4 décembre 2024
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Le racisme anti-maghrébin en France

TRIBUNE

Le racisme anti-maghrébin en France

Dans un rapport publié le 28 juin 2021 l’Organisation des Nations Unies exhorte les Etats à reconnaître le racisme systémique pour mettre en lumière son impact délétère et le combattre sans concession. C’est une occasion pour nous de présenter cette brève étude sur le racisme en France dont sont victimes les Maghrébins.

Dans ce pays le racisme structure les relations sociales. Les discriminations dans l’emploi ou le logement sont récurrentes, actes racistes de la vie quotidienne. Les replis et cloisonnements ethniques dans les quartiers défavorisés dans les grandes villes françaises sont une réalité patente.

Racisme anti-arabe et islamophobie sont un couple de haine à l’égard d’un groupe humain qui ne demande qu’à vivre en paix.

Les flux d’émigrés originaires du Maghreb ont commencé dès la période coloniale et se sont amplifiés durant la période dite des trente glorieuses (de 1945 à 1975), phase de forte croissance économique impulsée par une industrialisation accélérée.

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Le nombre d’algériens vivant en France était de 350 000 en 1962 et de 846 000 en 2019.Quant aux binationaux d’origine algérienne leur estimation varie de trois à quatre millions (évaluation grossière puisque les statistiques ethniques sont interdites en France).

La présence d’immigrés en France a été vue par les français comme une invasion et le racisme s’est mis en branle. Selon un sondage d’opinion réalisé en 2014, 73 % de la population française considéraient qu’il y avait trop d’immigrés.

Le racisme éclot et se développe dans les milieux de socialisation des groupes sociaux d’appartenance, tel un cancer il se métastase.

La justification de la différentiation raciale a commencé dès le 19è siècle. Gobineau en France dès 1850 et les idéologues nazis en Allemagne ont essayé, sans succès, de lui donner un fondement scientifique. Peine perdue, les progrès de la génétique ont discrédité ces élucubrations sans pour autant qu’elles reculent ou disparaissent.

Cette idéologie délétère qui oppose les êtres humains est véhiculée de façon sournoise ou ouverte.

Elle se répand dans toutes les strates de la société car elle est fondée sur ce qui est présenté comme une évidence, l’altérité : les différences entre groupes humains (couleur de peau, culture etc.).

L’islamophobie, forme ambivalente et perverse du rejet des musulmans, mêlant critique d’une religion et haine des ses adeptes, a eu le vent en poupe ces dernières décennies en France. Sa manifestation médiatique a commencé à la fin des années 1980 avec l’affaire du foulard islamique porté par de jeunes filles maghrébines à Creil dans la banlieue parisienne. L’affaire a pris une tournure politique et la loi promulguée en 2004 a interdit de porter ce bout de tissu sur la tête dans les écoles.

Face au racisme agressif ou sournois (remarques d’apparence anodine, plaisanteries etc.,), celui de tous les jours (le nano-racisme comme l’appelle le sociologue Achille Mbembe,), une marche en 1983 et des émeutes en 1990 et 2005 ont eu lieu en France.

En France le racisme est un des sujets qui fâchent. Il n’irrite pas que l’opinion publique ou les autorités politiques, il crée la discorde même entre les chercheurs en sciences sociales. Les études portant sur le racisme sont restées marginalisées jusqu’au début des années 1990. Tant que la société persiste dans le déni ce mal continuera à la ronger et approfondir la fracture sociale.

L’analyse du racisme que nous proposons est menée en deux temps d’abord nous présenterons quelques éléments sociologiques pour mieux comprendre ce phénomène social délétère ensuite nous étudierons la discrimination ethnique en France à l’encontre de la communauté d’origine maghrébine.

Comprendre le mal : les concepts de race et de racisme

On peut dire avec Etienne Balibar que « le racisme en tant que tel est un phénomène permanent dont le retour périodique traduirait l’incapacité des sociétés à progresser du point de vue de la civilisation, ou leur dépendance insurmontable par rapport à des structures archaïques de la mentalité collective ». S’il est un fait permanent qu’est-ce qui assure sa reproduction ? Il relève de l’émotion négative que ressentent les individus face à l’altérité.

