Samedi 15 février 2020
Le groupe ABB Italiana aurait-il roulé dans la farine Sonatrach ?
Le mardi 13 mars 2018, a eu lieu la signature d’un contrat par lequel son partenaire ABB Italiana « cède » ses parts à Sonatrach dans sa filiale Sarpi, Société algérienne de réalisation de pojets Industriels créée en 1992 pour une durée de 25 ans entre le mastodonte et le groupe spécialisé en Ingénierie ABB.
La cérémonie de signature de ce contrat entre le PDG de Sonatrach de l’époque Abelmoumène Ould Kaddour et Joachim Braun président du groupe ABB chargé de la région MENA a été fortement médiatisée comme pour montrer que Sonatrach a fait une bonne affaire.
Le président du groupe ABB, dans ses déclarations reprises pratiquement par tous les quotidiens nationaux y compris l’Agence Presse Service Algérienne APS (01) a souligné que « travailler avec le groupe Sonatrach est un honneur » (et cela se comprend aisément ! comme l’a fait exactement Patrick Pouyanné, PDG de Total en plein Ramadan à TFT ) mais pour des raisons d’un redéploiement stratégique du groupe ABB qui vise d’abandonner « le business model du d’ingénierie, approvisionnement et construction (EPC), elle a décidé de « céder » et non de « vendre » ses action dans la joint-venture Sarpi à Sonatrach.
Voilà maintenant presque deux ans en mars prochain et le groupe ABB non seulement continue de faire de l’ingénierie mais monte aussi des joints ventures dans le monde et notamment au Moyen-Orient (02). Et on apprend de l’intérieur du groupe Sonatrach qu’il ne s’agit pas d’une session supposée être concrétisée en dollars symboliques mais d’un rachat lucratif dont le montant n’a pas été révélé à la presse par le PDG de Sonatrach, Ould Kaddour mais figure dans le contrat à 2 millions d’euros.
Pourquoi d’abord un contrat pour un partenariat en fin de vie ?
Pourquoi payer ce montant pour un partenaire que se dit quitter l’activité Engineering Procurement Construction ?
Ould Kaddour a-t-il pris connaissance d’une évaluation de ce partenariat par une équipe installée par son prédécesseur Amine Mazouzi dont les conclusions et les recommandations n’ont pas été en faveur d’une reconduction automatique de ce partenariat qui ne semble pas atteindre l’objectif visé, celui d’un transfert de technologie effectif ?
Il se trouve justement qu’ABB Italiana a pris ces 2 millions d’euros mais laisse la saoudienne Arkad à laquelle elle a vendu l’activité Oil and Gas, finaliser avec Sarpi un projet à Rhourde Nouss.
Selon toute vraisemblance, plus de 25 ans d’un partenariat sélectif, pourquoi il l’est ainsi ? Parce qu’ABB a développé tout au long de ce partenariat une stratégie qui marginalise les ingénieurs algériens pour capitaliser, consolider et fertiliser l’ingénierie afin de réserver à Sarpi seulement la construction dont les hommes du métier connaissent ses contraintes, à savoir : faible marge, retard, charges, moyens logistiques etc.
Aujourd’hui, tout porte à croire que Sarpi devra recommencer à zéro puisque ce partenariat de 25 ans n’a laissé aucune base sur laquelle cette filiale, devenue depuis mars 2018, à 100% Sonatrach.
Elle devra développer un nouveau partenariat avec une société qui maîtrise l’Engineering Procurerent Construction (EPC) mais cette fois-ci avec une volonté ferme de transfert du savoir-faire à capitaliser.
Il faut des investissements capitalistiques pour consolider le savoir et le savoir faire en construction qui exige des engins que cette filiale mal encadrée depuis 25 ans n’a pas pu les obtenir sans compter un recentrage dans son métier de base qui est le poping et le montage mécanique.
Jusqu’à présent de nombreux spécialistes s’interrogent sur les raisons énigmatiques qui ont poussé Ould Kaddour à fortement médiatiser ce désastre pour en faire une réussite en offrant un cadeau à ABB Italiana de 2 millions d’euros.
S’agissant d’un partenariat qui entre dans le cadre d’une politique de transfert de technologie, pourquoi le ministre en charge du secteur ne s’était pas exprimé sur cette mascarade médiatique ?
Nous y reviendrons en détails sur toutes ces questions qui ne laissent aucun citoyen indifférent de part son devoir constitutionnel de protéger les biens publics. (article 80 de la Constitution algérienne)
R. R.
Renvois
(01)https://ambalg-sofia.org/fr/2018/03/energy-sonatrach-repurchases-abb-shares-in-sarpi-company/
(01)http://www.radioalgerie.dz/news/fr/article/20180313/136249.html
(02)https://new.abb.com/fr/carrieres/opportunites-de-carriere/quelle-est-ma-place/ing%C3%A9nierie