Les Français auront-ils assez d’électricité pour se chauffer cet hiver ? Telle est la question qui agite l’opinion française depuis que Gazprom a décidé de couper le gaz à Engie.
« Gazprom Export a notifié Engie d’une suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022 jusqu’à la réception en intégralité des sommes financières dues pour les livraisons », a indiqué le groupe russe dans un communiqué publié mardi soir sur son compte Telegram.
En outre, les livraisons de gaz russe via Nord Stream ont été suspendues, mercredi 31 août, pour trois jours. Le gazoduc qui relie directement les champs sibériens au nord de l’Allemagne est officiellement en maintenance. Mais, ce nouvel arrêt de l’approvisionnement accroît encore un peu plus la défiance entre Moscou et les Occidentaux.
C’est une nouvelle manche dans la partie de bras de fer engagé autour de l’énergie. Depuis ce mercredi matin, la Russie a interrompu la fourniture de gaz naturel à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 1.
En vertu d’un décret du président russe Vladimir Poutine signé fin mars, Gazprom précise « qu’il est interdit de livrer davantage de gaz naturel à un acheteur étranger si l’acheteur n’a pas effectué le paiement en intégralité dans le délai fixé dans le contrat ».
Or Gazprom a affirmé qu’il n’avait pas reçu mardi en fin de journée l’intégralité des sommes dues pour les livraisons de juillet.
La Première ministre française Elisabeth Borne, voulant « rassurer les clients d’Engie », a toutefois affirmé sur la chaîne TMC que le groupe français avait « trouvé d’autres sources d’approvisionnement », sans préciser lesquelles. Les regards se tournent en effet vers la Norvège et l’Algérie qui pourraient venir combler le déficit en gaz cet hiver. Elle a par ailleurs ajouté qu’il y aura des hausses en 2023, mais elles resteront contenues.
Les livraisons de gaz russe à Engie avaient déjà considérablement diminué depuis le début du conflit en Ukraine, passant récemment à seulement 1,5 TWh (térawatt-heure) par mois, selon Engie. Ce chiffre est à rapporter à des approvisionnements « totaux annuels en Europe supérieurs à 400 TWh » pour Engie, ajoute le principal fournisseur de gaz en France, dont l’État français détient près de 24%.
Fin juillet, Engie avait assuré avoir significativement réduit son « exposition financière et physique au gaz russe », qui ne représentait déjà plus qu’à peu près 4% de ses approvisionnements. « C’est complètement dans la marge de la flexibilité de nos portefeuilles, donc on n’est pas du tout inquiets », avait alors déclaré sa directrice générale Catherine MacGregor.
Le groupe avait rappelé que des mesures avaient déjà été mises en place pour pouvoir fournir ses clients même en cas d’interruption des flux de Gazprom.
Jeudi dernier, les stocks de gaz de la France ont dépassé le seuil de 90% de remplissage pour l’hiver (91,47% mardi matin), selon la plateforme européenne Agregated Gas Storage Inventory (AGSI), et la France est en bonne route pour tenir son objectif de 100% d’ici à novembre.
Les 27 États membres de l’UE, dont les ministres des Affaires étrangères étaient rassemblés mardi et mercredi à Prague, ont par ailleurs convenu de suspendre intégralement l’accord de facilitation de la délivrance de visas qui existe entre l’UE et la Russie depuis 2007.
Avec agences