Sachant qu’il poussait exagérément sur la bouteille, nous, les mauvaises langues, le soupçonnions de s’être fait dérobé son revolver pendant une soirée bien arrosée. Ce qui ne fût ni confirmé ni infirmé. Mais nous étions nombreux à partager tel déroulement des évènements.
Il s’est écoulé quatre à cinq semaines avant de recevoir d’autres convocations du commissariat central. Toujours pour le jeudi après-midi. Avant de nous y rendre, mon oncle me fait une sorte de petit briefing.
– Ne signe aucun document avant d’avoir tout lu ! me conseille-t-il.
Tel instruction ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.
Le jour J, je suis introduit à nouveau dans un bureau avec un autre commissaire. Il me pose les mêmes questions. Il a droit aux mêmes réponses. Pensait-il que j’allais changer de version ou quoi ?
Pendant ce dernier interrogatoire, mon oncle était assis à mes côtés, alors qu’un autre brigadier s’occupait de Mourad dans un autre bureau. De ce que nous entendions à travers des cloisons peu hermétiques, il semblait apaisé.
Quand le commissaire termine ses questions, il me tend le compte-rendu que ses collègues avaient tapé à la machine pour signature.
– Je peux le lire ? m’aventurais-je à demander.
– Croyez-vous que nous ayons modifié le procès-verbal de vos déclarations, jeune homme ?
– Non, pas du tout monsieur le commissaire, je voulais juste jeter un œil curieux !
Il lit alors à haute voix tout ce qui avait noté par ses collègues et j’acquiesçais à chaque assertion.
Mon oncle avait peut-être tort d’être méfiant, mais sait-on jamais !
Le commissaire me tend le feuillet sur lequel j’appose ma signature, heureux que l’affaire se termine enfin et que je m’en sois tiré avec quelques coups de poings et quelques séquelles de méfiance chronique envers les gardiens de l’ordre.
À côté, Mourad s’en tire à bon compte aussi.
Le grand perdant dans cette affaire c’est Mokrane. Il ne tarde pas à recevoir une notification de radiation du corps de la Police avec non-possibilité de quelconque réhabilitation pendant dix ans.
Une question demeure néanmoins. Qu’est devenu le fameux pistolet ? … À suivre
Kacem Madani