2 mai 2024
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Les Algériens et Facebook : des citations, encore des citations… !

Image par Kati de Pixabay

C’est un flot, un déluge, un océan de citations qui se déversent sur Facebook lorsque vous jetez un regard sur les publications des Algériens. Il ne s’agit pas d’une étude sociologique académique, je n’en ai ni la compétence ni les outils, mais le regard d’une personne qui est persuadé du caractère psychanalytique et obsessionnel de ce phénomène. Il existe bien une raison objective mais laquelle ?

J’invite le lecteur à recenser par le défilement le nombre de citations postées par les Algériens.  C’est invraisemblable. Les Algériens seraient-ils les champions du monde des citations ?

Il y en a même qui en font une marque de leurs écrits en postant plusieurs par jour. Stupéfiant que ce besoin de poster des citations. J’ai alors mené une croisade, à mon modeste niveau d’influence, presqu’inexistant, pour leur dire que cela était usant, fatiguant et sans intérêt. Pourquoi ?

Le moment de l’éducation à la citation se situe à la fin du collège et commence véritablement au lycée. Une bonne copie se doit d’en avoir. Oui mais voilà, une copie qui introduit une citation doit le faire en mettant en lien cette citation avec le sujet en question et la réflexion personnelle.

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Le professeur met toujours en garde l’élève que ce qu’on lui demande est justement que la citation soit cohérente avec son commentaire et sa réflexion personnels. Une copie serait désastreuse si l’élève en rédige une tonne, juste pour essayer de prouver qu’il a une éducation littéraire, historique ou dans tout autre domaine.

C’est en général le meilleur moyen pour cet élève de prouver au professeur qu’il est incapable de mener une réflexion par soi-même sans recourir à la grossière « béquille » que constitue l’avalanche de citations pour seul objectif de citer de grands auteurs ou hommes célèbres.

Essayons d’en trouver certaines raisons qui n’ont pour objectif qu’un « coup de colère » sans méchanceté. Mais aussi avec fermeté afin de conseiller ces Algériens à arrêter ce qui empêche par ailleurs d’exprimer leur réflexion et leur talent qui se dissimulent derrière le subterfuge des citations « nues », celles déposées sans qu’on sache ce qui motive l’auteur du post.

Dissimuler son incapacité ?

Qu’elles soient reconnues ou célèbres, les citations sont en général un très bon condensé d’une idée, d’une morale ou d’une opinion.

Le lecteur non averti conclut en général toujours à la certitude de la grande instruction de celui qui poste la citation comme en témoignent les très nombreuses réactions. Et c’est inévitablement cette suspicion qui nous vient  à l’esprit, celle de conclure en la falsification du niveau intellectuel en se servant de celui de l’auteur.

Attention, beaucoup d’intervenants sur Facebook ont de très grandes capacités intellectuelles et peuvent poster juste une citation sans accompagnement. On peut très facilement les reconnaître en lisant quelques autres publications pour se rendre compte qu’il n’y a pas une mystification. La personne les publie par un souci de partager une belle citation, profonde dans son sens. Ces personnes les utilisent toujours pour les intégrer dans une réflexion générale contenue dans leur fil d’actualité.

Certains se reconnaissent à travers mes critiques sur les citations et parfois me répondent. Le dernier me dit « Il est une bonne chose de lire des livres de citations, car les citations lorsqu’elles sont gravées dans la mémoire vous donnent de bonnes pensées. WINSTON CHURCHILL ».

Les majuscules sont probablement un double message, la citation est d’un grand personnage qui la légitimerait et aussi pour bien me faire comprendre qu’il n’oublie pas de citer l’auteur.

J’ai répondu à cette personne, très instruite au vu de ses publications, que Churchill fait un lien entre les citations, par sa vie, son engagement militaire puis politique et par ses nombreux écrits. Il est même l’auteur de la plus célèbre citation qui définit la démocratie.

Nous parlons de ceux qui en font une profession d’édition. Les publications s’enchainent à un rythme effréné et cela finit par être risible et malhonnête intellectuellement.

