27 juillet 2024
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Le G7 ne sert à rien ?

OPINION

Le G7 ne sert à rien ?

Le point d’interrogation signifie bien au lecteur que les commentaires généralement entendus et l’exaspération de ces rencontres mondaines ressentie par les populations trouveront une relative contradiction dans cet article.

Oui, la rencontre du G7, comme toutes les grandes réunions de ce type, ne sont jamais parvenues à des décisions formelles, directement applicables. C’est toujours la même histoire, de grandes déclarations d’intention sans vraiment des lendemains avec des décisions concrètes.

En plus, ces sommets coûtent une véritable fortune dépensée pour les frais de réception, les voyages, l’hôtellerie ainsi que les milliers de fonctionnaires mobilisés pour la sécurité. 

C’était ce que nous disaient les jeunes assistants à l’Institut d’études politiques, il y a bien longtemps déjà. Mais dès que nous lisions dans la presse écrite les commentaires de nos vieux professeurs émérites ou les écoutions dans les médias audiovisuels, ils étaient autrement plus nuancés.

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Pourquoi ? Tout simplement parce que ces vieux professeurs ont connu la grande guerre et savaient ce que représentait le drame de la confrontation militaire entre les grandes nations.

Ils savaient que tant que ces chefs d’État discutaient, même s’ils se détestaient et faisaient absolument les sourds sur les résolutions qu’ils signaient, ils ne se faisaient pas la guerre.

Se rencontrer, parler, dire des choses insignifiantes, c’est déjà ne pas mâcher ses ressentiments au loin, entre les quatre murs d’un pays où ils sont obligés de jouer à la surenchère pour calmer les attentes de leurs peuples exigeants.

Si je peux me permettre une image osée, je vous ferais rappeler les grandes rencontres familiales en Algérie, mariages ou autres, dans lesquelles des effluves d’embrassades et d’accolades accompagnent des torrents de profession de foi d’un amour éternel.

Ces cérémonies coûtent aussi cher que le salaire du père de famille pendant des années et pourtant, on voit bien aux regards et aux allusions que chacun a un lourd contentieux et une détestation à peine voilée à l’égard de nombreux autres. Mais le fait de se rencontrer et de jouer cette pièce de théâtre constitue en fait la parade contre les ruptures définitives (pour eux, pas pour l’auteur).

Car lorsqu’on ne s’embrasse plus et qu’on ne déborde plus de sentiments de fraternité exprimés, c’est le début d’un grand conflit qui traînera de génération en génération sans que personne n’arrive, à la fin, à se souvenir des causes. 

Pour le G7, c’est absolument la même chose, tant que la pièce se joue, tant que le dialogue existe, même s’il est hypocrite, les guerres sont évitées. 

Mais au-delà de cette remarque de fond, je souhaitais mettre l’accent sur deux points particuliers à propos de ce G7 qui vient de se terminer. Ce sentiment m’est personnel et n’a rien à avoir avec l’importance du fond.

Le premier est à propos d’une scène très médiatisée, le petit-déjeuner entre le Président Emmanuel Macron et le Président Donald Trump. Quelque chose de très particulier m’a interpellé. Il n’y a que quelques années encore nous n’aurions jamais vu les deux grands de ce monde sans traducteurs.

C’est que cette image nous rappelle que, non seulement l’anglais a gagné, mais que la représentation de la modernité véhiculée par le jeune Président s’accompagne aujourd’hui forcément d’une maîtrise de l’anglais.

La seconde observation est la désastreuse image, à l’heure où les nations modernes essaient désespérément de briser le plafond de verre qui limite le droit des femmes dans les usages, de femmes de Président s’en allant faire du shopping dans les rues de Biarritz alors que leurs mâles de maris s’occupaient des affaires de la planète.

Pas de chance, le seul qui pouvait contrebalancer cette image désastreuse, le mari de la Chancelière, était absent, ce qui est de son habitude (légitime car ce n’est pas lui l’élu).

C’est ainsi que va l’humanité mais il ne faut jamais monter sur ses grands chevaux à propos de ces sommets qui ne serviraient à rien et rappeler indéfiniment la célèbre phrase de Churchill sur la démocratie. 

Je ne la citerai pas tant elle se retrouve sur de très nombreuses copies des étudiants (et des internautes) qui n’ont souvent rien d’autre à proposer au correcteur. 
 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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