« On m’a condamné aujourd’hui à un an de prison avec sursis et 10 millions de centimes d’amende », c’est par cette annonce que le journaliste Mustapha Bendjama a rendu publique sa condamnation ce dimanche.
Ce journaliste est la cible depuis de nombreuses années d’un harcèlement judiciaire. Après la case prison, Mustapha Bendjama est interdit d’écrire et de voyager. En Algérie, la liberté est un délit. Et le journalisme indépendant est vidée de sa substance pour ne pas dire de son rôle de vigie critique de la société et du pouvoir en place. Depuis le mouvement de dissidence populaire – Hirak – qui a ébranlé, un temps, le régime en 2019 –, les autorités ont resserré leur emprise sur l’espace médiatique, multipliant les arrestations de journalistes, les suspensions de médias et les blocages de sites d’information. Les activistes et opposants les plus déterminés sont surveillés, voire placés sous interdiction de quitter le territoire national. Plus de 200 Algériennes et Algériens sont détenus arbitrairement dans les différentes prisons du pays.
Le pouvoir algérien justifie ces restrictions au nom de la « stabilité nationale ». Mais derrière ce discours sécuritaire, se cache une volonté claire de contrôler l’opinion publique et d’empêcher tout contre-pouvoir. Or, une démocratie réelle ne peut exister sans liberté de la presse. Mais, pour Tebboune, l’Algérie baigne dans la démocratie et les libertés sont respectées !
Dans les rédactions, l’autocensure devient la règle. Éviter certains sujets, autrement dit tout ce qui peut chatouiller la colère du régime et ses relais, reformuler des faits, taire des opinions : la prudence et la peur de la prison supplantent l’investigation et tétanisent désormais les plumes les plus courageuses. Des sites d’information, comme Le Matin d’Algérie, restent inaccessibles depuis l’intérieur du pays, sans justification publique ni décision de justice transparente.
Au lieu de renforcer les libertés, la législation actuelle encadre toujours plus sévèrement le travail de la presse. La loi sur l’information, révisée récemment, instaure de nouveaux obstacles : accréditations restrictives, interdictions de financement étranger, peines lourdes pour « fausses informations ». Le message est clair : contrôler avant de dialoguer.
Le bon sens veut que réprimer les journalistes, c’est museler la vérité. Et à long terme, c’est saper la confiance entre gouvernants et gouvernés. Mais en Algérie, le régime de la dyarchie Tebboune -Chanegriha ne s’embarrasse ni des textes fondamentaux ni de la démocratie.
Rabah Aït Abache