19 avril 2024
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Les chemins de sagesse de Yasmina Khadra

Les Vertueux

 Il y a dans « Les Vertueux », le nouveau roman de Yasmina Khadra (qui sort le 24 août prochain en France) un bel et émouvant hommage à Kenadsa ; c’est ici que Salim Chéraga et sa femme Mariem viennent terminer leur vie, paisiblement, en accord avec la nature et les êtres humains.

Mais il a fallu bien des déboires, des souffrances multiples pour qu’enfin Salim, trouve la paix de l’âme. Il ne connaît encore rien du monde lorsque Gaïd Brahim l’envoie, sous la contrainte, faire la guerre en France sous le nom de son fils Hamza.

Salim rejoint les Turcos, ces vaillants guerriers venus d’Afrique du Nord. Sur le front, ils vont s’illustrer par leur bravoure. Mais cette Première Guerre mondiale fera aussi de nombreuses victimes parmi eux.

En fin connaisseur de la chose militaire, Yasmina Khadra décrit les péripéties et les aventures de ces guerriers avec une précision de chirurgien. Les combats font rage, les soldats et leurs supérieurs sont souvent perdus, d’un côté comme de l’autre.

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La guerre est toujours une erreur mais l’Homme ne sait pas s’arrêter de faire la guerre. Sid Tami, un soldat venu de la ville de Sidi Bel Abbes, contrairement à Salim qui arrive d’un lieu-dit inconnu, devient l’ami de Salim ; c’est une amitié qui durera toute leur vie.

« Eyyaw ar dagi ay arraw lahram, ur ugad agh ara ! », s’écrie le soldat Dahmane, un Kabyle qui ne parle ni l’arabe ni le français, face aux Allemands. En plus de cette réplique en kabyle, Yasmina Khadra met dans son roman, à plusieurs reprises, des mots d’arabe.

Zorg sait se battre mais il a du mal à supporter la mort de son cousin, sur le front, dont le corps n’est même pas retrouvé. Zorg ne supporte pas la ségrégation dont sont, parfois, victimes les Turcos.

La guerre terminée, Salim découvre les méfaits de Gaïd Brahim qui a obligé sa famille à quitter son taudis et qui a tenté de l’assassiner. Commence alors une terrible traversée du désert pour ce caporal de l’armée qui avait fait tant de rêves.

Sid Tami lui présente à Oran la bande de Wari qui tente de l’aider à retrouver son père, sa mère, son frère Hassan et ses deux sœurs. Salim passe ses nuits dans le hammam de Da Achour, un Kabyle correct mais radin. Wari que Sid Tami avait aidé, des années auparavant, est l’un des plus imposants vertueux de cette fiction ; un homme qui ne fait qu’aider les autres, un homme qui a, pourtant, vécu bien des difficultés. Une éclaircie vient illuminer la vie de Salim : il tient le magasin de Lalla Halima, il passe ses nuits dans l’arrière-magasin.

Belle femme, veuve, Lalla Halima succombe au charme de Salim. Mais leur idylle ne dure pas. Salim est obligé de fuir à Mecheria où il est également contraint de continuer ses errances. Après une bagarre, Salim est capturé par des hommes armés qui le ramènent à leur chef. Surprise, le chef de tous ces révoltés contre l’ordre colonial n’est autre que Zorg, son ancien camarade de l’armée.

Avec sa cousine Abla et de nombreux combattants, Zorg ambitionne de libérer le pays. Mais la tâche semble impossible. Salim s’intègre pendant un moment à cette armée de révoltés. Zorg le marie, sans même lui avoir dit un mot, à Kenadsa, avec Mariem, une jeune fille berbère du Maroc. Dès le premier regard partagé avec sa femme, Salim sait qu’il aimera Mariem toute sa vie.

Après la capture de Zorg par les cavaliers de Gaïd Brahim, Salim revient à Sid Bel Abbes, avec sa femme ; il retrouve son ami Sid Tami qui l’aide à s’occuper d’un commerce. Salim et Mariem ont un enfant qui n’aura pas la chance de profiter de la présence de son père : Salim est arrêté et envoyé au bagne pour vingt ans. Il y passera douze ans, avant que ses anciens amis militaires ne l’aident à en sortir. Grâce à Dahmane qui parle, maintenant l’arabe avec un accent, qui le repère au bagne et qui donne l’information à l’ancien adjudant-chef, Gildas. Et c’est par hasard, comme lui avait dit, des années auparavant, une voyante, que Salim retrouve son père et sa famille.

Et son grand bonheur sera finalement au rendez-vous lorsque son ami viendra lui présenter son fils et le conduire vers sa femme Mariem que Sid Tami avait installés à Tenès depuis son entrée au bagne. C’est à ce moment-là que Salim comprend qu’il a atteint la septième marche de l’arc-en-ciel dont parle le Manuscrit des anciens, le pardon.

« Depuis que j’ai décidé de pardonner, je ne frémis qu’aux choses qui apaisent le cœur et l’esprit. » se dit-il. Le pardon continue une belle et profonde liste : l’amour, la compassion, le partage, la gratitude, la patience et le courage. C’est une magnifique liste qui dessine les chemins de la sagesse.

Youcef Zirem

Les Vertueux de Yasmina Khadra, éditions Mialet-Barrault, 541 pages.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Critique de la critique critique , j’aurais dit si cela ne l’avait pas été fait par de plus illustres que moua. Mais comme c’est du kahf que je cause je dirais : Ayavava , c’est la valse des fetwas , ya Boureb ! Putain ! Rouh thoura enta Ya Mes3oud tu vas zozer un son de cloche différent nagh un petit couac dans cette sublime euphonie. Dija qu’YK ne comptait que des sohabas au Matin-Dized pour qu’il n’ait nul besoin d’y ajouter des témoins de moralité de la facture de Mas Zirem , comme si le titre du roman était douteux, ou que l’affaire n’était pas facile à défendre.

    Après celui qui nous a, sommés de lire bessif Y.K avant de le critiquer non seulement le Matin-Dized a sorti la grosse artillerie pour nous présenter le dernier roman de Y.K mais il me semble qu’elle a verrouillé l’article pour qu’on n’aille pas lui faire de l’ombre. Ou est-ce parce que Mas Zirem en a assez fait pour nous en dégoûter pour que je n’aille pas me forcer à vous spliker pourquoi je n’aime pas lire Y.K.

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