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Le cabanon et le printemps berbère

REGARD

Le cabanon et le printemps berbère

Bien avant mon directeur, Benchicou, j’ai habité lé cabanon. C’est là qu’était emprisonné Aït Ahmed.

C’est de cet endroit clos situé au fin fond des Quatre-Hectares de la prison d’El Harrach qu’il se serait évadé. Comment a t-il fait ?

Le cabanon est entouré de quelques cellules d’isolement où on enfermait les méchants, les fous et les homosexuels. Haram !

Quelques blocs plus loin, il y avait, dans un quartier réservé « enfermés » une tripotée de PDG accusés de corruption.

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Ils nous ont avoués eux-mêmes qu’ils quittaient la prison quand ils voulaient. Au gré des invitations qui leurs parvenaient du Club des Pins.

Il y avait , entre autres avec nous, les plus hauts responsables de l’Ofla et du complexe olympique. On fréquentait aussi un cadre supérieur devenu plus tard, ministre régalien. L’Algérie n’est pas très rancunière avec les gens qui géolocalisent les pis !

Il y avait là beaucoup de fous dont un qui a eu la lumineuse idée de créer un cendrier sur son front. Il en est mort peu de temps après. J’en ai vu un autre qui excellait dans les arts plastiques. Tous les soirs , il repeignait les murs de sa cellule avec son caca. Pour nettoyer tout ça, les matons ne se gênaient pas. Ils usaient d’un tuyau d’arrosage à haute pression !

Pendant ce temps, l’Algérie officielle festoyait, à l’aise, au Palais des nations et les coulisses des hôtels du littoral.

Je me souviens aussi de ces deux villageois kabyles revenus d’un procès en assises et qui n’avaient pas compris le verdict prononcé en arabe nucléaire qui a été prononcé à leur encontre.

Arrivés au quartier des isolés, on les habille de blanc et on leur offre du café noir. Un grand privilège !

Je me souviens qu’avec Rabah Balaouane et Mouloud Fellag, deux co-détenus, nous leur avons expliqués qu’ils étaient condamnés à mort.

Nous leur avons servi de portes plumes pour solliciter la grâce de Chadli. Ils avaient assassiné un gars de leur village pour lui voler son premier salaire de commis de cuisine. Ils ont échappé à la mort.

En prison, nous étions vingt-deux, « hébergés » dans le cabanon d’Aït Ahmed ». Deux autres de nos camarades, un homme et une femme étaient en liberté surveillée. Nous , nous sommes les détenus , avec ceux de Béjaia, du primtemps Bérbère. Nous avons été arrêtés le

23 Mai 1981 et libérés aprés une grève de la fin et une campagne de presse internationale, en Octobre de la même année.

L’histoire du Printemps berbère écrite et manipulée par le groupe de Tizi Ouzou, notamment par les amis de Sadi ne retient comme anciens « moudjahids » que les 24 de Berrouaghia ! C’est un hold-up qui rappelle celui de l’armée des frontières en 1962.

Beaucoup parmi les détenus de 1980 ont remplilé en 1981, puis en 1985. Ils ne s’en vantent pas.

Quelques uns parmi nos co-détenus de l’époque sont aujourd’hui décédés. Leurs noms mériteraient d’être rappelés au souvenir des enfants , du peuple qui occupe Alger tous les vendredi. Le Hirak n’est pas né de rien. Il a de qui tenir !

Demain, ne faisons pas comme la clique de Tizi-Ouzou 80. N’oublions personne!

Auteur
Meziane Ourad

 




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