L’association amazighe de la commune d’At Leqsar, dans la wilaya de Bouira a essuyé un refus de la part de la direction de la réglementation et et des affaires générales (DRAG) à sa demande d’organiser la quatrième édition du festival national des arts traditionnels amazighs dans le cadre de la célébration de Yennayer 2973.
« En réponse à votre demande datant du 25 décembre 2022 et ayant pour objet l’organisation d’un rassemblement public pour célébrer Yennayer, les 11, 12,13 et 14 janvier 2023, au niveau du centre culturel Khinous-Aissa de la commune d’At Leqsar, nous avons le regret de vous informer qu’il ne vous est pas délivré d’autorisation », dit en substance le courrier adressé par la DRAG en réponse à la demande de l’association qui n’a d’autres choix que d’annuler les festivités qui devaient être organisées dans le cadre de la célébration de Yennayer 2973.
Décrété fête nationale chômée et payée, Yennayer ne doit, visiblement pas échapper au contrôle institutionnel. C’est en substance la conclusion que l’on peut tirer à la lecture du document de la DRAG qui ne fournit aucun justificatif à son refus d’agréer un événement qui revêt un caractère strictement culturel. Les autorités appréhendent que le peuple se réapproprie son passé et son patrimoine. Comme pour l’histoire, ceux qui dirigent le pays entendent rester les maîtres absolus même du passé lointain. C’est dire…
L’administration veut, sans doute, garder la haute main sur cet événement dont la célébration doit être expurgée de son aspect revendicatif.
Dans de nombreuses wilayas, les établissements rattachés aux Directions de la culture et des arts et aux DJS ont prévu des programmes d’activités varié. Les festivités sont souvent dominées par l’aspect folklorique et mettent en avant le caractère consumériste de l’événement.
Le discours religieux continue à dévaloriser Yennayer, patrimoine et marqueur identitaire et historique des algériens. Un improbable imam, un certain cheikh Farkous qui sévit sur le plateau de la TV privée Ennahar a émis un édit religieux décrétant illicite la célébration du premier jour de l’an amazigh par les musulmans.
Pourtant, la journée du 12 janvier de chaque année est officiellement introduite dans la liste des fêtes légales conformément à loi n°18-12 du 2 juillet, modifiant et complétant la loi n°63-278 du 26 juillet 1963 fixant la liste des fêtes légales, et publiée au Journal officiel au mois d’août 2018.
Enfin, une note positive qu’il convient de signaler. Le ministère de l’Education nationale a instruit toutes les directions locales de l’éducation de dispenser un cours sur l’importance de la célébration du nouvel an amazigh.
Le cours qui sera donné aujourd’hui mardi dans tous les établissements scolaires des trois paliers de l’éducation nationale portera sur les dimensions historique, socio-économique, culturelle, scientifique et environnementale de Yennayer. L’initiative qui a été prise par l’ex-ministre de l’Education nationale, Noria Benghebrit à la demande du HCA vient d’être reconduite seulement cette année.
Samia Naït Iqbal