25 avril 2024
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Le CAMAN dresse un sévère réquisitoire sur la gestion de la crise

OPINION

Le CAMAN dresse un sévère réquisitoire sur la gestion de la crise

Le Collectif des amis du manifeste pour l’Algérie nouvelle (Caman) a rendu publique une déclaration  sur l’épidémie du Covid-19

Avant tout, les membres du CAMAN tiennent à rendre hommage et à témoigner  de leur profond respect aux personnels soignants et auxiliaires de santé et s’inclinent devant la mémoire de ceux qui sont décédé dans l’exercice de leur profession. 

La crise sanitaire qui malheureusement semble partie pour durer, aggrave la précarité économique et sociale de millions d’Algériens d’autant qu’actuellement, l’épidémie accuse une progression alarmante. Cette progression est bien sûr liée à la méconnaissance des scientifiques de ce nouveau coronavirus qui a surpris les populations de la planète entière tétanisées par l’évolution imprévisible de la pandémie.

Cependant, il est certain que dans notre contexte national, cette progression est aussi le résultat d’une réponse institutionnelle insuffisante et inadaptée, menée par un personnel politique et administratif coupés depuis fort longtemps de la réalité.

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De quelques cas signalés à la fin du mois de février 2020, l’épidémie de la Covid 19 se transforme au fil de la gestion centralisée et souvent inconséquente en une véritable menace sanitaire de masse qui échappe au contrôle des autorités sanitaires et des institutions de l’état.

Le confinement partiel du mois de mars, comme le dé-confinement qui a suivi au mois de juin n’ont produit aucune décrue des contaminations remettant en question la méthode adoptée.

Les chiffres officiels, en l’absence d’un organisme national indépendant de statistiques et d’analyse, sont régulièrement contredits par les retours issus du terrain et les déclarations de lanceurs d’alerte. La saturation des hôpitaux publics et le cri de détresse des personnels de santé confirment la triste réalité que le régime veut cacher à l’opinion nationale et internationale. 

La décision politique extrême de fermer les frontières nationales s’est accompagnée d’une stratégie pleine de contradictions et sans lisibilité au plan interne, incapable de hisser la nation à la hauteur des défis qu’impose ce danger sanitaire exceptionnel. 

La commission de veille et de suivi scientifique de la Covid-19 ainsi que le gouvernement ont pris le risque d’une communication non transparente et en total décalage avec la réalité du terrain. Elle s’est cantonnée aux chiffres des statistiques sans traitement analytique en évacuant les conséquences économiques et financières sur les populations et les risques induits par la rupture dans la prise en charge des autres maladies de même qu’elle n’a jamais fait mention des dépenses générées par la crise. 

En tout état de cause, la Covid-19 aura confirmé le constat unanime de l’état de délabrement du système de santé depuis au minimum trois décennies. Cela  n’échappait  ni aux professionnels ni aux usagers et encore moins au pouvoir politique. 

La défaillance politico-administrative et sanitaire se traduit par une désorganisation des services publics rendant impossible le respect des mesures barrières ; générant des  pénuries au niveau des services médicaux, le tout aggravé par une multiplication de textes et de décisions illisibles et contradictoires. 

Alors que les populations dans toutes les régions d’Algérie ont consenti des sacrifices devenus intenables par les prolongations indéfinies des mesures de confinement, le pouvoir politique a cherché à se défausser sur elles et à les culpabiliser.

Autoriser la fête de l’Aïd en s’alignant derrière l’avis du conseil des fatwas allant à l’encontre des mises en garde des experts scientifiques, de l’intérêt des populations et des soignants est une décision démagogique dont il faudra cerner la responsabilité et les conséquences. 

De même, à la veille de la rentrée de millions d’élèves et d’étudiants, la question de l’absence d’une stratégie de dépistage de masse par la PCR est éludée par les pouvoirs publics alors qu’elle serait peut être la réponse la plus adaptée pour contenir la contagiosité. Nous sommes aussi en droit de nous interroger  sur le monopole longtemps détenu par l’Institut Pasteur sur cet examen.

L’échec de la démarche du gouvernement est là. Il nous met devant la réalité des menaces que fait peser sur la communauté nationale ce mode de gestion sans contre pouvoirs politiques qui garantissent le contrôle démocratique effectif. 

Ce type de fonctionnement politique, sur fond de jeu de pouvoir et d’enjeux de carrières, est contraire aux sens des responsabilités et à l’éthique. Il est illusoire quand il déplace le débat de la sphère politique à la sphère judiciaire. En effet vouloir imposer une loi d’exception, grandement disproportionnée par son caractère punitif,  sous l’effet de l’émotion et de la solidarité avec les soignants agressés dans l’exercice de leur fonction, constitue une mesure cache-misère sans retombées positives sur les institutions médicales et la profession du soignant. 

Elle rappelle hélas douloureusement la gestion autoritaire et répressive du système qui s’obstine à attenter à toutes les formes de liberté d’expression et maintient en détention des prisonniers d’opinion, des lanceurs d’alerte  et des journalistes indépendants.

Les membres du CAMAN appellent les citoyennes et les citoyens à observer toutes les mesures de distanciation  sociale, les précautions sanitaires et à lutter contre le charlatanisme entretenu et mis en scène par les tenants de la régression nationale et à se soustraire aux théories du complot mortifères. 

Quoi qu’il en soit, les membres du CAMAN tiennent à saluer la mobilisation dès les premières heures de la société civile ainsi que la solidarité spontanée sans relâche à ce jour de bénévoles, de donateurs, de petits artisans et d’industriels ainsi que de la diaspora algérienne. 

Les membres du CAMAN encouragent la mise en place de réseaux autonomes d’entraide et de solidarité directe et active pour venir en aide aux familles et aux malades dans cette phase sensible de notre histoire nationale. 

Finalement la gestion de la crise sanitaire, qui invite la collectivité et les individus à partager les risques et les luttes dans l’abnégation et la solidarité citoyenne s’avère être  une véritable exigence démocratique.

Alger le 08/08/2020

 

 




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