11 décembre 2024
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Pourquoi la statue du roi Aksil fut déboulonnée ?

La statue d’Aksil, signée Abderezak Bouzkar, aura eu une carrière courte mais intense. Inaugurée à Khenchela avec une certaine fierté, elle a rapidement été déboulonnée, victime de ce sport national qu’est le débat stérile.

En Algérie, même une statue peut provoquer un séisme. Non pas à cause de son esthétique ou de son message artistique, mais parce qu’elle devient instantanément un champ de bataille.

Ici, les fractures identitaires et historiques s’exposent sans filtre, et Aksil (Axel pour certains, Kousseila pour d’autres,) se retrouve au cœur d’un feu croisé : célébré par les uns, conspué par les autres, il devient le prétexte parfait pour enflammer les réseaux sociaux.

Mais au fait, qui était Aksil ? Selon Ibn Khaldoun, il s’agit d’un chef berbère qui, au 7ᵉ siècle, rencontre Abou al-Mouhajir Dinar, gouverneur d’Ifriqiya. Charmé par ce dernier, il se convertit à l’islam, rallie sa tribu, et participe même à quelques conquêtes contre les Byzantins. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que Ukba ibn Nafi revienne au pouvoir et décide, sans trop réfléchir, que les Awraba ne valent pas la peine qu’on les épargne. Aksil, pourtant loyal, devient une cible. Pas malin. Il feint la soumission, joue les alliés dociles, mais finit par le tuer à Thahouda en 683. Aksil prend alors les commandes de Kairouan.

Mais voilà, l’histoire a cette vilaine habitude de ne pas être tendre avec ceux qui gênent. Aksil, malgré ses talents et son courage, est tué par Zuhayr ibn Qays en 688. Les Omeyyades reprennent le contrôle de l’Ifriqiya et, dans la foulée, relèguent Aksil dans les marges des récits officiels. Comme d’autres figures nord-africaines avant lui, il est tour à tour admiré ou critiqué selon les idéologies du moment. Une habitude bien rodée, dirait Hannibal, un autre génie nord-africain que l’histoire a transformé en “monstre”

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Et la statue, alors ? Pauvre statue. Pensée pour honorer Aksil, elle a fini au cœur d’une polémique. Les autorités, fidèles à leurs habitudes, n’ont offert aucune explication à un geste aussi absurde qu’incompréhensible.

Ont-elles reçu des ordres venus d’en haut ? Ou ont-elles tout simplement cédé à cette fameuse loi des réseaux sociaux où celui qui crie le plus fort finit par avoir gain de cause ? Mystère.

Ce qui est clair, c’est que les autorités, fidèle à leurs habitudes, n’ont offert aucune explication à un geste aussi imbécile qu’absurde. Pourquoi clarifier les choses quand on peut agir dans l’ombre ? Plutôt que de rassurer, on préfère éborgner ou, à défaut, aveugler. Une stratégie qui marche toujours… ou presque.

L’ironie de cette histoire ? Cette œuvre de Bouzkar, avec ses traits saisissants et son regard intense, est probablement l’une des meilleures statues que l’Algérie ait produites. Un mélange de Clint Eastwood et d’un guerrier antique, elle aurait pu être une fierté nationale. Mais non. Dans un pays où les atrocités sculpturales abondent et finissent souvent comme des blagues virales, il fallait bien que celle-ci disparaisse. Parce que pourquoi pas.

Ce qu’il faut retenir, ce n’est pas seulement que l’Algérie a un problème avec ses statues. Non, c’est bien plus profond. C’est que l’Algérie a un problème avec son histoire. Coincée entre une colonisation qui l’a racontée à sa manière et une orientalisation qui l’a déformée, elle peine à reconnaître ses figures locales pour ce qu’elles sont. Aksil est l’exemple parfait de ce vide culturel : une figure complexe qu’on réduit, instrumentalise ou enterre selon les intérêts du moment.

Et en attendant, on débat. On s’écharpe. Et cette statue d’Aksil, qui aurait pu servir de symbole pour réconcilier les Algériens avec leur passé, finit par devenir le miroir cruel de nos contradictions. Finalement, elle aura été un chef-d’œuvre d’ironie plus qu’un hommage.

Za3im.

15 Commentaires

  1. Aksil a de son temps décapité le sanguinaire Oqba venu de si loin prendre des femmes et des enfants Amazighs en butin de guerre … tout cela enrobé dans le sadique et criminel mot  » foutouhate » …

    Aksil reviendra et Oqba s’en ira en … enfer …

  2. Les écrivains arabe du temps de Oqva ont écrit textuellement  » … Fi friqya, Oqba 3abata fi al qatli … »

    Le verbe 3abata = Abuser= tuer alors qu’il n’y avait aucune menace= aucun combat, aucune résistance … = tuer comme un sadique = un psychopathe = un tueur en série …

    C’est pour cela que Aksil, pourtant converti à l’islam, renie sa conversion, redevient ce qu il était, chrétien et venge les massacres gratuits de oqba le sanguinaire  »aladhi 3abata fi lqatli fi ifriqya …. »

  3. Aksil est un symbole. Il as combattu les Arabes qui detuis tout sur le chemin. Khaldun l’a bien decris lui qui as connu leurs culture de sanguinaires. D’ailleur maintenant eux il sont loin, mais leurs ideologie est rester l’a ancrer dans les petites tetes.

