Tandis que François Bayrou entend ouvrir un « débat public approfondi » sur l’identité nationale, Elisabeth Borne a désapprouvé, vendredi, l’idée de Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l’accès au droit du sol. Les premières failles se font sentir même dans la majorité.
Après Mayotte, la France entière ? Au lendemain d’un vote pour restreindre le droit du sol dans l’archipel, François Bayrou souhaite rouvrir ce dossier explosif dans le cadre d’un débat « plus large » sur l’identité française. Réclamé par la droite, ce retour au premier plan de la question migratoire est déjà dénoncé dans son propre gouvernement et parmi les députés macronistes.
Le Premier ministre a ouvert la porte, vendredi 7 janvier, à une discussion qui comprendrait la question très sensible du droit du sol, proposée notamment par son ministre de la Justice, Gérald Darmanin. « Il faut un débat public approfondi et beaucoup plus large que ça », incluant d’autres sujets « qui fermentent depuis des années » autour des notions d’identité et de citoyenneté, a-t-il prévenu.
« Qu’est-ce que c’est qu’être français ? Qu’est-ce que ça donne comme droits ? Qu’est-ce que ça impose comme devoirs ? Qu’est-ce que ça procure comme avantages ? Et en quoi ça vous engage à être membre d’une communauté nationale ? A quoi croit-on quand on est Français ? », a ainsi développé le chef du gouvernement, dix jours après sa phrase polémique sur le « sentiment de submersion » migratoire.
Retailleau « d’accord » avec Bayrou
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, porte-drapeau des Républicains au sein de l’exécutif, s’est dit « parfaitement d’accord » avec le débat élargi souhaité par le Premier ministre. Pour devenir Français, « il faut assimiler des valeurs », a-t-il développé, citant la « liberté de conscience », « l’égalité entre les hommes et les femmes » ou la fraternité. « Il faut respecter le mode de vie », « les principes républicains », a-t-il poursuivi, évoquant le partage de « destins communs », d’une « culture », de « principes ».
L’ouverture d’un tel débat ne peut que ravir la droite, qui entend pousser son avantage sur la thématique de l’immigration. Le combat contre le droit du sol à Mayotte est « la première étape », a déjà prévenu le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, dont l’objectif affiché est « d’étendre ces restrictions sur le reste du territoire français ». « Etre Français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance », a relancé Gérald Darmanin, autre ministre issu des rangs de la droite.
Borne prend ses distances, un député quitte le groupe EPR
La remise en cause de ce principe divise au sein du gouvernement, dont la numéro deux, Elisabeth Borne, a clairement fait savoir, vendredi, qu’elle n’était « pas favorable » à l’idée de Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour réformer l’accès au droit du sol en France. « Je pense que ce que les Français attendent de nous, ce sont des actes et pas de renvoyer à une future modification constitutionnelle », a estimé la ministre de l’Education nationale.
Le vote de la proposition de loi sur le droit du sol à Mayotte fragilise aussi le groupe macroniste à l’Assemblée nationale. L’un de ses membres, le député de Moselle Belkhir Belhaddad, a annoncé son départ du groupe Ensemble pour la République, après avoir été l’un des deux seuls élus de son camp à voter contre le texte porté par Les Républicains. « La position du groupe de Gabriel Attal ne correspond pas du tout aux engagements que j’avais pris lors des élections législatives », a-t-il expliqué au Figaro. « C’est un terrain dangereux, glissant », a mis en garde l’élu de Moselle, en s’inquiétant « d’un glissement vers les idées du Rassemblement national ».
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