Il est évident que des citations, on peut en trouver par centaines sur Internet et dans des livres qui en proposent un recueil. Mais le pire est la citation sans nom de l’auteur. Là nous sommes dans le plagiat le plus total car elle fait croire en la très grande capacité intellectuelle de celui qui poste.

Répétons-le, ces citations sont enrichissantes mais doivent être en relation avec un commentaire, une réflexion qui les met dans un contexte de pensée, d’actualité ou de ressenti de l’internaute qui les publie. Or, ce n’est pas le cas pour les très nombreux « accros » de la citation.

Ces professionnels de la citation en sont maintenant à publier une photo, une simple photo, sans lien avec une réflexion. Mais le génie de la falsification est de publier une photo avec un commentaire qui, devinez, est une citation. Et le pire, la photo n’a aucun rapport avec la citation.

Dans ce bijou de falsification, le lecteur pense alors que c’est une réflexion personnelle car les citations sont, par leur brièveté du fait de l’absence d’un commentaire, enrobées d’un fond en couleur.

Pourquoi voulez-vous qu’ils arrêtent, les « like » sont pléthoriques, à bon compte, sans se fatiguer à rédiger une pensée personnelle.

Les très nombreux bouquins de citations leur permettent de jouer à ce jeu pour au moins deux siècles, car elles existent depuis les grands auteurs de l’Antiquité.

Justement ceux que nos professeurs de collège ou de lycée nous interdisaient de reproduire sans qu’il y ait une raison de le faire dans un sujet. Seulement avec Socrate et Platon, il y a de quoi faire.

Les traces d’une crainte incrustée

C’est une raison qui explique aussi le phénomène. La citation permet à bon compte de publier quelque chose qu’on voudrait être « neutre » politiquement. La réflexion dans ce pays est toujours le risque d’un dérapage, en plus d’être un paravent intellectuel comme nous l’avons argumenté dans le paragraphe précédent.

Nous savons qu’il est très difficile de poster des idées personnelles sans risque. Et, inévitablement, les banalités d’opposition et sans conséquence pour les censeurs s’épuisent rapidement, on ne sait plus quoi dire sinon les répéter sans cesse.

Les citations sont donc un moyen de ne pas tomber dans le risque, elles n’effraient personne qui porte un regard inquisiteur et dont le métier est de passer son temps à surveiller les publications.

Pour conclure, voici une citation mais elle a la légitimité de s’inscrire dans le développement que je viens de rédiger.

« Mieux vaut cacher son ignorance qu’en faire parade », Héraclite.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité

1 COMMENTAIRE

  1. Monsieur, vous n’avez, comme vous l’êtes assez-souvent dans vos interventions, ici sur « lematindalgerie.com » rien compris au sujet que vous vous proposer de discuter.
    L’idée de Zuckerberg dans « Facebook » Monsieur, comme chaque produit commercial, est de porter la publicité aussi loin que possible, la sienne ou celles des autres, moyennant une rémunération. « Facebook » donne, une fois son compte créé, à chaque abonné, l’impression d’être, comme par un coup de baguette magique, ce qu’il n’a jamais pu être par la voie classique, l‘école en l’occurence et ses nombreux outils de contrôle tout au long de son déroulement (des examens, des contrôles, des notes, bulletins, conseils de classes, etc.): quelqu’un. Enfin quelqu’un, une personnalité. Par sa simplicité de gestion « Facebook » offre la possibilité à son utilisateur d’exister. Il peut même se voir, se lire, etc. à l’échelle planétaire. C’est en premier lieu ce qui intéresse Zuckerberg. Ce qui est écrit, comment il est écrit, … est équivalent à zéro.

    Rappel rapide: Le 4 février 2004, le service Web « www.thefacebook.com » a été ouvert aux étudiants de l’Université Harvard à Cambridge, Massachusetts. Facebook allait permettre aux étudiants de Harvard de créer des profils avec des informations personnelles et de rester en contact les uns avec les autres, si affinités… mis à part cette parenthèse, Je fais l’impasse sur la genèse de « Facebook ».

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