Le RCD alerte sur «l’impasse économique» et pointe les dérives d’une gouvernance sans cap

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Atmane Mazouz
Atmane Mazouz, président du RCD. Crédit photo : Hamid Arab

Réuni le 14 novembre, le Secrétariat national du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a livré un diagnostic sévère de la situation du pays. Si le parti d’opposition évoque les blocages politiques, le rétrécissement des libertés et les errements diplomatiques, c’est surtout l’état alarmant de l’économie nationale qui concentre l’essentiel de ses inquiétudes.

Un déficit budgétaire « hors norme » qui interroge la soutenabilité financière de l’État

Au cœur des préoccupations du RCD, la loi de finances 2026, présentée comme un révélateur de l’impasse dans laquelle s’enfonce l’économie algérienne. Le déficit annoncé – plus de 9 000 milliards de dinars, soit 54 % du budget global et plus de 22 % du PIB – constitue, selon le parti, un signal critique.

Pour le RCD, de tels déséquilibres « interrogent gravement sur la capacité de l’État à se financer par les voies conventionnelles ». En filigrane, le parti évoque la possibilité d’un retour déguisé au financement non conventionnel, une politique monétaire qui, dans le passé, a contribué à accélérer l’inflation et à fragiliser davantage le dinar.

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Un taux de change en chute libre, symptôme d’une crise de confiance

Le communiqué souligne également l’effritement continu du dinar sur le marché parallèle, devenu un véritable baromètre de la défiance. L’écart toujours plus grand avec le taux officiel est interprété comme le signe d’une tension monétaire profonde et d’une perte de confiance généralisée dans la capacité des institutions à stabiliser l’économie.

Le RCD estime que cette situation résulte d’une politique économique « sans vision », marquée par des décisions dispersées, des restrictions tous azimuts et une absence de stratégie de diversification crédible.

Une économie asphyxiée par les contrôles et dépendante d’une rente épuisée

Loin des discours officiels sur la relance, le parti décrit un paysage économique où « l’État subventionne l’échec et taxe la production ».

Dans son analyse, le RCD dénonce un environnement peu propice à l’investissement, où la bureaucratie, l’instabilité réglementaire et la méfiance du pouvoir envers l’initiative privée bloquent l’émergence d’un tissu économique solide.

Les tensions persistantes sur les produits de première nécessité et les intrants industriels sont évoquées comme les conséquences directes d’un système incapable d’assurer la sécurité d’approvisionnement. L’économie, souligne le parti, reste enfermée dans une logique rentière, où le court terme l’emporte systématiquement sur la planification.

Un contexte politique verrouillé qui aggrave l’incertitude économique

Si l’accent principal est mis sur les difficultés financières et structurelles, le parti rappelle que la dégradation économique ne peut être dissociée du contexte politique. Le verrouillage du champ médiatique et partisan, illustré notamment par la lourde condamnation infligée au poète Mohamed Tadjadit, contribue selon le RCD à un climat d’inquiétude et d’anticipation négative.

L’affaire Boualem Sansal, emprisonné puis libéré après une médiation internationale, est citée comme un révélateur supplémentaire d’un système judiciaire « à géométrie variable », accentuant l’incertitude et dissuadant l’initiative dans tous les secteurs, y compris économique.

Une gouvernance économique fragilisée par l’instabilité institutionnelle

Le RCD pointe également les hésitations du pouvoir autour des réformes annoncées : loi sur les partis politiques, code communal, code de wilaya, code électoral… Préparées puis mises entre parenthèses, relancées puis suspendues, ces réformes témoignent d’une lutte interne pour le contrôle des leviers institutionnels, estime le parti.

Cette instabilité aurait un impact direct sur l’économie, en créant un environnement imprévisible pour les opérateurs économiques, nationaux comme étrangers.

Pour le RCD, la sortie de crise passe par un sursaut national. Au-delà du constat critique, le parti appelle à un débat national approfondi, incluant acteurs politiques, syndicaux et société civile, afin d’identifier les voies d’un redressement économique et institutionnel.

Le RCD insiste : aucune relance n’est possible dans un contexte de fermeture politique. La restauration de la confiance, indispensable au redémarrage de l’investissement, passe selon lui par une transition démocratique, l’abrogation des lois liberticides et l’ouverture du champ public.

En filigrane, le communiqué du RCD présente une économie nationale au bord de l’essoufflement, prise en étau entre un déficit budgétaire record, une monnaie en chute libre, un appareil productif fragilisé et une gouvernance jugée incohérente.

Pour le parti, la situation économique ne pourra s’améliorer sans une refondation globale des mécanismes de gouvernance et des institutions politiques.

Samia Naït Iqbal

6 Commentaires

  1. C’est l’automne, les corneilles ressortent des bois. Elles se rassembles pour annoncer l’hiver, qui arrive à grand pas. À leur croassement, l’hiver sera encore rude; encore un hiver sibérien mais sans neige et sans pluies.
    Alors, pour positiver, moi je préfère plutôt écouter chanter les oiseaux de paradis, bengrina, Hassani, bouden et compagnie. Avec eux au moins on est toujours en été, toujours le soleil.