Les neurosciences nous apprennent grâce à l’imagerie médicale que la zone du cerveau qui réagit face à l’altérité est celle des émotions, émotions qui vont s’exprimer en haine, en rejet voire en actes violents sous l’effet de l’idéologie et du milieu social. Quand le caractère de ce qui est autre (altérité) est perçu comme une menace cela crée la peur, les problèmes surgissent, c’est la voie ouverte au rejet.

Les préjugés racistes en cours dans la société et intériorisés par les individus élèvent la propension à la méfiance et au jugement de valeur qui dévalorise les autres.

Le constat d’une différence ne mène pas obligatoirement au racisme, celui-ci se manifeste quand cette différence est utilisée contre autrui.

Le dictionnaire Larousse définit le racisme comme « l’idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains, les races ».

Si la hiérarchie biologique est scientifiquement discréditée elle a encore la vie dure. On tente aussi de justifier l’inégalité supposée entre groupes humains par les différences culturelles. On passe allègrement de l’essentialisme biologique à l’essentialisme culturel. C’est cette distinction que précise André Taguieff, il y a « le racisme classique, biologique, et inégalitaire, et le racisme différentialiste et culturel, qui ne biologise pas le différent » (Taguieff,p.6).

Le racisme est « une théorie pseudo-scientifique de l’inégalité des races humaines, fondée sur un déterminisme biologique grossier, de type « telle race telle culture » (…), ensuite un ensemble de conduites et de pratiques discriminatoires, qu’accompagnent des attitudes d’intolérance, voire de passions négatives, comme la haine ou le ressentiment ». (Taguieff, p.9).

Le racisme se répand au sein de la société par la socialisation (apprentissage et intériorisation des normes et valeurs sociales de la société à travers différents espaces : familles, écoles, rues, lieux de travail etc.).

Il fait l’affaire des groupes dominants, qui en profitent, il a une fonction, nous dit Albert Memmi, « il balise et légitime une dominance » (Memmi, p.92).

Voyons maintenant d’un peu plus près cette notion de race

Une race est définie par le dictionnaire Robert (édition de 1977) comme « un groupe ethnique qui se différencie des autres par un ensemble de caractères physiques héréditaires (couleur de la peau, forme de la tête, proportion des groupes sanguins etc.)». Une telle définition s’inscrit en droite ligne de l’idéologie raciste. Elle est facile à déconstruire puisqu’il y a une seule humanité même s’il y a diverses apparences.

Il n’y a pas de races mais une diversité de groupes humains et d’individus. L’espèce humaine partage le même patrimoine génétique à un peu plus de 99 %. Le chercheur en biologie B.Jordan résume en quelques mots les découvertes scientifiques depuis des années 1990 : on a découvert dit-il « que la quasi-totalité de notre patrimoine génétique est identique chez les africains, les européens ou les asiatiques. L’espèce humaine est génétiquement homogène à environ 99,9 %, ce qui invalide la notion biologique de races humaines» (interview au journal « le monde » du 27/6/2013).

Hiérarchiser les groupes humains n’a aucun sens. Cette prétendue hiérarchie est socialement construite.

Les préjugés et la discrimination fondés sur la race, ainsi que les inégalités qui en découlent, nous rappellent que le racisme est un fléau bien réel qui sous-tend les rapports sociaux.

Le fléau du racisme en France

Le système colonial a joué un rôle important dans la genèse du racisme. Le racisme colonial est un racisme d’exploitation qui a été institutionnalisé. Le pouvoir politique colonial distingue deux groupes « racialisés » : européens et indigènes auxquels s’appliquent deux systèmes juridiques. Les colons étaient soumis au système judiciaire de la métropole. La population autochtone était régie par un système juridique d’exception, inférieur à celui qui s’appliquait aux français, le code de l’indigénat.

Entré en application en 1870, le code de l’indigénat n’a été aboli qu’en 1946, c’est un ensemble de textes législatifs infligés aux seuls sujets (et non citoyens) qu’étaient les algériens, une communauté infériorisée politiquement et juridiquement, assujettie par l’ordre colonial.

Ce code qui est un apartheid juridique, instaure un régime pénal spécial aux seuls indigènes. Il impose par exemple des sanctions collectives contre les tribus, des séquestres de propriétés, une autorisation administrative pour les déplacements, un internement sans jugement décidé par un responsable administratif et non par un juge au mépris du droit français qui est fondé sur la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) etc.

