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« Le mécontentement populaire bouillonne », estime Christine Lagarde, patronne du FMI

Afrique du Nord/Moyen-Orient

« Le mécontentement populaire bouillonne », estime Christine Lagarde, patronne du FMI

Face au mécontentement populaire qui « bouillonne » dans les pays arabes, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé mardi, au Maroc, à développer une « croissance inclusive soutenue », en poursuivant les réformes économiques.

« Le mécontentement populaire bouillonne (…). Comment approfondir les réformes pour qu’elles profitent aux citoyens ? », a lancé la directrice du FMI, Christine Lagarde, à l’ouverture d’une conférence régionale sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, à Marrakech, sur le thème « opportunités pour tous ».

« Beaucoup a été fait » ces dernières années, « mais ce n’est clairement pas assez », a-t-elle ensuite estimé.

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La directrice du FMI a appelé à « profiter de la fenêtre d’opportunité » ouverte par une « économie globale plus forte », avec une croissance mondiale de 3,9 % attendue en 2018 et 2019 –un niveau proche de l’avant-crise de 2008– pour promouvoir un développement inclusif.

Sept ans après les Printemps arabes, la question du mécontentement populaire est plus que jamais centrale dans des pays comme la Tunisie ou le Maroc, qui ont connu ces derniers mois, à des échelles différentes, des mouvements de contestations liés à ce que les dirigeants du FMI voient comme l’expression d’une « frustration ».

« Il y a une pression sociale, des attentes et des aspirations », a résumé pendant les débats le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani.

Réformes équilibrées

« La population a des attentes pour des solutions immédiates, des besoin qu’il faut satisfaire immédiatement: au-delà des programmes à long terme, il faut des programmes d’urgence », a-t-il insisté.

Le Maroc a connu ces derniers mois des mouvements locaux de contestation liés à des retards dans les programmes de développement, dans la région déshéritée du Rif (nord) ou dans l’ancienne ville minière de Jerada (nord-est).

Après lui, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed, qui a affronté début janvier plusieurs jours de troubles liés à la hausse des prix, a souligné l’échec des « politiques uniquement basées sur le développement comptable qui ne prennent en compte que le PIB alors que le citoyen, lui, mesure le développement à son niveau de vie ».

« On met souvent l’accent sur la stabilité financière et monétaire au détriment évidemment de la dimension sociale », a-t-il insisté, saluant la récente initiative du FMI de diversifier ses indicateurs de mesure des politiques économiques.

En Tunisie, des voix se sont élevées durant les dernières protestations pour fustiger les politiques prônées par le FMI, accusé de pousser à l’austérité.

‘Pleins bénéfices’

« Nous comprenons la frustration des Tunisiens qui ne ressentent pas encore les pleins bénéfices économiques de la transformation politique de leur pays », a répondu mardi Mme Lagarde, appelant à des « réformes socialement équilibrées », lors d’un tête-à-tête avec M. Chahed.

« Les réformes sont cruciales pour que les gens parviennent au point où ils verront le chômage baisser et la croissance repartir », a-t-elle aussi argué, selon un communiqué diffusé après cette rencontre.

Au niveau régional, dans une note préparatoire à Marrakech, le FMI avait fait le constat que, « malgré les progrès récents, la croissance reste trop faible et ses bénéficiaires trop peu nombreux ».

Le taux de pauvreté reste élevé dans les zones rurales, les revenus moyens stagnent. Moins d’un adulte sur deux travaille, ce qui découle pour une large part de la faible participation des femmes, détaille ce document.

Parmi les jeunes de la région, un sur quatre est sans emploi, alors qu’environ 5,5 millions arriveront chaque année sur le marché du travail au cours du prochain quinquennat, selon la même source.

Pour une croissance inclusive, les réformes préconisées par le FMI portent ainsi sur la lutte anticorruption, l’essor du secteur privé ou encore l’amélioration de la qualité et de l’accès aux services publics, dont l’éducation.

Pour le Premier ministre tunisien, l’emploi des jeunes est un « défi majeur ». « Si nous voulons garantir la sécurité et la stabilité (…), nous devons prendre en compte ces jeunes qui sont souvent radicalisés ou prennent la mer pour immigrer », a-t-il proclamé.

Dans son pays, environ 30 % des jeunes sont actuellement au chômage, loin des promesses de la révolution.

« Soutenir les groupes exclus, les jeunes, les femmes et les réfugiés », leur « redonner espoir et confiance » est un levier indispensable, a renchéri Christine Lagarde.

Auteur
AFP

 




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