29 mars 2024
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Le scrutin a été largement boudé par les Algériens

Elections locales

Le scrutin a été largement boudé par les Algériens

Le président Bouteflika venu voter avec un de ses petits neveux. Photo AFP

Les Algériens ont largement boudé jeudi l’élection de leurs élus communaux et aux wilayas, affichant leur défiance d’un système politique figé, dans un contexte économique et social morose.

Mohamed, chômeur de 30 ans d’Alger, estime que voter « ne sert strictement à rien. Les choses ne changeront pas ». Kamel, le même âge, refuse lui de voter « dans un pays (…) où les vieux ne lâchent rien et s’accrochent au pouvoir ».

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La participation est le principal enjeu du scrutin. Seuls à disposer d’une assise nationale et à être représentés sur l’ensemble du territoire, le Front de libération nationale (FLN), au pouvoir depuis l’indépendance en 1962, et son allié du Rassemblement national démocratique (RND) sont assurés de l’emporter, selon les observateurs.

Aucun des principaux partis d’opposition n’a réussi à présenter des listes dans plus de la moitié des communes du pays, faute d’un maillage national, mais aussi, ont dénoncé ces formations, à cause d’obstacles bureaucratiques à la constitution et à l’enregistrement de leurs listes.

A 17H00, le taux de participation s’établissait à 34,46 % pour l’élection des assemblées populaires communales (APC, conseils municipaux) et à 33,26 % pour celle des assemblées populaires de wilaya (APW, assemblées de wilayas), a annoncé le ministre de l’Intérieur, Nourredine Bedoui, en hausse d’environ 6 points par rapport à 2012 à la même heure.

Lors du précédent scrutin local en 2012, 44,27 % des électeurs au total avaient voté pour les communales et 42,84 % pour les départementales.

Face à l’absence d’alternance, les Algériens se sont rendus peu aux urnes ces dernières années: à peine plus de la moitié des électeurs (51,7 %) se sont déplacés pour la présidentielle de 2014 et à plus d’un tiers pour les législatives de mai dernier (35,37 %), contre 42,9 % cinq ans auparavant.

La campagne des locales a suscité peu d’enthousiasme dans ce pays jeune, dont près de 45 % de la population a moins de 25 ans, mais où 30 % de ces jeunes sont au chômage et où le système politique apparaît figé et immuable, impliquant les mêmes acteurs depuis des décennies.

L’Algérie souffre en outre économiquement de la chute, depuis 2014, des prix du pétrole, source de 95 % de ses devises, qui a notamment ralenti la croissance et fait grimper l’inflation et le chômage (12 % de la population active).

Au pouvoir depuis 1999, le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans et dont l’entourage évoque publiquement une candidature à un cinquième mandat en 2019, avait, la veille du scrutin, appelé les Algériens à « participer massivement ».

Très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, le chef de l’Etat, dont les apparitions publiques sont rares, a voté en fin de matinée à Alger. En fauteuil roulant, il a placé lui-même ses bulletins dans l’urne et apposé son empreinte digitale sur la liste d’émargement, avant de repartir sans faire de déclaration.

Les derniers bureaux ont fermé à 20h00 (19h00 GMT) et le dépouillement a commencé. Les résultats officiels sont attendus vendredi après-midi.

Quelque 22 millions d’électeurs étaient appelés à choisir parmi une cinquantaine de partis politiques, quatre alliances et de nombreuses listes indépendantes, qui s’affrontaient pour les sièges des 1.541 conseils municipaux et des 48 conseils départementaux.

Pour le sociologue Nacer Djabi, « ce n’est pas à travers ce type d’élections (locales) qu’il y a un changement » politique à attendre.

Alors que les électeurs sont traditionnellement plus enclins à prendre part aux scrutins locaux, « les questions relatives au développement local, au rôle des collectivités locales, n’ont été abordées que superficiellement », a indiqué à l’AFP Belkacem Benzenine, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran.

La campagne s’est surtout concentrée autour de considérations comme « la situation économique difficile ou encore la présidentielle » de 2019, avec la candidature attendue d’Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat, a-t-il constaté.

« Voter ? Pourquoi faire ? », s’est interrogé Saïd, infographiste au chômage de 25 ans, rencontré par l’AFP dans le quartier populaire d’El Madania à Alger. « J’ai eu mon diplôme il y a quatre ans et je vis toujours aux crochets de ma mère femme de ménage ».

« Je suis femme au foyer. Personne ne s’intéresse aux femmes au foyer alors pourquoi voter ? », a de son côté expliqué Fatima, 57 ans.

Mohamed Lamari, 77 ans, a tenu, lui, à déposer son bulletin dans l’urne à Alger. « C’est important. J’ai toujours voté », a-t-il indiqué à l’AFP.

Fatma Zohra, 40 ans, a également voté, accompagnée de son fils de 12 ans, pour « lui inculquer que le vote est un devoir ».

« Les choses ne peuvent changer que par le vote, le reste on a déjà donné », a-t-elle fait valoir, en référence à la décennie de guerre civile qui a fait 200.000 morts entre 1992-2002.

 

Auteur
AFP

 




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