24 novembre 2024
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L’avocat marron, le combinard et moi le fellaga

LE COMMANDANT AZZEDINE REVELE

L’avocat marron, le combinard et moi le fellaga

La cour de Chéraga m’a adressé une convocation pour son audience du 6 mars prochain. Rien que de très normal que de comparaître à la citation d’un tribunal qui vous y assigne. Mais voilà, l’accusation relève d’un mauvais scénario tant il paraît  incroyable, invraisemblable, inouï, je dirai même abracadabrantesque. J’ai trop de déférence pour la justice de mon pays, pour ne pas prendre très au sérieux une citation de la respectable institution.

Je suis accusé d’avoir émis des chèques sans provision d’une valeur que seule la bouche peut prononcer. Trois chèques respectivement de : 125 milliards de centimes pour le premier ! Un deuxième de 60 milliards de centimes et un troisième de 35 milliards de centimes ! J’avoue ne pas m’en remettre.

Inutile de préciser que je n’ai jamais au grand jamais, émis ces chèques.

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Cependant de telles sommes laissent des traces quant à la contrepartie reçue en échange. Qu’est-ce que cette personne ou ces personnes m’ont remis en échange et que je cacherai. Que m’ont-ils vendu ? Quel service m’ont-ils rendu et qui équivaudrait à des telles mirobolantes factures ? Suis-je redevable de sommes d’argent ?  

Je reconnais que M. Tahkout, des transports estudiantins qui serait un des plaignants, m’a prêté la somme de 15 milliards de centimes. Tout comme il a semé l’information à toute l’Algérie qui le sait puisque, la chaiîne Numidia, qui est sa propriété, en a fait un feuilleton, qui passe en boucle en prime time, depuis plus d’un an, au mépris de la loi, de la déontologie et de l’éthique, le tout sous l’œil bienveillant, indulgent, sans doute même amical, de l’ARAV autorité chargée de veiller au bon usage des médias du secteur audiovisuel.

Mais comme dit l’adage il n’y a pas de fumée sans feu.

Depuis quatre ans, jour et nuit, mon esprit est hanté par le dédommagement de personnes qui ont placé leur argent dans une calamiteuse affaire qui m’a ruiné, ruiné ma famille et des amis. Ma seule préoccupation était de les rembourser à hauteur des sommes qu’ils ont avancées, déduction faite des dividendes perçus. Car certains ont perçu des gains non négligeables et pour quelques-uns plus qu’ils n’en ont investi. Mais, passons…

Depuis 1966, j’exploite un immeuble de rapport situé rue Hammani (ex-Charras). Je n’ai jamais manqué de payer les impôts et taxes y afférant.

J’ai pensé à vendre cet immeuble et me libérer du poids de mes obligations envers les investisseurs. Sa vente était pour moi, la seule et unique solution pour rembourser tout le monde, rubis sur ongle.

C’était mon dernier espoir pour que je me débarrasse une bonne fois pour toutes,  cette boite à chagrin.

A la recherche d’un avocat, pour coordonner les opérations de remboursement que je pensais imminents, des amis m’ont conseillé Me Farouk Ksentini. Un homme que je ne connaissais qu’à travers les éloges ou parfois les critiques de la presse.

Le règlement était simple. J’ai accompli les démarches nécessaires pour faire l’acquisition de l’immeuble. Mais c’était compter sans les calculs de tiers qui surveillaient l’affaire et me surveillaient comme le lait sur le feu.
Un blocage de taille surgit !

On m’a appris Ô surprise qu’une transaction avait été passée en catimini, à mon insu, entre « l’Etat », allez savoir qui, et quand, et le propriétaire français. Sic !

Alors que j’en étais l’occupant sous toute la présidence de Houari Boumediène, celle de Chadli Bendjedid, Mohamed Boudiaf, Ali Kafi, le Président Liamine Zeroual et le Président Bouteflika du moins jusqu’à 2015.

J’ai adressé une correspondance au Président de la République, la première d’une longue liste qui restera sans réponse, afin qu’il puisse m’aider à débloquer la situation. Sa réponse, la seule et unique, a été sous la forme d’une invitation par le premier ministre M. Abdelmalek Sellal, qui m’a accueilli. Il m’a informé que le président lui avait enjoint de régler cette affaire dans les meilleurs délais.

Que s’est-il donc passé pour qu’une machine qui a roulé sans encombre depuis 51 ans se grippe subitement ?   

Je ne connaissais M. Tahkout, que de nom. Sans que je ne lui demande quoi que ce soit, il s’est de lui-même, proposé de me faire un prêt de 150 millions de dinars pour m’aider à régler une partie les remboursements. Tout en me demandant l’origine de cette manne, venue d’un généreux créancier, j’accueillis avec joie la proposition.

J’ignorais  que cette bienveillance cachait en fait l’histoire du pot de fer et du pot de terre, puisqu’il me somma de lui rembourser illico presto, l’argent  avancé.

Tout s’éclaircissait. La vente avait été bloquée par le Premier ministre Sellal qui n’a jamais eu l’intention de régler ce problème malgré les injonctions du Président de la République. Tant que j’exploitais cet immeuble et que je bénéficiais de l’usufruit tout allait selon leurs prévisions. Autrement dit, à ma mort « ils » allaient s’en emparer sans autre forme de procès.

De son côté, M. Tahkout, qui avait décidé de prendre l’immeuble par tous les moyens, y compris les plus délictueux, il était convaincu qu’étant dans l’impossibilité de procéder à l’acquittement, dans l’immédiateté, j’allais tout naïvement passer la main pour un bouchon de carafe.

Je reconnais avoir remis des chèques à blanc signés, à mon avocat Me Ksentini afin de payer mes créanciers après la vente de l’immeuble.

Pourquoi ces chèques réapparaissent-ils après l’assassinat par les services de sécurité de mon gendre Hamza Hadjouti ?

Avant même que la gendarmerie de Bab-Djedid ne nous apprenne la terrible nouvelle, j’avais rencontré Me Ksentini, la veille plus exactement, chez moi. Il me tenait des propos ahurissants, inintelligibles. Je me suis même interrogé sur son état de santé mentale.

« Tu habites bien avec le Président Bouteflika », m’avait-il dit (sic).

Il m’avait appris qu’il était quotidiennement convoqué par le DRS à la caserne Antar à Hydra, afin qu’il s’explique sur sa déclaration concernant son entrevue avec le Chef de l’Etat qui lui aurait déclaré qu’il optait pour un cinquième mandat.

Lorsque je lui ai demandé quelle mouche l’avait piqué pour qu’il fasse une telle déclaration, il me répondit sans se démonter que c’était « mon gendre Hamza qui la lui avait dicté » !!!

Mon gendre, un fellah ! Hamza, l’apolitique qui ne lisais du journal que les résultats sportifs et la page des faits divers !

Cette machination combinée contre moi par l’avocat, l’homme d’affaires, et les politiques qui ont fait obstacle à l’acquisition de l’immeuble n’a depuis le départ deux objectif :
– Primo : me déposséder de mes droits sur l’immeuble.

– Secundo : Me faire taire.

Et vous pensez-bien que cela ne se fera pas sans complicités…

Cdt Azzedine.

 

Auteur
Azzedine Zerari

 




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