25 février 2025
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Le réel et le ressenti, si opposés ?

Bien que l’opposition entre les deux mots soit aussi ancienne que leur définition et leur usage, ils ont fleuri récemment dans le langage et les comptes rendus d’actualité d’une manière exponentielle et inattendue. Tout est analysé en réflexion double, par le réel et le ressenti.

La première apparition étrange de cet usage, aujourd’hui généralisé, est celui des bulletins météorologiques. Si les deux notions sont connues depuis le début de la science météorologique, il y a encore quelques années il ne serait pas venu à l’idée des commentateurs de prétendre qu’il y aurait deux températures en même temps. Il faut reconnaître qu’il est étrange qu’on vous dise qu’il fera 12 degrés mais qu’en ressenti ce sera 14 degrés au soleil, l’inverse par le vent est aussi vrai.

Puis il y a un second exemple, lui aussi tout à fait récent dans le langage, l’appréciation du niveau de violence dans la société qui diffère entre la prise en compte des statistiques officielles et le ressenti de la population.

Pourtant la définition du réel est un fait qui existe, qui est certain, effectif ou démontré. On dit que c’est un fait objectivement mesurable. Il est normalement indépendant de la perception humaine qui est du champ du subjectif.

La température est ainsi mesurable et, si nous excluons son caractère prévisionnel, il y a bien effectivité du résultat par la méthode scientifique dont la plus ancienne est notre bon vieux baromètre. Comment alors mesurer le ressenti qui est exclusivement subjectif ? 

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Et même si la science nous dit qu’elle est dotée d’outils pour l’évaluation du ressenti, comment expliquer que deux personnes en un même lieu, le froid est ressenti par l’un  alors que la seconde dit suffoquer de chaleur. La science météorologique nous dit qu’elle a des outils mais comment un outil peut-il mesurer un ressenti ? 

Quant aux chiffres de la violence dans la société, ils sont issus de statistiques, aussi bien des administrations officielles que des organismes de toutes natures. On pourrait bien dire qu’il s’agit là de données objectivement mesurables mais on n’a jamais vu une population s’empêcher de craindre la violence par le seul ressenti issu des informations. On n’a jamais vu effectivement une personne consulter les statistiques ou faire référence à des commentaires rassurants pour refouler son ressenti.

Et voilà le problème posé qui nous fait réfléchir ensemble aujourd’hui. Le réel est constaté, démontré, qu’il soit visible ou non. C’est donc du domaine de la science qu’il s’agit. Mais là commence la difficulté car mêmes les spécialistes des sciences dures (ainsi sont-ils appelés, la physique, les mathématiques ou la biologie par exemple) nous prouvent continuellement que les affirmations de la science fluctuent avec la progression des connaissances à travers le temps.

Les sciences humaines sont encore plus explicites dans leur subjectivité puisqu’elles font référence à l’humain, chacun ayant un ressenti ou une interprétation différente.

Alors comment faire ? La réponse est toujours et éternellement rappelée dans la majorité de mes chroniques, c’est le recours à l’esprit de discernement construit par l’école. Pour cela, la condition essentielle est l’objectif de l’institution de cultiver l’esprit critique et non la pensée unique et le dogmatisme. Si j’ai un seul message important à faire passer dans la multitude de mes contributions, c’est bien celui de l’indispensable maîtrise du discernement. 

Une société ne pourra jamais se débarrasser de l’irrationnel car elle est constituée d’êtres sensibles. Alors elle doit continuellement se convaincre qu’elle doit en même temps soutenir la science du réel et permettre l’équilibre des relations humaines avec le ressenti.

Entre ces deux écueils l’être humain n’a aucun autre choix que celui de se conformer à des règles qui pourront lui permettre de trancher au mieux qu’il peut. Pour la science, la règle est établie depuis quelques siècles seulement, c’est la méthode expérimentale qui valide une vérité scientifique du moment lorsqu’elle aboutit toujours au même résultat dans des conditions identiques.

Pour les sciences humaines, domaine privilégié du ressenti, ce sont les pensées qui se sont avérées les meilleurs conseillères d’un apaisement de la société dans ses multiples oppositions.

De ces deux positions, la meilleure voie qu’il est possible de prendre pour une société est donc la conciliation entre le réel et le ressenti. Mais pour ma part je suis convaincu que l’observation réelle établie par la science est la seule qui a prise sur moi même avec la connaissance de son caractère évolutif. Je suis un profond adepte de la rationalité et rejette par conséquent l’adhésion à l’irrationalité.

Mais je ne suis pas la société à moi tout seul. Alors il faut convenir qu’à la question posée par le titre on doit répondre que le réel et le ressenti ne sont pas toujours opposés.

Boumediene Sid Lakhdar

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