Jeudi 2 septembre 2021
Le RCD s’élève contre « un état d’exception de fait »
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) fait dans ce communiqué le tour d’horizon des errements du pouvoir et de ses inconséquences à ne plus pouvoir les sérier.
Le secrétariat national du RCD s’est réuni ce jeudi deux septembre 2021 pour évaluer la situation politique nationale, à la lumière de la poursuite de l’escalade de la violence et des atteintes graves aux libertés, sur fond de manipulations criminelles des différences socioculturelles des populations algériennes.
Au nom de l’ensemble des militants du parti, le Secrétariat National du Rassemblement, s’incline, une nouvelle fois, devant la mémoire de toutes les victimes des incendies meurtriers et des nombreuses vies humaines emportées par la pandémie de la Covid-19, aggravée par l’incurie du pouvoir politique qui, d’une part, a manqué cruellement d’anticipation en ne dotant pas la protection civile de moyens de lutte contre les incendies et qui a ,d’autre part, compté sur un système de santé obsolète miné par la corruption et des récurrentes coupes budgétaires.
Dans ces moments de grandes souffrances, de pénuries en tout genre et d’angoissantes incertitudes, le gouvernement regarde ailleurs. Le ministre de la Santé nie l’absence d’oxygène dans les hôpitaux et abandonne les citoyens à leurs détresses. Celui de l’intérieur fait une virée au chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou et laisse les habitants à leur triste sort. Bien que poussés aux limites de l’épuisement, sans moyens et en pleine crise de l’eau, les populations, les militaires et les pompiers ont affronté courageusement des feux d’une ampleur inconnue de mémoire de vivants.
D’un autre côté, la hausse en cascade des prix de tous les produits ne génère que les pitreries habituelles du premier responsable du secteur, compère des deux ministres suscités. Et puis, il y a le ministère de l’Éducation qui décide tout bonnement d’exclure tamazight, inscrite dans la constitution langue nationale et officielle, fruit d’un combat et de lourds sacrifices, de l’emploi du temps alternatif. La marche arrière du ministère après une levée de boucliers dans les quelques espaces médiatiques encore disponibles indique que le but recherché est aussi de faire diversion et d’alimenter les divisions.
Dans les faits, ce gouvernement ne décide et ne coordonne plus grand-chose ; le HCS (Haut Conseil de Sécurité) qui est pourtant un organe consultatif est devenu le véritable centre des délibérations et plus grave des décisions. Pour preuve, il a prononcé des sentences sur des questions qui relèvent exclusivement du domaine de la justice et s’occupe même de la programmation des élections.
Le RCD qui a dénoncé les multiples passages en force du régime à travers les précédentes farces électorales estime que l’illégitimité qui frappe ce pouvoir est entière. Pour autant, notre rassemblement reste attaché au fonctionnement constitutionnel des institutions et à l’application des seuls instruments prévus par la législation.
La répression, les emprisonnements et l’arbitraire qui s’abattent sur les citoyens et les militants au seul motif qu’ils ne se rangent pas derrière une feuille de route officielle qui tourne le dos à la souveraineté du peuple et aux revendications du mouvement populaire ne peuvent constituer la norme d’une gouvernance viable.
C’est dans cet État d’exception qui ne dit pas son nom et qui exclut tout débat sur la situation du pays que les promoteurs de la Nouvelle Algérie s’apprêtent à restructurer les banques, à mettre le secteur des mines sur le marché des acquéreurs, à reconsidérer la structure des subventions alors que de larges couches de la population sont de plus en plus précarisées et à fermer des entreprises publiques, à l’instar de l’ENIEM. Rien ne peut justifier que des dossiers qui engagent l’avenir du pays soient traités dans l’opacité.
La transparence nécessaire à la bonne gouvernance est tributaire de l’arrêt des atteintes graves aux libertés individuelles et collectives, de la cessation de la criminalisation de l’action politique et syndicale et de l’abandon de la domestication de la presse. Le pays ne peut se relever d’une nouvelle politique d’accaparation /dilapidation des richesses nationales et d’une émergence d’une autre oligarchie de bazar et compradore.
Pour le RCD, le contexte politique général miné déjà par quatre mandats de gestion inique de Bouteflika et exacerbé par une situation régionale aux périls inédits, dicte la promotion du rassemblement, de l’apaisement par la libération des détenus d’opinion et l’arrêt de la répression et de l’instrumentalisation de la justice, du respect des libertés fondamentales et la promotion du dialogue.
Le mouvement révolutionnaire de février 2019 a démontré qu’une dynamique d’unité est possible autour des revendications populaires portées par le Hirak. Les récentes dérives du pouvoir marocain à travers son représentant à l’organisation des pays non alignés ou son assentiment aux déclarations hostiles d’un officiel israélien sur le sol du royaume n’honorent pas la monarchie et constituent une attitude belliqueuse envers notre pays. Le RCD appelle à l’apaisement et à la responsabilité et considère que les intérêts de deux peuples frères doivent prévaloir en dernier ressort.
A cette Nouvelle Algérie que le pouvoir de fait veut régir par des lois liberticides, les peurs, la confiscation des droits, la remise en cause des acquis, l’autoritarisme, voire la terreur, il y a une autre Algérie, celle de la solidarité, de la générosité et soucieuse de l’espoir et de l’avenir de ses enfants.
La mobilisation et l’élan de solidarité qui se sont manifestés autour des hôpitaux et à l’endroit des malades en détresse respiratoire pour l’acquisition de concentrateurs d’oxygène et autres appareillages ou médicaments a démontré que les ressorts sociaux traditionnels sont encore prégnants malgré plus de vingt ans d’une politique de déstructuration sociale.
Mais ce qui a le plus surpris le pouvoir est l’afflux de citoyens de toutes les régions du pays vers la Kabylie durant la tragédie des feux de forêts. Cet élan d’aide et de solidarité sans précédent est perçu, à juste titre, comme l’échec d’une politique savamment entretenue contre la région pour battre en brèche l’unité du Hirak et continuer à actionner le traditionnel levier de division.
Quels que soient les auteurs de l’horrible mise à mort de Djamel Bensmail, l’orchestration qui a entouré ce drame avait pour but de contrer cette communion nationale autour de la tragédie des incendies.
Le mal du pays c’est aussi la persistance des fuites en avant et du fait accompli. En fabriquant à la pelle des dangers intérieurs et en se défaussant sur les autres pour dissimuler ses échecs, on occulte les vrais problèmes et donc leur prise en charge. Est-ce le but ultime recherché par les auteurs de cette politique ? Devant tant de dénis, d’aucuns peuvent le penser.
Enfin, le Secrétariat national instruit les bureaux régionaux de réunir les conseils régionaux pour débattre de la situation générale du pays en prévision du Conseil national qui se tiendra le 17 septembre en cours.
Alger le 02 septembre 2021
Le Secrétariat national du RCD