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Le journaliste Saad Bouakba mis sous contrôle judiciaire pour une chronique

 

 

Depuis la parution de sa chronique publiée jeudi 2 février, sous le titre «Loin de la politique», sur le site Madar tv, article dans lequel il traitait des rapports ambiguës du pouvoir avec la population de la wilaya  de Djelfa ( et celles d’autres wilayas  qu’il a citées dans son article), le journaliste arabophone Saad Bouakba est au cœur d’une violente polémique. 

Selon plusieurs médias, il a été arrêté par la police judiciaire d’Alger et placé en garde à vue suite à l’auto-saisine du procureur de la République du tribunal de Dar El Beida.

Aucun communiqué officiel n’est publié pour confirmer ou infirmer l’information largement  relayée sur les réseaux  sociaux.

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Au courant de l’après-midi de ce lundi, son avocat Me Ali Laouari annoncera que le journaliste a été mis sous contrôle judiciaire par le tribunal de Dar El Beida après sa présentation au courant de la journée  devant le juge d’instruction de la même juridiction.

La mise en branle des procédures judiciaires à l’encontre du journaliste de 77 ans qui passe pour le doyen de la presse algérienne est du pain béni pour le pouvoir qui trouve dans cette affaire une occasion inespérée pour faire taire une voix critique et influente parmi de larges pans de l’opinion publique algérienne.

Genèse  de l’affaire

Usant de son style habituel alliant le sarcasme et la caricature, Saad Bouakba affirme, sur un ton de la satire   que le pouvoir cherche à élever les habitants  de la wilaya de Djelfa  du rang d’agneaux politiques (allusion aux mœurs politiques et électorales de cette région qui s’est toujours alignée sur les options du pouvoir) à celui de vaches politiques.

« Si Tebboune a vraiment choisi Djelfa et, particulièrement, la commune de Berine pour implanter le projet qatari d’élevage de vaches laitières, il a vraiment vu juste, cette fois ! De la sorte, il a élevé cette région du rang de mouton à celui de vache », a plaisanté  l’auteur de la célèbre chronique « Point d’ordre! ».

En fait, la réflexion du  journaliste, comme on peut le lire dans son texte, est beaucoup plus une critique de la vision étriquée du développement économique prônée par le pouvoir qui a l’habitude de distribuer les investissements publics à travers les wilayas, selon la fameuse règle de l’équilibre régional. La démarche si elle est louable n’est pas dénuée  d’arrière-pensées; les tenants du pouvoir cherchant beaucoup plus à élever des clientèles qu’à développer les territoires selon leurs spécificités et potentialités respectives.

Il reste que l’extrapolation et le sens qu’a voulu délivrer le chroniqueur n’ont pas été du goût de certains habitants de Djelfa  qui ont  réagi de façon véhémente aux saillies sarcastiques du journaliste. Des députés et associations locales ont déposé plainte contre celui qu’ils accusent d’avoir proféré des propos dégradants, régionalistes et  racistes à  l’égard de la population de la région des Ouled Naïl.

La promptitude qui a caractérisé la réaction de ces associations dites de la société civile   renseigne sur le rôle de « chien de garde » qui leur a été assigné.

Visiblement, elles ont été actionnées pour servir d’alibi à la réaction tout aussi prompte du procureur de la République près le tribunal de Dar El Beida qui s’est autosaisit avec une célérité. Ce dernier a vite tranché avec la promptitude habituelle d’un appareil judiciaire qui, souvent, observe un silence de carpe, alors même que des situations autrement plus périlleuses pour l’ordre public et le vivre ensemble des Algériens ont été vécues  recommandant, de fait, une réponse urgente de la justice.

Une justice qui n’a pas jugé utile, par exemple, de monter au créneau lorsque toute une région du pays, en l’occurrence, la Kabylie et sa population avaient fait l’objet d’une campagne haineuse sans précédent (qui n’a d’ailleurs pas encore cessé) de la part d’individus  bien identifiés et apparentés  à des chapelles  idéologiques et politiques bien connues.

« Le pouvoir n’a pas réagi avec la même promptitude quand toute la Kabylie a été prise, depuis juin 2019, comme cible d’attaques sérieusement graves, car racistes et haineuses. Aucun des acteurs de ces campagnes nauséabondes n’a été inquiété, pire encore, l’un de ces acteurs a été promu au rang de ministre, je parle de l’actuel ministre du Commerce », écrit Saïd Salhi, avocat et vice-président de la LADDH qui vient d’être dissoute par la justice.

Alors justice à deux vitesses ou ordre autoritaire arbitraire ? Les deux « mon président » !

Samia Naït Iqbal

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