Dans un climat régional de plus en plus tendu et marqué par les rivalités sahéliennes et la question du Sahara occidental, l’Algérie et la Mauritanie consolident leur coopération militaire. 

Dans ce contexte, le chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général d’armée Saïd Chengriha, a reçu, ce mercredi 16 avril, en audience,  au siège de l’état-major de l’ANP, le ministre mauritanien de la Défense nationale, des Retraités militaires et des enfants des Martyrs, Hanenna Ould Sidi. Ce dernier qui a été également reçu par le président de la République, A. Tebboune était a la tête d’une délégation militaire de haut niveau, dans le cadre d’une visite de travail placée sous le signe de la coordination sécuritaire. 

Une région sahélienne en recomposition

La visite s’inscrit dans un contexte de recomposition rapide des équilibres au Sahel. L’émergence de l’Alliance des États du Sahel (AES) — regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger — rebat les cartes dans cette région sensible. Ces trois pays dirigés par des juntes militaires se sont affranchis des partenariats occidentaux traditionnels, et affichent un certain scepticisme vis-à-vis d’Alger.

Pour l’Algérie, cette évolution constitue un défi stratégique, d’autant plus que ces pays partagent des frontières avec son vaste Sud. La Mauritanie, qui se tient à l’écart de cette alliance militaire, apparaît dans ce paysage comme un partenaire stable et fiable, soucieux d’une coopération pragmatique. 

Un accord de coopération militaire 

Les discussions entre les deux parties ont abouti à la signature d’un accord de coopération en matière de défense. Il vise à renforcer les mécanismes conjoints de surveillance des frontières, d’échange de renseignements et de lutte contre les trafics transfrontaliers. Le général Chengriha a souligné à cette occasion « l’importance d’une approche concertée face aux défis sécuritaires, économiques et géopolitiques » qui secouent la région. 

La question du Sahara occidental en arrière-plan 

Au-delà des enjeux sahéliens, la question du Sahara occidental demeure un point de friction majeur dans la région. Le dossier est actuellement à l’étude au Conseil de sécurité des Nations unies, alors que les hostilités ont repris entre le Maroc et le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. La rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat en 2021 a accentué les tensions autour de ce territoire. #Une neutralité stratégique mauritanienne 

Dans ce contexte tendu, la position de la Mauritanie est scrutée avec attention. Nouakchott, qui avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1984, a adopté depuis une politique de neutralité équilibrée. Soucieuse de préserver ses relations avec ses deux puissants voisins, la Mauritanie évite toute déclaration frontale. Elle maintient un dialogue ouvert aussi bien avec Rabat qu’avec Alger, tout en renforçant ses capacités militaires sur sa frontière orientale, proche des zones contrôlées par le Polisario.

La signature de l’accord de défense avec l’Algérie peut ainsi être perçue comme un signal diplomatique subtil : une volonté de coopération sécuritaire sans pour autant rompre avec sa posture traditionnelle de médiateur discret. 

Un axe stratégique au service de la stabilité 

Pour Alger, ce rapprochement avec Nouakchott revêt une portée stratégique. Il s’agit de consolider un réseau de partenaires fiables face à des menaces sécuritaires de plus en plus diffuses. Dans une région en pleine recomposition, où plusieurs puissances étrangères tentent de gagner du terrain, l’Algérie cherche à affirmer son rôle de pilier de stabilité et à peser davantage sur les équilibres régionaux.

« La stabilité de nos pays passe par une coopération militaire étroite, fondée sur la confiance, la coordination et l’échange d’expériences », a ainsi conclu le général-major Saïd Chanegriha.

Rabah Aït Abache

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