Près de 30.000 Palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre il y a environ cinq mois entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, bombardée sans cesse par l’armée israélienne et menacée de famine, a indiqué jeudi le mouvement Hamas.
Les principaux médiateurs dans la guerre, les Etats-Unis et le Qatar, ont dit espérer obtenir une trêve permettant la libération d’otages détenus à Gaza avant le début du ramadan, le mois de jeûne sacré musulman qui commence autour du 11 mars.
Ce conflit, qui a transformé le territoire palestinien en « zone de mort » selon l’ONU, est déjà, et de très loin, le plus meurtrier des cinq conflits ayant opposé Israël au Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
Au quotidien, les civils sont pris dans les combats et les bombardements, qui n’ont épargné aucune zone, dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de Palestiniens sur les 2,4 millions d’habitants à fuir leurs foyers.
Les bombardements israéliens ont coûté la vie à au moins 76 personnes ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Avant l’aube, des bombardements ont visé des secteurs du nord de Gaza, accompagnés de combats au sol, ainsi que Khan Younès et Rafah dans le sud, selon un journaliste de l’AFP dans le territoire exigu. Les combats se concentrent à Khan Younès, à 3 km au nord de Rafah. Aucune infrastructure n’est épargnée par les bombardements israéliens.
«Aucune nourriture ici»
Depuis le début de la guerre le 7 octobre, 29.954 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, selon un dernier bilan fourni mercredi par le ministère de la Santé du Hamas.
Ce jour-là des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, qui a causé la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens lors d’une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas qu’il considère, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, comme une organisation terroriste.
Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air contre la bande de Gaza, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire en progressant vers le sud, durant laquelle elle a perdu 242 soldats.
Dans le territoire assiégé depuis le 9 octobre par Israël, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine selon l’ONU, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide soumise au feu vert d’Israël.
Aucun convoi n’a pu se rendre dans le nord de Gaza depuis le 23 janvier, selon l’ONU, qui dénonce aussi les entraves imposées par Israël.
« Il n’y a aucune nourriture ici », a affirmé à l’AFP Marwan Awadieh, un habitant de cette région. « Nous ne savons pas comment nous allons survivre. »
«Aucune échappatoire»
« Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza », a averti Carl Skau, le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM).
« Si rien n’est fait, nous craignons qu’une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable », a renchéri Ramesh Rajasingham, le directeur de la coordination du Bureau des affaires humanitaire de l’ONU (Ocha).
La communauté internationale s’inquiète en particulier d’une prochaine offensive terrestre israélienne sur Rafah, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l’ONU, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée de l’Egypte.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir y vaincre le Hamas dans son « dernier bastion ». Il a affirmé qu’une trêve ne ferait que « retarder » une telle offensive tout en assurant que les civils seraient évacués hors des zones de combat.
Le chef du Norwegian Refugee Council, Jan Egeland, interviewé dans cette ville par CNN, a dit mardi n’avoir « jamais vu un endroit aussi bombardé pendant aussi longtemps, avec une population autant piégée sans aucune échappatoire ».
Rafah est l’unique point d’entrée de l’aide à Gaza, qui arrive en quantité très limitée depuis l’Egypte.
«Pas encore fait»
Face à cette guerre dévastatrice, le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte tentent d’arracher un accord de trêve portant sur une pause des combats de six semaines, durant laquelle un otage, parmi des femmes, mineurs et personnes âgées malades, serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source du Hamas.
Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué « un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan » afin de « faire sortir tous les otages ». « J’ai espoir que d’ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu », a-t-il dit, tout en soulignant que ce n’était « pas encore fait ».
Avec AFP