    « Emmenez-moi au bout de la terre
    Emmenez-moi au pays des merveilles
    Il me semble que la misère
    Serait moins pénible au soleil »

  2. Encore un communiqué à l’eau tiéde… Il faut arrêter avec ces communiqués et ces analyses sophistiqués que le peuple ne comprend pas. Le seul message qu’il convient de diffuser largement dans le pays c’est que’El Mouradia et les Tagarins sont entre les mains d’ennemis de la nation qui n’auront de cesse qu’aprés avoir disloquer et détruit le pays. Les algériens doivent savoir que depuis 2019, Mohamed Tebboune est le vrai patron d’El Mouradia et que c’est lui qui valide ou invalide les projets d’investissements étrangers. Tous les investisseurs sérieux sont écartés par Mohamed Tebboune au profit d’entreprises douteuses, de société écran qui acceptent de lui verser d’immenses commissions ou de participer à des montages qui permettent à Mohamed Tebboune de détourner des milliards d’euros vers des comptes à l’étranger. Il faut arrêter avec les communiqués à l’eau tiéde. L’année 2026 va être terrible pour le peuple algérien. Les partis démocrates ont la responsabilité de penser la manière dont il faut resister et réussir à renverser ce régime. Faute de quoi, en 2026, nous aurons beaucoup d’explosions violentes qui finiront comme toutes les explosions de violence : sans résultat, beaucoup de sacrifices mais sans résultats

    • Pardonnez moi cher compatriote @Blek le roc , je ne sais pas si vous faites exprès ou non en parlant de « communiqués et analyses sophistiqués que le peuple ne comprend pas » de la part du RCD alors qu’il n’y a rien de plus limpide, clair comme de l’eau de roche, comme cette dernière déclaration du RCD qui donne un diagnostic clair sur la grave situation politique, économique et institutionnelle du pays. Même ma grand mère analphabète trilingue l’a compris.

      Je ne comprends pas que vous ne compreniez pas que pour l’instant l’un des seuls partis politiques qui montre encore de la resistance vis à vis de ce pouvoir malgré l’aggravation de la fermeture du champ politique, c’est le RCD qui a d’ailleurs refusé de participer à toute élection, de participer aux simulacres électoraux organisés par le pouvoir tant qu’il n’y a pas de changement de gouvernance, alors que d’autres ont décidé de participer pour crédibiliser le pouvoir et l’encourager dans sa feuille de route suicidaire. Vous avez un sorte de rejet du RCD et vous oubliez les autres partis qui ont trahi le Hirak ! Il y a quelque chose qui ne va pas dans votre position.

      Le RCD ne fait pas des « communiqués à l’eau tiède » comme vous dîtes puisqu’il appelle à une transition démocratique inclusive incontournable pour un meilleur avenir politique du pays. Il propose l’instauration d’un débat national PROFONDI et INCLUSIF incontournable , sinon on va droit au mur. Vous voulez quoi de mieux ? Dîtes le nous , on va vous écouter ! Je crois qu’ Il faut faire preuve de paresse intellectuelle pour ne pas comprendre le message du RCD.

      PS : vous voulez « renverser » le régime avec ses chars, sa gendarmerie, sa police, sa justice aux ordres et ses prisons mais alors dîtes nous exactement comment il faut procéder et on vous suivra c’est sûr. Merci à vous.

      • Nabila, je ne suis pas leader politique. C’est aux partis politiques de réfléchir aux voies et moyens d’enclencher un vrai mouvement de résistance avec au bout un seul objectif : le renversement de ce régime mafieux. Ce que je reproche aux communiqués à l’eau tiède c’est d’être complètement hors sujet : nous ne sommes plus face à une mauvaise gouvernance, nous sommes face à une entreprise délibérée de détruire le pays et de le mettre à sac. Actuellement, le pays est tenu par un petit groupe de voyous dont Mohamed Tebboune qui trônent à El Mouradia (Abdelmadjid Tebboune tout comme Chengriha ne peuvent pas travailler plus d’une heure par jour. c’est Mohamed Tebboune qui tient la Présidence) . Et contrairement à ce que pense le RCD, ces mafieux ont un cap : mettre à sac le pays, transférer un maximum de milliards de dollars sur des comptes bancaires persos et de sociétés écrans et autres sociétés turques. C’est une mafia décomplexée, une tyrannie décomplexée qui ne voient aucun inconvénient à nous imposer une terreur, un arbitraire, une injustice, un système pire encore et aussi abject que la colonisation. Ce n’est pas un problème de mauvaise gouvernance, le message de Tebboune est clair : nous sommes tous et toutes déchus de la nationalité algérienne. Les blindés ? Je sais, je connais l’importance de l’appareil sécuritaire du régime. Je n’imagine pas que nous puissions faire face à une telle force militaire. C’est pour cela que j’appelle les partis politiques à renoncer à l’idée que le régime pourrait se reformer de lui même. Jamais. Les partis politiques doivent réfléchir désormais à l’organisation d’une résistance résolue contre ce régime de voyous qui représente un danger mortel pour le pays. En premier lieu, comme proposé par un cyber activiste, nous devons tous écrire au Président allemand et même à tous les dirigeants européens pour que le régime soit blacklisté et contraint. Des gens malades sont jetés en prison, nous devons convaincre l’Allemagne et tous les autres dirigeants européens de ne plus soigner Tebboune et les autres caciques du régime Tebboune.

        • @Blek le roc, le petit Mahmoud Tebboune (fils du monarch)dérobe les caisses de l’état sous le regard pacif des services de sécurité parce que son père désigné comme président, ça c’est extrêmement grave!

          • Bien sûr que c’est extremement grave. Nombreux sont ceux qui, travaillent à El mouradia, attestent que Mohamed Tebboune y dispose de bureaux et que c’est qui qui commande pendant que son père fait la sieste ou cuve son vin. Mohamed Tebboune est devenu le chef suprême de la mafia algérienne et son siège est à la Présidence.

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