4 juillet 2024
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Lendemain douloureux d’un forfait

TRIBUNE

Lendemain douloureux d’un forfait

Ce vendredi 13 décembre, le 12 est derrière nous, le viol est passé, comme nos enfances meurtries, comme nos 57 ans de dictature, de spoliation de nos triomphes, de déchéance.

Dix mois d’espoir en gestation, de psychédélismes sans limites, durant lesquels nous nous surprenions, à maintes fois, à faire et défaire le monde, à revoir nos calculs, nos lectures mais jamais à nous remettre en cause.

Et pour cause : ce qui nous arrivait était inéspéré et cela, à lui seul, lui conférait une forme d’aura divine, une baraka dirions-nous. Un peuple en ruine, une nation en fragment, parviennent à se dresser unanimement, à se hisser massivement, pour contrecarrer les argousins du temple de la honte, leurs dire en face : remballez votre médiocrité, débarrassez le plancher, laissez-nous bâtir le géant qui sommeille en chacun de nous, s’exprimer le génie qui suffoque dans nos entrailles et montrer au monde que nous autres, algériens de souche, enfants élevés à la dure sur ces terre gorgée de sang et de larme, notre potentiel à jouer dans la cour des grands.

Vendredi 13, nous nous émergeons de nos ivresses, avec cette gueule de bois de pochtrons au lendemain de cuites, pour nous projeter dans un avenir insipide et un quotidien pale comme le furent nos vies, exceptés ces dix mois d’euphorie et de communion collective.

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Nous n’aurons pas à faire le bilan. Nous avons prouvé au monde que nous n’étions pas morts, mais seulement enterrés vivants, que par la grâce de notre humour, nous avons apeuré des dieux, que par la noblesse de nos idéaux, nous avons délogé des démons de leurs tanières.

Quant à nos propres profits, nous avons assurément perdu des frères et des sœurs aussi, sinon plus, téméraires que nous, mais nous avons eu à vérifier nos amitiés de par le monde. Et nous nous sommes aperçus que ce que nous considérions être nos terres, notre héritage légitime, n’étaient en définitives qu’un condominium livré au rapaces, une géante portion de fromage savamment distribuée aux puissants moyennant une indéfectible omerta.

Un peuple aussi puissant, aussi mobilisé comme l’était le nôtre, ne saurait triompher sur des monstres voraces. Tachons toutefois à compter les félicitations adressées à nos bourreaux pour l’immense effort qu’ils ont consenti pour veiller à préserver l’inaliénable droit de cuissage des démocraties occidentales, des micro-monarchies sans charisme et autres charognards sur nos frêles âmes.

 

Auteur
Farid Chourri, universitaire et ancien journaliste

 




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