Le colonialisme consacre la discrimination comme système légal. C’est un racisme d’Etat prégnant (Lecour Grandmaison Olivier., la Découverte, 2010), un racisme institutionnel.

Alexis de Toqueville connu pour avoir écrit « de la démocratie en Amérique » a louangé la colonisation criminelle de l’Algérie en ces termes : il n’est pas « mauvais qu’on brulât les moissons, qu’on vidât les silos et enfin qu’on s’emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants ». Quant au « sage » Victor Hugo, il adhère aussi aux idées dominantes de son époque, celles de la conquête et de la domination en écrivant béatement à propos de l’occupation coloniale de l’Algérie « c’est la civilisation qui marche sur la barbarie ».

Le système colonial a exacerbé le racisme contre les populations autochtones, car « il n’est pas possible d’asservir des hommes sans les inférioriser » comme l’a souligné Frantz Fanon.

Le racisme colonial a laissé beaucoup de traces dans la société française. Les immigrés en ont fait les frais.

Après la seconde guerre mondiale, durant ce que l’on appelé les trente glorieuses, une croissance économique élevée appuyée sur une forte industrialisation a induit un besoin énorme de force de travail d’où le recours pressant à la main d’œuvre étrangère notamment maghrébine.

Le ralentissement de la croissance économique à la fin des années 1970 et son corollaire la montée du chômage ont accentué le racisme. « Les arabes piquent les emplois aux français » disent sans vergogne les racistes.

Le racisme en France est quotidien, visible ou sournois, il se manifeste partout à l’occasion d’interactions entre les individus, dans les lieux de travail, les guichets d’administration, les rues, les transports, les écoles, les universités etc.

Les comportements et actes racistes sont innombrables, observables dans tous les milieux sociaux où ils se forment par la socialisation ; ils sont multiformes : discrimination en matière d’emploi et de logement, plaisanteries, moqueries, insultes, mises à l’écart, agressions etc.

Certains actes qui apparaissent comme anodins prennent une signification raciste, par exemple la lenteur d’un garçon de café à servir un arabe, l’individu qui se lève quand un arabe ou un noir s’assoit à côté de lui dans le bus ou le métro etc. C’est ce genre d’attitudes sournoises que j’ai observé durant mon long séjour en France quand j‘y étais étudiant.

Durant la colonisation les peuples colonisés sont vilipendés. Culture, mœurs, comportement des indigènes sont scrutés au prisme des stéréotypes négatifs : de supposées tares sont attribuées aux arabes, comme la paresse et la fourberie, pour les mépriser et les asservir.

Les français racistes désignent les arabes par des appellations outrageantes. Ces mots injurieux et répugnants qui attentent à leur dignité, forgés du temps de la colonisation, sont : bougnoule, crouille, raton et bicot. Bougnoule est emprunté à la langue wolof du Sénégal et qui veut dire noir. Bicot vient du mot « arabe ». Crouille et crouillat ont pour origine « khouya ». Raton et bicot ou bique en abrégé (renvoyant à l’animal qu’est le chevreau) visent à « animaliser » des êtres humains.

Les maghrébins sont perçus par les français comme des sous-hommes. En dévalorisant l’autre le raciste se survalorise et il n’est pas prêt à remettre en cause les poncifs qui fondent sa conviction.

Le racisme est propagé et consolidé par divers canaux, puissants moyens de la socialisation: romans, mass médias, sketchs etc. Littérature, cinéma, sketchs sont mobilisés pour stigmatiser et se moquer des Arabes.

Le roman de l’énergumène Michel Houellebeque, « soumission », publié en 2015 et qui a connu un grand succès (300 000 exemplaires vendus en un mois) a un contenu arabophobe et islamophobe manifeste, son thème est l’élection d’un président de la république musulman qui fait appliquer la charia dans sa version pure et dure.

Tous les moyens sont bons pour déprécier le maghrébin. En 1974 l’humoriste franchouillard Pierre Péchin s’est rendu tristement célèbre par ses spectacles racistes, son fonds de commerce immonde, où il se moque des immigrés arabes en imitant leur accent particulier. Parler comme un arabe est devenu une raillerie raciste largement partagée par la population française durant la décennie 1970.

