Vendredi 14 août 2020
Le Liban des confessions
Le Liban qui a entamé sa stabilité et une forme de prospérité entre 1960 et 1970 principalement, une période durant laquelle tout allait pour le mieux, lui a permis d’atteindre une croissance économique jamais égalée depuis.
Cette embellie est due essentiellement au développement du secteur des services tels que les banques et assurances notamment, ainsi que par la mise en valeur du domaine de l’agriculture et la prise en charge effective du tourisme, de l’artisanat et des arts en particulier.
Et eu égard à sa situation géographique au climat méditerranéen doux en été, froid mais plus au moins rigoureux avec ses montagnes enneigées l’hiver, le Liban est bien placé pour susciter une attraction touristique.
Situé dans la région du moyen Orient, et est bordé par Israël au Sud, la Syrie à l’est et au nord, et à l’Ouest par la mer Méditerranée.
Connu pour sa gastronomie raffinée, son affinité pour les arts et l’hospitalité légendaire de ses habitants, le Liban était tout indiqué pour mériter le surnom de la « Suisse du Moyen Orient », ou « le petit Paris ».
Avec ses sites archéologiques datant de l’époque phénicienne et puis romaine, l’indomptable Baalbeck, la ville antique qui se dresse au Nord de la plaine de la Békaa, le prédestinait en un havre de paix.
Mais, malheureusement, cela n’a pas été le cas, puisque le pays a versé dans une guerre civile à partir de 1975 notamment ayant annihilé tous les efforts de développement économique entamés par les gouvernements successifs qui se sont succédé.
La lame de fonds de cette guerre fratricide qui a marqué de manière dramatique les esprits au Liban trouve son explication dans la constitutionnalisation du système politique en vigueur jusqu’à ce jour, et qui repose essentiellement sur des constantes à base confessionnelle.
En effet, continuer à cultiver la prééminence d’une ethnie, d’une race ou d’une religion au sein d’une société qui se réclame de la laicité ne permettra en aucun cas l’édification d’un État unis et fort à même de pouvoir assurer la sécurité de ses ressortissants à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.
Le monde en a été témoin des agressions ayant ciblé le Liban ces cinq dernières années, face à l’incapacité ou le désintérêt de l’armée libanaise à pouvoir se défendre sans compter sur la puissance militaire du Hezbollah pour riposter aux attaques de l’État d’Israël.
Cette situation de non droit pose l’épineuse question de la légitimité constitutionnelle dont est supposé se prévaloir un État au sens juridique du terme lui permettant de considérer sur une base citoyenne les éléments d’une société possédant les mêmes droits et obligations, abstraction faite de la race, ethnie ou de religion.
C’est en tout cas l’une des principales revendications du mouvement populaire qui exige un « yetnahaw gaa » pour la refonte des fondements légitimes d’un État moderne avec comme toile de fond une démocratie véritable devant être la garante de la séparation des pouvoirs constitutionnels, une égalité homme-femme dans une justice sociale équitable.