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« Le régime s’enfonce dans son aveuglement »

TRIBUNE

« Le régime s’enfonce dans son aveuglement »

Répression des manifestants, censure des médias, interdiction de toute activité politique, enfumage médiatique à tout va, le régime que représente Abdelmadjid Tebboune poursuit sa fuite en avant. Dans ce communiqué, plusieurs organisations citoyennes et de défense des droits de l’homme appellent le pouvoir à cessez la répression et à libérer les 64 détenus d’opinion qui croupissent dans les prisons.

« Le régime s’enfonce dans son aveuglement à vouloir en finir avec le mouvement populaire, le Hirak. Il redouble de férocité en ciblant ces derniers jours les éléments actifs du Hirak parmi les universitaires et les cadres du milieu associatif.

L’universitaire Mehana Abdesselam, le militant engagé de la démocratie et le scientifique rigoureux, devrait être présenté ce lundi 19 avril, devant le procureur, mais sa comparution est reportée à une date ultérieure. Il a été, rappelons-le, arrêté brutalement le vendredi au début de la marche d’Alger et conduit au commissariat pour être auditionné. Il ne sera relâché que tard dans la nuit à la suite d’une énorme mobilisation citoyenne.

Le même jour, la vague d’arrestations arbitraires s’est étendue pour toucher Nacer Meghnine, président de l’association SOS Bab El Oued, Karim Athmane et son ami youtubeur Bilal Chache connu sous le nom de Bilal Nouni, ainsi que Kamel Derriche et Mourad Khoudja. Ces cinq interpellés ont vu leur garde à vue prolongée pour être présentés aujourd’hui devant le procureur de Sidi M’Hamed.

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Le choix de ces cibles n’est pas fortuit, mais il obéit à une volonté qui consiste à vider le Hirak de ses forces organisées, de ses cadres et des corps intermédiaires. C’est la stratégie du chaos en tentant de le dévier de l’un de ses principes cardinaux, sa « silmiya ».

En recourant aux interpellations intempestives, le régime veut attirer le Hirak sur son terrain favori, celui de l’affrontement, de l’émeute et de la culture de la violence.

N’oublions pas Massinissa Guermah, assassiné le 18 avril 2001, et les 127 victimes du printemps noir. Cette répression qui perdure est une forme de chantage que ce régime tente d’exercer sur la société pour passer son coup de force et imposer ses élections législatives le 12 juin prochain.

Le dernier communiqué du Haut Conseil de Sécurité (HCS) a donné les contours de cette ligne stratégique consistant à désigner le Hirak comme ennemi, « sous l’emprise à la fois des séparatistes et des terroristes ». Cette stratégie du pire a déjà échoué. Le Hirak a su déjouer les manœuvres et la propagande ayant entouré l’orchestration de l’arrestation arbitraire de Mohamed Tadjadit et de ses quatre camarades.

Les 22 manifestants arrêtés le samedi 3 avril à Alger ont été mis en détention provisoire le 5 avril par les tribunaux de Baïnem et de Sidi M’hamed. Pour protester contre leur incarcération illégale, ces 22 détenus ont entamé le 7 avril une grève de la faim illimitée.

Un élan de solidarité formidable s’est développé à travers le pays autour de leur action : le Hirak du vendredi 113 leur a été dédié et à travers eux à tous les détenus d’opinion. La chambre d’accusation statuera ce mercredi, 21 avril, sur leur maintien ou non sous détention alors qu’ils seront à leur 15e jours de grève de la faim.

Nous réitérons à cette occasion notre appel lancé jeudi dernier de « ne pas les laisser mourir ! » et de ne ménager aucun effort pour sauver leurs vies en danger et d’exiger que justice leur soit rendue en les libérant immédiatement et sans conditions.

Nous mettons en garde le pouvoir contre son entêtement à continuer à jouer la carte du pourrissement en privilégiant la politique du tout répressif.

Nous réaffirmons notre soutien indéfectible à notre ami, Mehana Abdesselam, membre de la CNUAC, et aux cinq citoyens qui seront présentés devant le procureur près du tribunal de Sidi M’Hamed.

Nous appelons à cet effet à la mobilisation pour faire barrage à la politique périlleuse et aventureuse du régime visant à réprimer tout azimut, en particulier les jeunes des quartiers, et à détacher les élites du mouvement populaire.

Seule la mobilisation paye ! Liberté pour tous les détenus d’opinion ! Tilleli iwaraw n’tlelli !

Djazaïr Horra Dimocratiya !

Alger, le 19 avril 2021

Signataires :

Le Comité Algérien contre la torture et les conditions carcérales Inhumaines (CACTCCI).

Le Coordination nationale des Universitaires algériens pour le changement (CNUAC).

Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Collectif pour la Libération des détenus d’opinion et le respect des Libertés démocratiques (COLDOREL).

 




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