Le recours à ce genre d’humour pour railler et humilier une communauté n’a rien de drôle, il participe dangereusement à son mépris, à sa dévalorisation sociale, il est tout simplement ignoble.

Les mass-médias sont de la partie, diffusant des insanités qui stigmatisent des groupes sociaux d’origine étrangère, se préoccupant uniquement de leur audimat. La chaîne de télévision C News participe sans vergogne à la diffusion du racisme sans complexe, en donnant la parole à des commentateurs tel le tristement célèbre Eric Zemmour qui débite sa haine à l’encontre des arabes vivant en France. L’impunité dont ils bénéficient montre la faiblesse de la politique de lutte contre le racisme. Ainsi les mass-médias sont devenus un instrument puissant pour diffuser la funeste idéologie du racisme au lieu de contribuer à la réduire.

Les actes racistes font l’objet d’une évaluation statistique depuis deux décennies à travers des enquêtes par sondage.

Selon une enquête réalisée en 2003 par le ministère français des affaires sociales 39 % des personnes immigrées et 44% des personnes issues de l’immigration ont déclaré avoir subi au moins une attitude discriminatoire, moqueries, mises à l’écart, refus d’un droit etc. (Le vécu des attitudes intolérables et discriminatoires, in « Etudes et résultats » n° 290, février 2004).

En 2008 ce sont 57 % des descendants d’immigrés algériens qui ont déclaré avoir été l’objet d’actes racistes et 55 % des descendants d’immigrés tunisiens et marocains.

La discrimination ethnique sur le marché du travail est une réalité amère.

L’enquête par tests (envoi de CV identiques ne différant que par le patronyme, l’un d’un français de souche et l’autre d’un français d’origine maghrébine) faite en 2006 par la direction de l’animation de la recherche du ministère français du travail évalue la discrimination ethnique qui règne sur le marché du travail. Il ressort de cette enquête que la probabilité pour un entretien d’embauche d’un candidat issu de l’immigration est réduite, « 70 % des choix ont été effectués en faveur du candidat d’origine apparente hexagonale ancienne et 19 % en faveur de celui d’origine apparente maghrébine ou noire africaine. Le taux net de discrimination s’élève donc à 51 % ».

Quant au logement la population d’origine étrangère n’est pas mieux lotie.

A la demande du Défenseur des droits et du ministère de la cohésion des territoires une étude faite en 2017 se référant à plusieurs enquêtes conclut à la fréquence de la discrimination à l’encontre des individus d’origine maghrébine dans l’accès au logement.

Cette ségrégation a conduit à la constitution d’espaces pour immigrés, des ghettos à la périphérie des grandes villes où règnent la pauvreté, le chômage et l’insécurité. Les cloisonnements ethniques traduisent un grand repli des communautés minoritaires (Bancel N. et alii, le grand repli). Manuel Valls avait dit quand il était premier ministre qu’on a affaire à un « apartheid territorial, social, ethnique ».

La ségrégation urbaine peu propice à une éducation de qualité dans les quartiers défavorisés où habitent une bonne partie des immigrés participe à l’échec scolaire de leurs enfants.

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA, enquête de 2012) indique qu’un quart des élèves français âgés entre 15 et 24 ans sortis du système scolaire sans diplôme sont des enfants d’immigrés nés en France. Ils vont alterner alors chômage et emploi à courte durée et parfois certains d’entre eux chutent dans la délinquance.

Le racisme s’exprime aussi de façon violente par des agressions physiques.

Dans les années 1970 les actes de violence raciste se sont multipliés. En 1973 suite à l’assassinat d’un chauffeur de bus par un algérien déséquilibré mental, pas moins de 21 magrébins ont été tués, un châtiment collectif dans le pays dit des « droits de l’homme ».

Selon la Délégation interministérielle contre le racisme et l’antisémitisme les agressions physiques évaluées ont concerné 7 % des musulmans vivant en France durant la période 2014-2019.

Les actes racistes ne sont pas déclarés en totalité aux services de police. Selon le Conseil consultatif des droits de l’homme, en 2019 on a recensé 5730 actes racistes soit une augmentation de 38 % par rapport à l’année précédente.

