Pas de grande annonce ! Ni de contrats du siècle. La Première ministre française a passé deux jours à Alger avec quinze ministres. Pourquoi faire ? Ce voyage présenté comme important par les deux capitales est surtout marqué par de nombreux symboles, mais peu d’actes concrets.
Des symboles, beaucoup de symboles pendant ces deux jours de visite de Borne à Alger. En revanche, d’accords concrets, sonnants et trébuchants rien. Aucune lisibilité sur ce qui a été déclaré. Certes, douze protocoles ont été signés entre les deux parties, parmi lesquels beaucoup de déclarations d’intentions. Mais malheureusement rien de bien spectaculaire sur le fond. Trop tôt pour l’affirmer ? Sans doute quand on sait les orages qui ont secoué les relations entre les deux pays.
C’est une première étape, selon le Premier ministre algérien Aïmen Benabderrahmane, qui veut croire que les contrats viendront ensuite. « Il y a des discussions qui se poursuivent dans les domaines où nous n’avons pas encore signé d’accords, des discussions entre ministères pour aboutir à des signatures, assure-t-il. Il y aura d’ailleurs des visites de ministres de part et d’autre pour aller vers ces nouveaux horizons. » En clair, ce sont les mêmes déclarations d’intention, empreintes de promesses de renouveaux qui ressortent ces deux jours que ce que la visite de 2017. On en est là.
Le Premier ministre en a aussi profité pour lancer un message aux investisseurs français, comme une invitation : « Bienvenue aux investisseurs français en Algérie. » Appel entendu par Elisabeth Borne qui lui a répondu lors d’une conférence de presse : « L’Algérie est engagée dans une ambitieuse diversification de son économie. Les entreprises françaises sont prêtes à participer à ce mouvement, à contribuer à l’amplifier« , déclare-t-elle.
Importation de voitures
Hasard de calendrier ! Alors même que la première ministre française est à Alger, le chef de l’Etat convoque un conseil des ministres exceptionnel. On croyait à quelques mesures urgentes ! Eh bien non. A voir le contenu de ce conseil, seul l’autorisation une nouvelle fois de l’importation des voitures de moins de 3 ans constitue la nouveauté. Le reste relève du remplissage. Le marché d’importation des voitures va inévitablement réconforter les fabricants et concessionnaires français surtout quand on sait que le marché de voitures neuves en France connaît une embellie.
Les immatriculations de voitures neuves ont en effet augmenté de 5,46% en rythme annuel en septembre, montrent les données publiées samedi 1er octobre par la Plateforme automobile (PFA). L’Algérie pourrait constituer un débouché pour les véhicules – de 3 ans. Et du coup préparer le terrain à l’électrique.
Une visite pour rassurer
Des échanges de sourires, de poignées de mains, des recueillements… l’ambiance à Alger n’est pas celle de crise qu’Elisabeth Borne connaît à Paris.
Après deux jours sur place, Elisabeth Borne a quitté Alger ce lundi pour retrouver le dossier brûlant de la crise d’essence en France.
La Première ministre est reçue une dernière fois avant son départ par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, lundi 10 octobre. Une rencontre comme un dernier symbole de ce regain de chaleur entre Paris et Alger. Il faut toutefois rappeler que Tebboune reçoit tous ceux qui passent par Alger : ministre, ambassadeurs… Donc cette réception n’a rien d’exceptionnel en soi.
L’objectif de cette visite ministérielle – 15 membres du gouvernement étaient présents aux côtés d’Elisabeth Borne – était bien de montrer que tout va mieux entre les deux pays.
La question mémorielle
« J’ai le sentiment qu’ensemble, nous avons avancé et que le CIHN nous a permis de poser les fondements d’un partenariat renouvelé, inscrit dans la durée et qui profitera à nos jeunesses », a souligné Elisabeth Borne, souhaitant que la Déclaration d’Alger (signée fin août dernier par Tebboune et Macron « s’incarne dans des actes et dans un engagement durable et bénéfique pour nos deux pays et pour nos deux peuples ».
Rebâtir un nouveau lien économique entre les deux pays sera donc l’un des chantiers des années à venir, alors que les parts de marché françaises s’effritent en Algérie. C’est de cela qu’il s’agit. Les entreprises françaises veulent reprendre leurs parts.
D’autres dossiers restent à traiter, comme celui des visas, où tout est encore à faire manifestement. Paris veut conditionner l’octroi de visas supplémentaires à la bonne volonté de l’Algérie pour reprendre ses ressortissants arrivés illégalement en France.
« Nous avons échangé sur des noms et on est en train de stabiliser la composition. C’est vraiment une affaire de jours pour pouvoir la mettre en place« , a expliqué Elisabeth Borne. Une commission qui permettra peut-être d’enfin écrire cette nouvelle page de l’histoire entre les deux pays. Donc un déplacement pour échanger des noms sur une commission d’historiens !
Sofiane Ayache