19 avril 2024
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Le recul de la démocratie en Algérie

Interdiction d’activités politique, censure…

Le recul de la démocratie en Algérie

Le pouvoir est finalement capable d’imposer le candidat qu’il veut en avril 2019. 

L’imposition d’un cinquième mandat d’un dirigeant qui n’a pas fait de discours en public depuis 2013 est en train de tuer le peu de démocratie qu’il reste en Algérie.

Alors qu’ils se préparaient le 8 septembre a tenir une manifestation contre un possible cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, les animateurs du mouvement Mouwatana ont été une autre fois interdite d’activité politique, arrêtée par les services de sécurité à Constantine et enfermée dans leur hôtel. Voulant couper l’herbe sous les pieds du gouvernement, ils avaient pourtant demandé une autorisation formelle auprès des autorités de la wilaya de Constantine pour tenir leur manifestation populaire. Cette répression des autorités contre les dirigeants de Mouwatana est constante. La police était aussi intervenue le 12 août dernier en interpellant ses principales figures qui tentaient de tenir une manifestation à la Place des Martyrs, à Alger.

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Ce que dénonce ce mouvement est que le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, y reste malgré le fait qu’en 2013 un AVC l’a laissé débilité et incapable de parler en public. Il reste en poste depuis ce temps malgré le fait que la loi fondamentale algérienne prévoit la destitution du président de la République en cas de maladie grave.

Le camp présidentiel a de plus démarré en avril une campagne pour la candidature du président Bouteflika aux élections présidentielles de 2019. Le Front de libération nationale qui est l’ex-parti unique du pays s’allie actuellement au Rassemblement national démocratique et aux islamistes du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie pour promouvoir ce cinquième mandat.

Il y a un peu plus de deux mois, un regroupement d’individus dénonçait donc publiquement cette situation. Les membres du mouvement Mouwatana sont des défenseurs des droits de l’Homme, des démocrates ou des citoyens qui veulent tout simplement pouvoir être fiers de leur président et le voir représenter dignement leur pays à l’étranger. Il regroupe autant des personnalités nationales que des partis politiques et des membres du mouvement Barakat qui s’étaient opposés au quatrième mandat du président qui était déjà incapable de parler en public et a été reporté au pouvoir en 2014 sans avoir fait un seul discours public.

Ce n’est jusqu’à maintenant qu’un regroupement de citoyens sans structure ayant comme position commune une opposition au cinquième mandat du président sortant. Ce mouvement organise des conférences de presse l’une après l’autre en espérant que le bon sens populaire finisse par s’imposer face au désir du gouvernement. Pour se structurer, il veut organiser à Alger le 6 octobre prochain une conférence nationale.

Le gouvernement dénonce pour sa part ce mouvement qu’il accuse de déstabiliser le pays, d’avoir des objectifs destructeurs et des membres avec des intérêts personnels à promouvoir. Mouwatana jette une ombre sur le parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie qui organise des élections, mais possède dans les faits tous les leviers de l’État.

La Mission d’expertise électorale de l’UE a décrit l’ampleur de ce contrôle sur le processus démocratique dans son rapport sur les élections législatives de mai 2017. Elle a dénoncé que plusieurs droits fondamentaux ne sont toujours pas clairement explicités dans la Constitution et traduits dans la loi. Elle dénonçait aussi que les listes électorales ne font toujours pas l’objet, en 2017, d’une consolidation au niveau national. Leur accès demeurait extrêmement restreint et privait « les parties prenantes au processus d’une possibilité de contrôle effectif de leur fiabilité. »

La mission pointait autant le manque de transparence que le contrôle de l’État sur la publicité qui fait vivre les journaux. En fait, le gouvernement au pouvoir s’est gardé plusieurs outils pour que les urnes reflètent ce qu’il veut et non la volonté populaire.

Ce gouvernement pourrait donc facilement imposer n’importe quel autre candidat. Sa mainmise est telle qu’il deviendrait automatiquement le nouveau président algérien.

L’imposition de ce chef diminué peut donc être considérée comme une action du pouvoir pour humilier les démocrates algériens. Elle s’apparente à une destruction délibérée de tout désir de démocratie dans ce pays. Si Bouteflika voulait montrer ses hautes valeurs d’engagement, de patriotisme et de sacrifice envers l’Algérie, ce qu’il affirme avoir, il se retirerait et laisserait la place à un président capable de remplir toutes ses fonctions présidentielles autant au pays qu’à l’étranger.

Les actions actuelles du gouvernement algérien montrent donc qu’il est impossible de manifester librement en Algérie. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a dénoncé plusieurs fois la répression des animateurs du mouvement Mouwatana. Malheureusement, son indignation ne semble pas avoir d’échos dans les pays dits démocratiques qui préfèrent regarder ailleurs pendant que le gouvernement mâte ses démocrates.

Chose encore pire, les quelques démocraties qui tentent doucement de faire entendre raison au gouvernement sont prises en grippe par les dirigeants du régime qui s’enligne de plus en plus vers les dictateurs, beaucoup moins regardants. Le gouvernement algérien signe donc des contrats avec la Turquie, s’arme avec la Russie et vient d’adhérer à l’initiative de « la ceinture et la route » malgré un imposant déficit commercial de plusieurs milliards de dollars face à la Chine.

Auteur
Michek Gourd

 




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