Suite à la condamnation du fils de l’ancien chef de gouvernement algérien, Ali Benflis, quoi de plus évident que reprendre une litanie qui nous est servie comme les épisodes du téléfilm « Gloire, amour et beauté » dont la diffusion est éternelle.
La particularité des téléfilms algériens est qu’ils débutent toujours par la fin de l’histoire. Si ceux de Colombo en font de même, c’est par un effet voulu pour que le téléspectateur reste en haleine pour comprendre ce qu’il s’est passé.
Mais en Algérie, cette inversion des faits est due à une autre raison. C’est celle du silence absolu, par terreur ou par crainte de se dévoiler. Ce n’est que lorsqu’un loup montre sa fragilité, parce que sa terreur a perdu de son effet, que la meute se précipite sur lui. C’est l’épilogue qui est porté à la connaissance du public, la phase judiciaire
Qui a dit cette phrase célèbre « Les loups ne se mangent pas entre eux » ne connaissait pas l’existence de l’une des variantes de l’espèce qu’on appelle les dirigeants du régime militaire algérien. Commençons par le scénario du jour, celui du fils de Ali Benflis.
La liste des chefs d’accusation est longue, je la reprends d’un résumé publié hier dans Le Matin d’Algérie. Si le lecteur sent qu’il est épuisé pour lire la longue liste, il peut éviter la lecture entière tant il connaît par cœur le dictionnaire des mots de la justice politique en Algérie. Dans cette affaire, les voici en liste à la Prévert..
« Les accusations portées contre le fils de l’ancien chef de gouvernement étaient particulièrement graves. Elles incluaient des chefs d’inculpation pour crime de trahison, établissement de contacts avec des agents de renseignement d’un État étranger susceptibles de nuire à la position militaire ou diplomatique algérienne ou à ses intérêts économiques fondamentaux.
S’y ajoutaient des charges de blanchiment d’argent issu de revenus criminels, de financement d’actes terroristes, de promesse d’avantages indus à un fonctionnaire en échange de l’accomplissement de ses devoirs professionnels, et de financement occulte d’un parti politique. »
Pour l’histoire de ces plats réchauffés, passons en revue quelques exemples de la ruée des loups sur une victime qui ne peut plus les mordre.
Abdelmalik Sellal, ancien Premier ministre, condamné à 12 ans de prison pour corruption.
Noureddine Bedoui, dernier ministre de Bouteflika, condamné à 12 ans de prison pour corruption. Il n’avait pas quitté le navire alors qu’il était évident que le protecteur allait mettre un genou à terre. Je l’aurais condamné à la perpétuité pour cause grave d’imbécilité.
Saïd Bouteflika, frère et dauphin du roi. Le job d’apprenti dictateur est dangereux lorsque le maître de stage est fragilisé.
Et ainsi de suite…
Passons maintenant aux plus féroces. C’est du lourd.
Ahmed Ben Bella : renversé par un coup d’Etat. Les leaders d’une meute sont perpétuellement menacés par les loups qui veulent être leader à sa place. C’est dans l’ordre des choses dans ce monde sauvage.
Houari Boumédiene : fauché par la mort à 46 ans. Même les grands prédateurs ne peuvent défier plus fort qu’eux, la maladie.
Chadli Bendjedid : ll a été chassé du système. Ce genre de menaces ne peuvent être prises à la légère par les loups affaiblis.
Mohamed Boudiaf : invité par le clan au grand festin, il n’avait pas compris qu’elle était menacée par une autre.
Liamine Zéroual : le plus malin de tous car il a préféré préserver sa vie. Ils voyaient bien que les crocs de la meute commençaient à s’aiguiser.
Abdelaziz Bouteflika : le vieux lion a voulu présomptueusement garder sa couronne sur une crinière dégarnie et des crocs devenus aussi inoffensifs que ceux d’un vieux chat.
Et nous éviterons de citer les petits louveteaux, ceux du quotidien des tribunaux. Des hommes d’affaires par-ci, des femmes de hautes fonctions et des petits fonctionnaires qui ont mis leurs mains dans la caisse sans en demander la permission aux chefs du système.
C’est du menu fretin qui est responsable de l’engorgement des tribunaux algériens. Ils encombrent mais ne font même pas frémir un poil de la moustache des chefs de la meute.
Moi, je veux maintenant un retour des grands prédateurs dans les tribunaux. Je veux des Landru, des Jack l’Éventreur, des Néron et des Staline.
Bon, je me contenterai du procès du terrifiant Tebboune mais franchement, un individu de ce gabarit qui veut être dans l’histoire, c’est léger.
Le sort du fils de Benflis ? C’est qui ?
Boumediene Sid Lakhdar

