamisme n’est pas un monstre. La gauche a raison : il y a toujours pire! Il y a l’islamophobie, ce concept dont elle est l’instigatrice et qui consiste à interdire toute critique de l’islam, à bannir toute analyse de l’islam, même avec les outils de l’anthropologie politique, de la sociologie et de l’histoire. Comment peut-elle se vanter de ce concept, sans un regard brûlant vers Charlie Hebdo et le sang versé par Charb, Cabu, Tignous, Wolinski…, au nom du Blasphème? Non, il y a longtemps que la gauche a cessé d’être la gauche. La gauche qui se présente à nous, depuis maintenant des années, a en commun avec l’islamisme, le populisme qui trouve ses racines dans la pensée binaire.
L’ascension soudaine et fulgurante d’Éric Zemmour dans les sondages n’est pas le fait des enquêtes d’opinion, mais d’un marasme politique qui frappe l’ensemble de la classe politique, incapable de désigner le mal civilisationnel que représente l’islamisme. C’est un évènement politique grandeur nature, jamais encore connu sous la cinquième république. Il prend cette ampleur parce que la gauche n’a jamais valdingué aussi loin de ses convictions politiques que ces vingt dernières années, pour finalement laissé le terrain libre à Zemmour qui, loin d’affirmer des contre-vérités sur le processus d’islamisation des banlieues, ratisse large et vise la réappropriation de toute la géographie des luttes pour la laïcité et la démocratie, sciemment délaissées par la gauche.
Si Zemmour laisse à la gauche des éléments de débats qui justifient largement la condamnation, l’offuscation et l’indignation générale, comme sur le régime collaborationniste de Pétain, les enfants victimes de Mohammed Merah, ses injures raciales, la peine de mort, sa misogynie, ou encore son obsession sur les prénoms français, il domine, seul, et avec des faits irréfutables, le débat sur le péril islamiste en France. Si Marine Le Pen a tué le père, Zemmour l’a ressuscité.
Ce que la gauche refuse de voir et d’entendre, c’est que l’immigration laïcisée des années 60 et 70 n’est plus la même qui occupe les banlieues aujourd’hui. Cette génération d’immigrés, qui a été derrière l’essor économique français, ne portait pas le voile et ne fréquentait les mosquées que rarement, à l’exception des grandes célébrations religieuses. Le rite n’était pas détaché des autres fonctions de la religion qui donnent un sens à la foi, contrairement à aujourd’hui où c’est sous la houlette du ministère de l’intérieur que le culte est géré.
Pour cette génération d’immigrés, la foi était une question strictement personnelle, apaisée, et apaisante dans ses liens avec les autres confessions, contrairement à aujourd’hui, où sa politisation l’a rendue belliqueuse et conquérante. D’ailleurs, l’islamologue, Mohammed Arkoun, réfutait l’idée de musulman modéré, pas plus qu’un islam authentique. Il déclarait, entre autre, que l’islam est cet intrus qui est venu remettre en cause cette construction historique de la laïcité, née d’un face à face historique et douloureux entre l’église catholique et une bourgeoisie, qui a construit tout ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de raison des lumières.
La banlieue que décrit Zemmour, avec justesse, est bien celle où se côtoient impunément, dans les sous sols lugubres des HLM , les tournantes et les fatwas. Oui, dans certaines banlieues, il n’est plus possible pour les filles de sortir en minijupe. Oui, dans certaines banlieues, il est interdit à des femmes de rentrer dans des cafés. Oui, dans certaines banlieues, le port du voile a pris le dessus sur le droit civil français, Oui, l’islamisation de l’espace public se fait au détriment des lois sur la laïcité.
Oui, dans certaines banlieues, les revendications d’ordre communautaristes, comme les cantines, les sorties scolaires, les pratiques sportives, les piscines, les expositions interdites, prennent le dessus sur les lois de la république.
Oui, le port du voile n’a rien avoir avec la foi, il est éminemment un moyen d’expression politique dans l’espace public, comme l’explique clairement l’islamologie Mohammed Arkoun, mais que la gauche considère comme du folklore, confondant ainsi les arts et la culture avec les armes et l’acculturation. L’extrême gauche de Besancenot va encore plus loin dans le déni et le refoulement de sa propre identité politique, puisqu’elle a osé présenter une femme voilée pour les élections régionales de 2010. On apprend par l’héritier de Trotski que l’on peut être féministe, laïque et voilée. Il a du tendre une oreille docile à Hanoune, en Algérie, pour affirmer une telle insanité, alors qu’Amel Zenoune et tant d’autres femmes ont été assassinées par la horde islamiste parce qu’elles refusaient de porter le voile.
Oui, dans certaines banlieues, les associations de quartier, censées travailler le lien social, s’occupent à endoctriner une génération de jeunes désœuvrés, coupés de cette France inatteignable, inaccessible, de l’omniscient Mélenchon et des autres qui nient le péril islamiste. Oui, certaines de ces associations, proches de la confrérie des Frères musulmans, bénéficient toujours de subventions de l’État français et même de l’Union européenne. Oui, la gauche de Hollande, par l’entremise de sa ministre de l’éducation nationale Nadjat Vallaud Belkacem, a fait rentré l’UOIF, la branche française de la confrérie des frères musulmans (renommée en 2017 musulman de France), dans le giron officiel et douillet de l’enseignement privé, donnant ainsi la possibilité à cette organisation d’enseigner et de structurer le Djihad selon la pensée de son sulfureux fondateur, Hassan El-Banna.
Après les mosquées, Makhlouf Mameche, vice-président de cette organisation, promettait de construire des écoles, d’où partirait le projet d’instauration d’un État islamique en France. Ben Laden n’aura jamais été aussi proche du Panthéon que les avions qui se sont abattus sur les deux tours du World Trade Center en 2001!
Comment peut-on nier l’évidence de ces faits qui se sédimentent aux portes de la république sans que cela ne gêne la gauche qui, jadis, avait fait de la séparation de l’Église et de l’État son identité politique, sa lutte infatigable et non négociable? Mais il faut comprendre que c’est dans ces territoires de l’islam politique, dont l’UOIF ne peut que sacraliser l’existence pour peser de tout son poids sur le sort des élections présidentielles, que la gauche implore des voix aux islamistes, quand elle ne se prostitue pas sur les trottoirs des dictateurs d’Afrique ou d’Amérique latine.
Le constat fait par Zemmour sur l’islamisation des banlieues ne peut être nié, camouflé, terré sous quelque prétexte que ce soit. À force de se compromettre avec l’islamisme, à force de regarder les banlieues à partir de son salon du seizième ou dix-septième agrandissement, la gauche a permis à Zemmour d’user de cette radicalisation, devenue androgène et prédominante, pour établir une relation de condescendance et de mépris entre la France des dominants à l’adresse de la France des dominés. Nié l’islamisme galopant dans le pays, c’est ouvrir une voie inespérée à Zemmour pour se présenter comme le sauveur des classes possédantes et dominantes, tout en s’affranchissant des partis conventionnels, tous discrédités.
Oui, messieurs de la gauche, c’est tout à votre honneur de se liguer en un seul homme pour arrêter l’ascension de Zemmour, mais, détrompez-vous, votre bégaiement face à l’islamisme vous fera perdre la France de Jules Ferry et Jean Jaurès.