Samedi 17 février 2018
Les Benyahia : avec armes et bagages pour la guerre dans les Aurès
Le moudjahid Benyahia Salah, Ben Brahim Ben Rabaia, naquit le 3 juin 1924, au douar d’Ouled Chlih dans la commune de Chaâba, pas loin de la ville de Batna au sein d’une famille pauvre, composée de six frères moudjahidines. Deux autres cousins sont aussi des moudjahidine dont un chahid.
Bien avant le déclenchement de la guerre, la plupart des Algériens notamment ceux de cette région étaient obligé de quitter le pays pour se rendre en France à la recherche d’un emploi. Durant ces années de braises et de faim, les pères de famille ne supportaient plus de voir leurs enfants menacés par la famine et les maladies. Alors il ne leur restait que l’exil. Salah Benyahia, l’aîné, ne supportant plus la situation de sa famille, décide à son tour de se rendre en France.
C’est en exil qu’il rencontre un groupe d’Algériens, à leur tête Abidi Mohamed Tahar dit Hadj Lakhdar. Ils se réunissaient de temps à autre afin de parler de la situation du pays, de la politique ainsi que des moyens de combattre le colonialisme. Avant de partir en France, Hadj Lakhdar, lui aussi né à Chaâbat Ouled Chlih, travaillait dans le commerce de bois, la ressource principale de la région de Batna. Il milita peu après dans la mouvance nationaliste et adhéra au MTLD.
Après quatre années passées en France, Hadj Lakhdar revient au pays dans la seule intention de créer une cellule clandestine. On était encore loin de 1954. Il fera partie de ceux qui mèneront les premières actions contre l’armée française dans les Aurès que dirigeaient Mustapha U Boulaid, après novembre 1954. Il sera par la suite désigné à la tête de la wilaya des Aurès. Cette promotion couronnait l’itinéraire remarquable d’un militant non moins remarquable des premiers temps.
Il était commandant et dirigeait la zone 1 quand il s’est rendu chez Brahim Benyahia, père de Salah. Ce dernier fit son entrée dans une solide katiba. Salah Benyahia rejoindra un groupe dirigé par le capitaine Demane Debihe Abdallah. Celui-ci était secrétaire général des travailleurs à Ain M’lila (région de Constantine).
Salah Benyahia rejoint par la suite la katiba dite Meriche, installée à Ain Touta et que commandait le lieutenant Hadjar Mohamed. La katiba Meriche était l’une des quatre de la région 1 que dirigeait le lieutenant Hadjar. Très rapidement, Salah Benyahia se distingue par son courage et ses convictions nationalistes. Pendant que ses enfants étaient au maquis, Brahim Benyahia subissait des atrocités par les occupants, il vivait le calvaire et le supplice de la part de l’armée française.
Salah Benyahia fera partie d’une patrouille formée de 19 éléments tous grades confondus. Sa mission ? Rejoindre la Kabylie pour mener des opérations au côté du colonel Amirouche. Cette mission a duré plus de six mois. La même patrouille sera chargée ensuite de partir en Tunisie pour ramener des armes.
C’est pendant cette mission que Salah Benyahia retrouve Hadj Lakhdar dans un camp à Ghar Edima, région située en Tunisie. C’est un camp d’entrainement tenu par l’ALN et destiné à la formation des djounoud à la lutte et à la stratégie de guerre.
Ce même camp avait souvent la visite de nombreux officiers, tels que le colonel Boumediene, l’ex-président Liamine Zeroual, Hadj Lakhdar. A l’indépendance, Salah Benyahia a été appelé à rejoindre le corps de la gendarmerie nationale en tant que sergent chef, jusqu’à sa retraite en 1971. Il s’est éteint le 21 avril 2013 à l’âge de 98 ans, laissant une femme et sept enfants dont trois filles..