« Le taux de plainte est estimé à 3% pour les injures racistes, à 17% en cas de menaces et à 30% en cas de violences à caractère raciste. En 2017, les services de police ont enregistré 8 700 plaintes ».

Le racisme ne peut mener qu’à la violence, violence verbale ou physique.

Conclusion

Le racisme en France est bien enraciné dans la société, c’est un héritage du système colonial, il s’est consolidé durant la phase post-coloniale par l’absence de politique d’intégration efficace.

Sous l’impulsion des normes de la Communauté européenne des lois qui punissent ces discriminations ont été promulguées en France mais leur application est insuffisante car les actes discriminatoires sont souvent imperceptibles et pernicieux, difficiles à prouver

Le cadre législatif mis en place s’est avéré insuffisant pour combattre le fléau du racisme qui est un phénomène bien incrusté, détestable et nocif.

Combattre avec force ce mal ne relève pas seulement de la répression judiciaire, il faut le combattre aussi par d’autres moyens à portée préventive, l’éducation et l’information des mass-médias. Il faut l’expliquer, le déconstruire pour mieux le faire reculer, libérant les gens qui succombent à ses biais cognitifs.

L’éducation qui est un moyen d’action crucial doit être privilégiée pour former les jeunes générations au respect de l’égalité des droits pour tous les groupes humains, leur inculquer les connaissances actuelles qui invalidement scientifiquement les préjugés racistes car l’ignorance, l’inculture sont le terreau sur lequel prolifèrent la dépréciation des autres et les haines raciales. L’école est un lieu majeur de la socialisation qui doit transmettre les valeurs de la république.

La propagation du racisme par les mass médias doit être bannie.

Les réseaux sociaux sont un autre vecteur de haine raciale, leurs messages doivent subir un contrôle qui est un acte de salubrité publique.

Ainsi la lutte contre le poison du racisme est complexe et multidimensionnelle.

La participation de la société civile au combat contre le racisme est d’une nécessité impérieuse.

La communauté maghrébine est entrée massivement dans la lutte pour l’égalité des droits pour la première fois en 1983. La marche pour l’égalité et contre le racisme, organisée cette année par des jeunes issus de l’immigration, avait mobilisé des milliers de personnes de plusieurs villes françaises convergeant vers Paris. C’est la première irruption politique de cette communauté.

Le mouvement a fini par s’affaiblir sans avoir atteint ses objectifs, la lutte pour l’égalité des droits est une œuvre de longue haleine. Des divergences politiques internes et l’absence de leadership ont contribué à empêcher l’émergence d’une organisation structurée au sein de la communauté maghrébine.

L’élite intellectuelle d’origine immigrée doit s’engager dans cette lutte. Jusqu’à présent elle paraît timorée. Un travail de lobbying s’impose.

Les citoyens français originaires du Maghreb participent peu aux élections politiques. Leur implication dans le domaine politique est un axe majeur de la lutte contre la discrimination ethnique. Cette lutte multiforme sera longue et difficile.

La participation aux associations locales ou nationales (par exemple SOS racisme) et aux organisations syndicales est un autre moyen d’action pour l’intégration et l’égalité des droits.

Dans chaque pays il y a le meilleur et le pire, la société française d’origine européenne n’est pas raciste dans son ensemble, ceux qui sont opposés au racisme sont assez nombreux, ils représentent des alliés des victimes du racisme.

(*) Abdelkader Khaldi Docteur en socio-économie, diplômé des universités Paris 1-Sorbonne et Paris 10-Nanterre

Références bibliographiques

Balibar E. : la construction du racisme, revue Actuel Marx, Presses universitaires de France, Paris, 2005

Bancel N., Blanchard P. et Boubekeur A. : le grand repli, éditions la découverte, Paris, 2015

Fanon E. : peaux noirs, masques blancs, éditions du seuil, Paris 2015

Le Cour Grandmaison A : de l’indigénat, éditions la découverte, Paris, 2010

Memmi A. : le racisme, éditions Gallimard, Paris, 1982

Taguieff P.A. : le racisme, cahier du CEVIPOF, n°20, Paris, 1998

Auteur
Abdelkader Khaldi (*)

 




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