22 novembre 2024
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Le docteur Le Drian ou le charlatanisme à la française !

« Bouteflika est intellectuellement en forme »

Le docteur Le Drian ou le charlatanisme à la française !

Algériens, Algériennes, soyez rassurés, vous n’avez fait qu’un mauvais rêve : votre président se porte bien, dans la réalité, et même très bien, si on en croit le docteur Jean-Yves Le Drian, médecin de circonstances, diseur de bonnes aventures et, à ses heures perdues, ministre des Affaires étrangères de la France.

En tant que médecin, il délivre des certificats de santé sans équivoque : Abdelaziz Bouteflika est, intellectuellement, parfaitement en forme » En qualité de ministre-médecin, il se permet cette affirmation péremptoire : Il est apte à diriger l’Algérie !

Algériens, Algériennes, vous avez mal rêvé : le président Bouteflika trop malade pour recevoir Angela Merkel, le président vénézuélien Maduro, le président iranien et même l’éphémère Premier ministre français Bernard Cazeneuve, le président Bouteflika inapte à convoquer un Conseil des ministres par mois, le président qui a laissé la majorité des ambassadeurs en situation délicate, ne pouvant les recevoir pour la remise des lettres de créances, ce président qui se déplace péniblement sur un fauteuil roulant, eh bien, croyez-le ou pas, ce Bouteflika-là n’existe pas et n’a jamais existé ! Parole de Jean-Yves Le Drian, médecin de circonstances, diseur de bonnes aventures et ministre des Affaires étrangères de la France !

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Lui, l’ami de François Hollande, vient nous rappeler que ce dernier est l’auteur d’un exploit historique : en parlant de « l’alacrité du Président Bouteflika« , François Hollande a pulvérisé un record vieux de deux siècles, celui du plus remarquable bobard adressé aux Algériens par un officiel français. De l’avis unanime, en effet, le chef de l’État français a fait mieux que le général de Bourmont, précédent détenteur du record et qui, débarquant à Sidi-Ferruch le 14 juin 1830 à la tête de 37 000 hommes, avait alors gratifié les Algériens de cette mémorable galéjade : « La France vient vous libérer de vos tyrans turcs et vous redonner votre indépendance ». La prouesse était restée dans l’histoire comme une performance inégalable et, de fait, aucune personnalité française n’avait réussi à détrôner  le général de Bourmont, pas même le général De Gaulle et son fameux « Je vous ai compris », desservi autant par la polémique que par son ambivalence,  ni encore moins le duo Blum-Viollette à qui l’on doit, sous le Front populaire, à la fin des années 1930, cette inoubliable envolée : « Les Algériens seront associés à l’administration de leurs territoires ».

Au fil du temps, la plaisanterie du général de Bourmont s’imposait, irrésistiblement, dans l’histoire, comme modèle de boniment français à l’adresse des peuples colonisés et gagna même en prestige avec le « décret Régnier », texte par lequel la France venue « redonner leur indépendance aux Algériens » se mit à réprimer toute manifestation indigène « contre la souveraineté française en Algérie » et qui servit de prétexte légal pour dissoudre l’Étoile nord-africaine de Messali Hadj, le 26 janvier 1937. 

C’est dire que, jusqu’à ce lundi 15 juin 2015, le bobard du général de Beaumont paraissait hors d’atteinte. C’était compter sans le talent de François Hollande qui, au sortir d’un entretien laborieusement bricolé par les plombiers d’El-Mouradia, avec son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika qu’on savait complètement handicapé par la maladie et incapable de parler, crut utile de répondre, publiquement,  à l’envoyé spécial de Canal +,  avoir eu « « deux heures de discussion de qualité, particulièrement intense et particulièrement élevée ». 

Bouteflika impotent ? Pensez donc ! Puisque François Hollande vous le dit…Tel était le marché entre l’Elysée et El-Mouradia : un saut à Alger, un saut de quelques heures, pour rehausser le prestige de Bouteflika isolé sur la scène mondiale et en donner l’image avantageuse d’un Président en état d’exercer. On a vu le résultat par la suite.

Marché ? Vous avez dit marché ?  M. Le Drian vend de tout, des armes, des turbines, des usines automobiles, des bobards…C’est que les temps sont durs. 

Acculé par un journaliste de France Inter, notre docteur Le Drian concède que physiquement, c’est bien plus compliqué, évidemment. « Il est plus fatigué mais bon, ça peut arriver à un certain âge ». C’est tout le bien que le ministre français souhaite à l’Algérie : être dirigé par un homme d’un « certain âge », fatigué, mais dont il se porte garant ! Advienne que pourra.

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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