  4. C’est, encore une fois, le règne de la haine de soi, du reniement et du déni. Le grand remplacement s’opère en plein jour depuis des siècles. L’arabo-islamisme est hégémonique, il ne tolère aucune résistance. Maintenant, qu’ils ont les coudés franches, les adeptes de ce dogme moyenâgeux agissent au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Une statue d’Aqsil chez lui est le summum des affronts pour les enturbannés de cœur et d’esprit. Ils veulent gagner à tout prix le paradis et les houris qui, en rut, les y attendent et, pour rien au monde, ils ne pourraient laisser passer une occasion pareille ! C’est la chasse ouverte aux bonus de la « vie céleste ». Qu’ils aillent au diable!

  5. Les drogués de l’arabo-islamisme n’en finissent pas de faire des dégâts. Leur idéologie aussi absurde que stérile veut nous soumettre à leurs fantasmes débiles. Mais en réalité eux-même feignent d’y croire mais alors pourquoi font-ils des pieds et des mains pour s’installer dans les pays des « kouffars » au prix d’atroces humiliations? Veulent-ils exporter leur débile idéologie ailleurs? Je me le demande encore.

  6. L’Algérie est peuplé de nombreux étrangers d’origine différentes à qui on a donné la nationalité algérienne et qui sont maintenant dans les centres de décisions entrain de détruire l’âme de ce pays car ils ne se reconnaissent nullement de l’histoire de cette terre meurtrie par tant d’injustice.
    Ils veulent nous effacer pour qu’ils s’imposent dans un pays qui n’a pas le leur avec la complicité évidemment de ses propres enfants corrompus.
    C’est l’histoire qui se répète.
    On a pas fini avec le colonialisme avec ses différentes formes.
    Sans la réaction ferme du peuple authentique , nous disparaîtrons autant que peuple au détriment d’un autre.

  7. « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font du mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » (Albert Einstein). L’agression caractérisée contre la statue d’Aksel n’est pas seulement l’oeuvre des autorités aux ordres de ceux que Samy appelle « les drogués de l’arabo-islamisme » mais aussi et surtout par tous ceux qui les regardent sans rien faire. Et dire qu’un certain 19 février 2019, toujours à Khenchela, des manifestants avaient obligé l’APC à retirer un portrait géant de Bouteflika dont elle avait habillé la façade d’un grand immeuble de la ville pour lancer le cinquième mandat. Que sont devenus ces manifestants qu’on avait jadis connus? Ils ont été clairsemés et emprisonnés par ces même défendeurs du cinquième mandat d’hier et du deuxième d’aujourd’hui. Statue de Okba à Biskra: OUI; Statue de Aksel à Khenchela: NIET. Ainsi soit-il! Tamazight langue nationale et officielle (constitution algérienne). Foutaises!!!!!! Et si la prochaine cible était la statue d’un certain Chachnak? Pour reprendre le slogan d’Adidas dont le dossier fafien est au centre de l’actualité sportive: Impossible is nothing! Qu’on se le tienne pour dit!

  8. Contrairement à ce que vous affirmez dans votre histoire, les autorités, par le biais du président d’APC, ont donné des explications. Vous êtes libre de les croire ou de ne pas les croire. Ce que vous n’être libre de faire est de mentir. Comment voulez-vous que je paie attention à ce que vous dites quand vous parlez du 7em siècle quand vous êtes incapable de me dire la vérité pour un évenement qui a eu lieu il y’a moins d’une semaine?

    • 1. Etalez votre explication en question – l’APC va la nettoyer< ou est-ce que la statue est irrige' la ou l'APC devait traire un chameau, pour du lait hallal ?

      2. Comment et pourquoi la statue d'un personnage historique gene-t-elle? Il a tue' de l'arabe? ou du zulurman?

    • Puisque vous semblez savoir ce que nous ne savons pas, nous attendons vos explications concernant le motif de l’enlèvement de la statue d’un personnage historique important qui illustre la lutte des peuples numides contre les envahisseurs venus de l’est. Aksil ! Un patriote authentique qui a pris les armes contre des envahisseurs étrangers. Bien plus patriotes que les harkis de l’ADF qui ont pris les armes contre leurs frères maquisards de l’intérieur, et dont les descendants squattent encore, 62 ans plus tard, les mûrs du Château Algérie.

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